Pesticides, dérogations et enquête publique...

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Une enquête publique, oui mais chut ! Les habitants du Cher sont-ils nombreux à  éplucher les annonces de la presse locale ou celles du site internet de la Préfecture du Cher ? Ceux qui le font ont appris par ces avis éparpillés l'ouverture d'une consultation publique pour des demandes de dérogation à l'interdiction d'épandages de produits phytosanitaires pesticides par voie aérienne. Évidemment la méthode et le jargon employé essayent de dissimuler une demande pour répandre les poisons que sont les pesticides, comme ça, c'est plus discret. 

Cette demande a été déposée par trois entreprises. La première est Vitagri, entreprise spécialisée dans les matériels et produits pour l'agriculture (de Crézancy en Sancerre). Une autre est Trans-héli (de Saint Aignan le Jaillard dans le Loiret). La troisième est Giragri 17 (de Thenac  en Charente maritime). 

On comprend mal les raisons de la Préfecture du Cher qui laisse se dérouler cette course effrénée aux pesticides en annonçant en catimini l'enquête publique que la loi impose. En effet, ces trois entreprises ne cherchent qu'à vendre leurs prestations et semblent se moquer des conséquences sanitaires et environnementales. Quelles sont leurs compétences dans le domaine biologique et sanitaire ? Pourquoi veulent-elles décider à l’avance les traitements à appliquer sans en vérifier la nécessité ! La pyrale infestera-t-elle les cultures cette année ? Si c'est le cas, quelle sera l'ampleur du phénomène ? Le traitement par pesticides sera-t-il vraiment nécessaire ? Pourquoi ne pas lui préférer le traitement au moyen du trichogramme, méthode biologique pour lutter contre la pyrale du maïs et autres insectes qui attaquent les cultures ? Les biologistes et les agronomes ont-ils été consultés par la Préfecture ?....

> La demande de dérogation annuelle pour l’épandage de produits phytosanitaires pesticides par voie aérienne par les sociétés Vitagri, Giragri, et Trans-Héli était examinée à huis-clos lors d'une réunion du Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (CODERST) le 30 mai dernier à la Préfecture du Cher. D'après des sources aussi agricoles qu'officieuses (et sous réserve d'une confirmation, pour employer la formule consacrée), on dirait bien que les choses se sont mal passées ce jour là. 

Il semble que les représentants de la Chambre d'agriculture du Cher, de la Fédération du Cher pour la pêche et la protection du milieu aquatique, de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques, de l'association Nature 18 et un vétérinaire, ont exprimé des avis très critiques, des doutes sérieux et des refus concernant la demande de dérogation. 

Est-il vrai que Pierre Lainé (Secrétaire-adjoint de la Chambre d'Agriculture du Cher) s’est étonné que l’on puisse encore autoriser des traitements chimiques sur les maïs, (qu'il a qualifiés de pratique d’un autre temps nocive pour la santé publique et l’environnement), alors que de nombreux maïsiculteurs pratiquent l’usage du trichogramme pour lutter contre la pyrale ?

Est-il vrai que Jean-René Dennetière, représentant l’Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques (ONEMA) a fait part de l’opposition de son service concernent des cultures toutes proches des rivières ?

Est-il vrai que Michel Renoux (vétérinaire), a déclaré qu’aucune maîtrise de l’épandage au dessus des cultures n’est possible à cause de la dispersion du produit dans l'air ?

Est-il vrai que Jean-Pierre Thyrion (représentant l'association Nature 18), a alerté contre  la dispersion systématique des pesticides dans l’environnement, augmentée par le flux provoqué par les pales des hélicoptères ?

Est-il vrai que Gérard Barachet (Fédération du Cher pour la pêche et la protection du milieu aquatique), a rappelé le cas d'une personne contaminée par un épandage aérien et les décès intervenus dans une maison de retraite de Saint Florent, après les épandages aériens de 1975 ?

Pourquoi, alors que la question des boues du Siaap d'Achères avait fait l'objet d'un vote du Coderst le 5 décembre 2008, le Secrétaire général de la Préfecture a-t-il refusé le vote à propos des épandages aériens de pesticides à la fin de la réunion du 30 mai ? Quel règlement l'y autorise ?

Pourquoi les réunions du Coderst où figurent des représentants de l'Administration et des représentants de la société civile pour donner un avis sur des sujets concernant les citoyens sont elles déclarées confidentielles par la Préfecture, alors qu'elles sont d'intérêt public  ?

Chut !

> Vous lirez par ailleurs le communiqué commun de l'association de veille environnementale du Cher et Nature 18 qui s'opposent au projet d'épandages aériens  et appellent à manifester samedi 23 juin à Bourges, ainsi que les articles précédents sur l'opinion de nature 18 , la déclaration de l'Avec, et la lettre de la même association aux maires du Cher, déjà parus dans gilblog.


> Vitagri, entreprise spécialisée dans les matériels et produits pour l'agriculture, à Crézancy en Sancerre, dans le Cher.

Trans-héli : "Activités de soutien aux cultures" siège à Saint Aignan le Jaillard dans le Loiret.

Giragri 17 : Travaux aériens par hélicoptère et épandages agricoles, en Charente maritime à  Thenac 17460. Site web  http://giragri.free.fr/

> Lire sur le web "Le coup de gueule de la députée européenne Catherine Grèze"  http://www.toulouse7.com/2012/06/14/epandage-aerien-le-coup-de-gueule-de-la-deputee-europeenne-catherine-greze/