Les “Bâillons d’or" récompensent trois rois de la censure !

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La cérémonie du “Baîllon d’or”, (organisée par le Syndicat National des Journalistes SNJ-CGT et le journal Fakir de François Ruffin) pour dénoncer les “procès baillon” et la loi “secret des affaires”, s’est tenue mardi 13 juin, à la veille du vote définitif par l’Assemblée nationale. Ce fut l’occasion d’une soirée ironique et des plus caustiques, à laquelle ont participé cinq cents personnes, disent les organisateurs. Étaient en compétition pour ce prix d’infâmie, les patrons de grandes multinationales, adeptes de l’évasion fiscale, accusés de bafouer le droit du travail et de s’attaquer à la liberté de l’information. 

Olivier Brandicourt de Sanofi, Lakshmi Mittal d’Arcelormittal, Vincent Bolloré …de Bolloré,  ont été tous les trois gratifiés du trophée de “champions de la censure“ par les lanceurs d’alerte, syndicalistes et journalistes présents.

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Non content d’être accusé de défaut d’information sur la Dépakine (malformations, retards intellectuels, autisme) auprès des patients et des médecins, la direction de Sanofi refuse de contribuer au fonds d'indemnisation des victimes. Au plan social, elle exige de l’encadrement qu’il détermine un quota de “mauvais salariés”, une consigne illégale. 

Accusé d’avoir déversé de l'acide dans la nature, Arcelormittal, est également mis en cause par un droit d'alerte émis dans huit établissements de la holding pour discriminations à l’encontre de travailleurs syndiqués.

De son côté, Vincent Bolloré est connu pour avoir lancé en une dizaine d’années une vingtaine de procédures en diffamation contre des médias, des journalistes et des associations pour les faire taire. Au vu de leur ampleur, des journalistes  estiment que ces poursuites judiciaires s’apparentent à des “poursuites-bâillons”.

En France, Areva poursuit un simple blogueur pour avoir relayé le texte d’une association antinucléaire. Après avoir publié un rapport “Menaces sur les forêts africaines”, Greenpeace est poursuivi par la Socfin filiale de Bolloré en Afrique de l’Ouest. Le journal web Basta ! a été l’objet de plusieurs plaintes pour diffamation du groupe Bolloré pour deux articles évoquant la contribution des multinationales françaises au phénomène de l’accaparement des terres en Afrique. Le groupe de BTP Vinci a lancé quatre procédures contre l’association Sherpa, qui avait saisi la justice pour faire la lumière sur les conditions de travail des ouvriers migrants sur les chantiers au Qatar. Veolia, a porté plainte pour diffamation contre les associations France Libertés et Coordination Eau Ile-de-France pour empêcher leurs actions en justice pour coupures d’eau illégales. EDF a déposé plainte contre Greenpeace, quelques jours après que l’association écologiste ait porté plainte contre elle auprès du parquet financier pour avoir présenté un “bilan trompeur” sous-estimant délibérément le coût du démantèlement des centrales et du retraitement des déchets nucléaires.
On observe aussi de plus en plus de poursuites d’entreprises visant des chercheurs, ce qui a fini par susciter l’émoi du monde de l’enseignement supérieur.

Cette guerre contre les journalistes d’enquête, les militants syndicaux et les lanceurs d’alerte ne ferait que s’intensifier si la loi sur le “secret des affaires” est adoptée par le parlement.

C’est pourquoi syndicats et sociétés de rédacteurs ou de personnels de journaux, lanceurs d’alerte et représentants d’associations sont contre ce projet de loi. Cette transposition du droit européen a été élaborée par les lobbies des multinationales et des banques d’affaires. Une enquête de l’ONG bruxelloise Corporate Europe Observatory montre comment un petit groupe de multinationales essentiellement françaises et états-uniennes (Alstom, Michelin, Solvay, Safran, Nestlé, DuPont, GE et Intel...) ont orchestré l’élaboration de la directive en relation étroite avec la Commission européenne et des cabinets d’avocats d’affaires internationaux

Par cette loi, le gouvernement, en prétendant “verrouiller l'information à la fois sur les pratiques et les produits commercialisés par les entreprises”, donne une définition des “secrets d’affaires" si vaste que n'importe quelle information interne à une entreprise peut désormais être classée dans cette catégorie, expliquent des journalistes. Avec une loi de ce genre, des scandales comme celui du médiator ou du bisphénol A, ou des affaires comme les Panama Papers ou LuxLeaks pourraient être cachées aux citoyens !.

Ainsi, la loi “permettra aux entreprises de soustraire l’essentiel de leurs informations du débat citoyen” en donnant aux entreprises “le pouvoir de poursuivre tous ceux qui oseront révéler des informations sensibles dans l’intérêt général”, déclare le collectif “Stop au secret des affaires”.

Cette nouvelle mesure s’inscrit dans un contexte particulièrement mauvais pour la liberté d’informer et le droit de savoir. Entre la réforme de l’audiovisuel public annoncée par la ministre de la Culture, et le projet de loi sur la “manipulation de l’information” qui prétend lutter contre les “fake news”, ce sont de nouveaux obstacles contre la liberté d’expression qui sont érigés dans le but d’empêcher le travail des journalistes d’enquête, des ONG, la protection des lanceurs d’alerte, des blogueurs, et le droit à l’information des citoyens.

> Photos des rois de la censure, lauréats des “baillons d’or”. De haut en bas : Olivier Brandicourt, Lakshmi Mittal, Vincent Bolloré.

> Lire dans gilblog.Loi sur le secret des affaires : un danger pour la liberté d’information. >>> Lien.  
Sources.  Bastamag. La loi instaurant un “secret des affaires” à l’Assemblée.
>>> Lien.  
Un danger pour nos libertés fondamentales - Tribune publiée dans Le Monde du mercredi 21 mars 2018.  
L'Humanité : un baillon d’or contre la loi “Secret des affaires”.
>>> Lien.

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