Nouvelles de Fukushima (14).

Fukushima. Tepco une nouvelle fois jugé responsable de la catastrophe, patauge dans les ruines de la centrale.

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En 2011 autour de Fukushima, au total, plus de 450.000 habitants ont fui ou ont été évacuées après la triple catastrophe (séisme, tsunami explosions dans la centrale nucléaire), sans oublier 18.500 personnes, mortes ou disparues. De nombreuses plaintes collectives pour demander réparation ont été déposées dans dix huit provinces du Japon, émanant en tout de 12.000 plaignants.

C’est ainsi que le 22 septembre 2017, la compagnie Tepco (Tokyo Electric Power, l’EdF japonais) a été jugée responsable de la catastrophe nucléaire de Fukushima et condamnée par le tribunal de Chiba.
Le juge Masaru Sakamoto, qui présidait la séance à la cour de Chiba (banlieue de Tokyo), a tranché en faveur des quarante deux plaignants et leur a attribué 376 millions de yens (2,8 millions d’euros) de dommages et intérêts. Les plaignants, qui avaient dû quitter leur domicile à cause de la catastrophe nucléaire et du tsunami, avaient intenté une action en justice contre Tepco et l'État, et réclamaient 2,8 milliards de yens de dommages et intérêts pour préjudice moral.

Ce n’est pas la première affaire de ce genre. En juin a débuté à Tokyo le procès de trois ex-dirigeants de Tepco renvoyés en justice pour leur responsabilité dans la catastrophe nucléaire. Tsunehisa Katsumata, président du conseil d'administration du groupe au moment du drame, et deux vice-présidents, Sakae Muto et Ichiro Takekuro, sont accusés de ne pas avoir pris les dispositions qui auraient permis d'éviter les dégâts causés aux installations par le tsunami ainsi que les avaries en chaîne qui ont suivi. Une étude interne à Tepco datant de 2008, révélée ultérieurement, évoquait l'hypothèse d'un tsunami d'environ 15,7 mètres, mais les dispositions face à cette menace n'avaient pas été prises. Lire dans gilblog Nouvelles de Fukushima No 13 du 1er août. Verdict en attente.

Mais la responsabilité de l'État dans la catastrophe de Fukushima n’a jusqu'à présent été reconnue qu’une seule fois. C’était en mars dernier, dans le verdict rendu par une autre cour de justice. Dans cette affaire, Tepco et l'État ont été condamnés à verser un montant total de 38,6 millions de yens (292.000 euros).

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> Pendant ce temps, Tepco patauge dans les décombres de la centrale et rencontre de nombreuses difficultés pour remettre les choses en ordre. C’est le tableau que décrit Mari Yamaguchi, pour l’agence Associated Press de Tokyo.

Le démantèlement de la centrale devrait être terminé dans un délai de trente à quarante ans. Mais Tepco annonce déjà un premier retard : le retrait des assemblages de combustible usé qui se trouve dans les piscines des réacteurs 1 et 2, est repoussé de deux ans à trois ans. Or, c'est "l'un des risques majeurs à la centrale sinistrée, en cas de nouveau séisme" car les piscines sont à ciel ouvert. Tepco prévoit de "commencer à retirer le combustible de la piscine du réacteur 3 au cours de l'année 2018". "Il sera stocké dans une piscine à l'extérieur des bâtiments,-puis, éventuellement, stocké à long terme dans des conteneurs, à sec". Mais que fera-t-on de ces déchets radioactifs ? Tepco n’a annoncé aucun plan pour le moment….

> Le combustible nucléaire fondu est de loin, la partie la plus difficile du démantèlement de Fukushima. Les coeurs de trois des six réacteurs de la centrale sont entrés en fusion après le séisme suite à l’arrêt des systèmes de refroidissement. Un grand nombre de débris et de morceaux de lave solidifiée jonchent le plancher des cuves, et du combustible en fusion a fui dans le sol.

La recherche de combustible nucléaire fondu dans les unités 1 et 2 a jusqu'à présent échoué. Malgré ces inconnues, le plan de route appelle à finaliser la méthode de retrait en 2019 et à commencer l'élimination des déchets dans un des réacteurs en 2021. L'Institut international de recherche financé par le gouvernement japonais pour le démantèlement nucléaire développe des robots et d'autres technologies pour effectuer ce travail.

> Tepco traite et stocke environ 800 000 tonnes d'eau radioactive servant au refroidissement des réacteurs détruits et le volume augmente chaque jour. L'eau de refroidissement évacuée s'infiltre dans les sous-sols et se mélange avec les eaux souterraines, ce qui augmente la quantité d'eau contaminée. En amont des réacteurs, Tepco pompe les eaux souterraines via des dizaines de puits, et a installé une “paroi de glace” en congelant le sol pour bloquer l'arrivée d'une partie de l’eau dans le sous sol.
L'eau est stockée dans des centaines de réservoirs qui couvrent une grande partie du site. Ce stockage présente un autre risque en cas de nouveau séisme ou de tsunami qui endommagerait les réservoirs et ferait échapper l’eau radioactive. 

Tepco dit que la libération contrôlée du stock d’eau radioactive dans l’océan est la seule option réaliste, mais la situation est bloquée en raison de l’opposition des pêcheurs et des résidents.

> Élimination des déchets radioactifs. Les japonais travaillent à un plan pour éliminer les déchets hautement radioactifs des réacteurs en ruines de la centrale, il devrait être annoncé en 2018. La gestion de ces déchets nécessitera de nouvelles technologies de compactage et de réduction de la toxicité.
Trouver un site de stockage pour les déchets de Fukushima semble pour le moment chose impossible, car le gouvernement n'a pas été en mesure d’en trouver un pour les déchets radioactifs “normaux” des autres centrales nucléaires. 

> Bref, on peut douter que le démantèlement et le nettoyage de l’usine nucléaire de Fukushima seront terminés dans les quarante ans annoncés. En espérant que la chance fasse que cette région du Japon soit épargnée par les séismes…


> Sources. Europe 1/AFP. Tepco jugé responsable de la catastrophe de Fukushima, pas l’État. >>> Lien. 
Multiple challenges remain to Fukushima nuclear cleanup. Associated Press. >>> Lien. 

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