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Avec le préfet, dynamisons le territoire berrichon !

langue-bois

Il faut tourner sept fois sa langue de bois dans sa bouche avant de parler. Mais fa pove un problème de prononfiafion enfuite, à cauve des dents, pafeque la langue de bois fa claque fur les dents. Et fa fait du bruit. F'est fientifique ! F'est prouvé !

Malheureusement pour elle, Catherine Delmas-Comolli ne le savait pas. Elle a déclaré  devant le Conseil général du Cher que contester l'épandage des boues-déchets de la station d'épuration du Siaap d'Achères auprès du Tribunal administratif est "un frein à la dynamique des territoires". Les hôteliers, restaurateurs, sites touristiques, gîtes ruraux et chambres d'hôtes, les commerces de bouche et les viticulteurs, bref, tous ceux qui vivent du tourisme dans le Cher apprécieront cette nouvelle démonstration en langue de bois

Les berrichons (et leurs élus) qui refusent les épandages pour des raisons environnementales et de santé publique ignoraient encore qu'ils étaient des freins à la dynamique du territoire (j'son baillé, y avait un frein à la maison !). Grâce à leur Préfète abatteleuse et à sa nouvelle démonstration en langue de bois, ils le savent maintenant. Les berrichons pensaient naïvement que la dynamique du territoire était freinée par la crise économique, le chômage, la baisse du pouvoir d'achat, les fermetures de classes,  la réductions des financements de l'État, la baisse des effectifs des services publics et des services préfectoraux (allez au service des cartes grises, vous verrez). Eh bien, les berrichons avaient tort !

Avec les boues, demain le territoire du Cher sera dynamisé ! Un avenir radieux se dessine devant nos yeux émerveillés. Des dizaines de camions viennent déverser leurs boues parfumées et hygiénisées dans les champs ; les boutons d'or, les coquelicots et les blés les accueillent les bras ouverts. Les oiseaux sifflent leurs trilles les plus harmonieuses et entonnent en choeur le chant créé par Catherine Delmas-Comolli : "Avec la Préfète dynamisons le territoire, toire, toire". Les ruisseaux se réjouissent, ils sont joliment colorés par les reflets dorés du cuivre, les reflets argentés du zinc, les reflets bleus du cadmium. Et les truites, les goujons et les gardons avalent tout ça avec gourmandise, avec les oestrogènes et les bons médicaments des hôpitaux. Et l'eau courante (qui nous semblait trop fade à cause des nitrates) devient savoureuse, on en redemande, on lichonne à tous les robinets ! Et tous les ans ça recommence, quatorze mille tonnes bienfaisantes sont répandues sur notre territoire enfin dynamisé ; et tous les huit ans ça se renouvelle, et ça n'a pas de fin ! Le Cher fertilisé (et un peu plus pollué aussi) s'envole joyeusement dans l'azur vers un avenir magique.

Allons y, comme les petits oiseaux chantons tous en choeur : "avec la Préfète, fète, fète, dynamisons le territoire, toire, toire" !

... Ah vut on peut pas, f'est pas poffible,  f'est de la langue de bois !


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