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En 2013, la courbe du chômage était sourde !

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Selon la définition administrative, un demandeur d'emploi chômeur est un individu qui n’a pas de travail et qui en cherche. En France, pour être considéré comme demandeur d'emploi chômeur il faut respecter les conditions suivantes : Ne pas avoir travaillé la semaine de l’enquête. Être immédiatement disponible. Rechercher activement un emploi. Être inscrit à Pôle Emploi. Les chiffres sont réunis sous le nom "Enquête emploi" par l’INSEE. Ceux de 2013 ont été publiés dans un document de vingt pages de la Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques (DARES) et annoncés le 27 janvier 2014.

> Les politiciens qui nous gouvernent, les journalistes et les "experts" bavards invités à la télé, s’appuient sur les chiffres issus de Pôle Emploi et ne citent que le nombre de demandeurs d'emploi chômeurs de la Catégorie A. Mais les catégories de chômeurs de Pôle Emploi sont au nombre de cinq, de A à E. Et si on les compte tous, ça fait du monde. Ne citer que le chiffre de chômeurs de la catégorie A est donc une tromperie. De la part des politiciens on s'y attend un peu ; de la part des journalistes dont le métier est de nous informer, ça étonne ; venant des "experts" invités à la télé, ça les disqualifie...

Pour ceux qui l'ignoreraient encore, voici les cinq catégories officielles de chômeurs chez Pôle Emploi : 
Catégorie A : personne sans emploi, immédiatement disponible, recherchant un Contrat à durée indéterminée à temps plein. Catégorie B : personne sans emploi, ayant une activité réduite inférieure à 78 heures dans le mois. Catégorie C : personne sans emploi, ayant une activité réduite supérieure à 78 heures dans le mois. Catégorie D : personne sans emploi en arrêt maladie, maternité, formation, stages. Catégorie E : personne sans emploi en contrat aidé.

Il faudrait ajouter une catégorie manquante : celle des personnes non inscrites à Pôle Emploi, percevant ou non le RSA, les licenciés mis à la retraite anticipée, les Sdf ...etc.

> Bon, venons en au sujet. Au mois de décembre 2013, la DARES comptait :

3 303 200 chômeurs en catégorie A, France métropolitaine.

645 400 chômeurs en catégorie B, France métropolitaine.

949 500 chômeurs en catégorie C, France métropolitaine.

280 900 chômeurs en catégorie D, France métropolitaine.

384 700 chômeurs en catégorie E, France métropolitaine.

Sous Total : 5 563 700 pour la France métropolitaine. Plus 295 400 chômeurs dans les DOM-TOM.

Total général : 5 859 100 chômeurs pour la France entière en 2013.

En France métropolitaine on totalise 5 563 700 chômeurs (ils étaient 5 294 800 au 31 décembre 2012, et 5,7 millions pour la France entière à la même date). Avec les DOM-TOM (295 400 chômeurs), on parvient à 5 859 100 chômeurs. Faisons le compte : en douze mois le chômage a augmenté de + 159 100 chômeurs toutes catégories confondues.

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Cette statistique du malheur est à rapprocher de la population active de la France métropolitaine qui était estimée en 2011 à 28,4 millions de personnes, et de celle de la population totale : environ 65 800 000 personnes au 31 décembre 2012 (derniers chiffres disponibles sur l'Internet). Le nombre de chômeurs "réels" approcherait donc 19 à 20 % de la population active, et environ 9 à 10% de la population totale. Ces ordres de grandeur donnent une idée de la situation, bien éloignée du discours officiel et médiatique ! 

> Les esprits chagrins et médisants diront que la baisse du taux de chômage ou la fameuse "inversion de la courbe", dépendent des gouvernements qui ont le pouvoir de moduler la statistique du chômage au gré des nouvelles lois, des réglements administratifs et des réformes du marché du travail. On peut énumérer : le durcissement des conditions d’indemnisation qui permet la radiation des chômeurs (les chômeurs en fin de droit qui basculent dans l’assistance (RSA) et ne dépendent plus de Pôle Emploi), l'argument des stages et formations, les changements de définition des catégories, les contrats aidés ...etc.

> Depuis quelques années, il est devenu très "tendance" de présenter les chômeurs comme des parasites de l'Assurance chômage, de l'Assurance maladie, des aides sociales et de la société en général. Les chômeurs coûteraient chaque jour davantage aux "contribuables", ce qui sous entend qu’il existe chez nous deux catégories de Français : ceux qui paient et ceux qui ne paient pas. Ceux qui ne paient pas ne sont plus des véritables citoyens : ils sont devenus des parasites, des indésirables, ils trichent pour percevoir des indemnités. En somme, les chômeurs empêcheraient les français qui paient, de jouir du fruit de leur travail....
En choisissant de diviser les gens sur le sujet du chômage, les gouvernements et les médias montrent du doigt des "paresseux", des boucs émissaires....
Ces méthodes sont une tentative pour faire oublier l'absence de projet et l'incapacité du pouvoir à répondre aux besoins sociaux, créer des entreprises et du travail. Les véritables paresseux sont ces gouvernants qui se contentent d'appliquer les dogmes économiques éculés appris sur les bancs de l'ENA ou de HEC. Ils montrent leur mépris pour le peuple qui les a élus. Mais tout ça ne fait pas une politique. Tout ça ne crée aucun emploi. Et c'est pourtant ce dont la France et les Français ont un urgent besoin.


> Sources. Médiapart - un article de Brigitte Pascall. >>> Lien.

Éloge du chômeur, par Laurent de Sutter. Libération. >>> Lien.

Ragemag. Les chiffres du chômage ont-ils encore un sens ? >>> Lien.