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Boues, dans Le Berry le Préfet parle la langue de bois. 

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Dans son numéro du 6 janvier, Le Berry républicain ouvre ses colonnes au Préfet du Cher qui s'exprime notamment sur l'affaire des boues d'Achères. Selon le Préfet, "les esprits ne sont pas assez informés sur l'épandage des boues". Et Madame Delmas-Comolli de se livrer à une démonstration de langue de bois et une tentative d'enfumage ... de l'esprit des berrichons.

> "Il y a un vrai débat dans le Cher pour savoir dans quelles conditions on peut permettre l'épandage des boues de la région parisienne ou de plus loin". Cette affirmation est inexacte, le débat n'existe pas puisque le Préfet refuse de débattre véritablement avec les associations, rejette les avis des Conseils municipaux, celui du commissaire enquêteur, ignore le vote du Conseil général, fait annuler les arrêtés des maires de Blancafort et Méry-ès Bois, et maintient son arrêté d'autorisation d'épandage des boues-déchets du Siaap. "Il y a une vraie opposition au projet d'épandage des boues du Siaap, mais je n'en tiens aucun compte", serait un terme plus juste !

> Madame Delmas-Comolli fait état de boues qui viendraient de plus loin que la région parisienne. On croyait que 200 kilomètres était un seuil à ne pas dépasser ? Existerait-il un nouveau projet d'épandage ?

> "On a voulu progresser en créant un organisme indépendant garant de la bonne qualité des boues". Encore une fois, le préfet parle la langue de bois : la création d'un organisme de contrôle "indépendant" ne peut être envisagée que s'il est véritablement indépendant. Or pour créer cet organisme le Préfet entend s'appuyer sur la Chambre d'agriculture, qui serait à la fois juge et partie ! 

Le financement de cet organisme n'est pas défini, mais d'après Yves Fromion (qui a ses entrées à l'Hôtel préfectoral), la Préfecture entend solliciter le Conseil général. Ainsi, les habitants du Cher (qui n'ont jamais demandé les boues-déchets de la région parisienne), devraient financer par l'impôt des frais qui incombent au Siaap !!! Interrogé par le collectif des associations anti boues, le Conseil général dément avoir été saisi d'une telle demande.

> Les boues "sont une réalité de notre civilisation et il nous faut trouver des terrains pour épandre le compost de soixante dix communes du Cher..." Le Préfet mélange les choses pour semer la confusion dans les esprits. Si les boues sont une réalité de notre société, il existe de nombreuses manières de les traiter. On peut en faire des granulats inertes ***, on peut s'en servir comme source d'énergie, on peut les brûler à très haute température (un procédé utilisé en Suisse supérieur aux techniques d'incinération utilisées en France), on peut améliorer le tri des effluents en amont des stations pour traiter séparément les rejets domestiques des rejets industriels... etc. Si les boues-déchets du Siaap n'étaient pas autant chargées en produits toxiques, l'inquiétude serait moindre dans le Cher.

> "L'épandage est moins coûteux que l'incinération". Voila l'argument du "trop cher" ou "plus économique" maintes fois ressassé à propos de tout et n'importe quoi par les gens.. qui n'ont pas d'arguments ! Pour affirmer cela, il faut le prouver en publiant des comptes et s'exposer à la contradiction, le Préfet est-il en mesure de le faire ? Dommage que les journalistes du Berry n'aient pas posé cette question.

> Ce que ne dit pas Madame Delmas-Comolli, c'est que les épandages du Siaap relèvent aussi de l'aménagement du territoire. Le Cher produit déjà des boues, et les stations d'épuration du département sont diverses et doivent évoluer vers plus d'efficacité. C'est un sujet sur lequel les citoyens peuvent s'exprimer, et peser sur les choix des municipalités et des collectivités territoriales. Et pour faire évoluer les stations d'épuration locales il faut des financements qui incomberont en partie aux collectivités concernées, (donc au bon emploi de nos impôts locaux).

Ce que refusent les habitants du Cher c'est une décision de caractère autoritaire qui ferait supporter à notre environnement le poids de la merde, des métaux lourds et autres toxiques produits par la région parisienne. Ce sont les eaux et les terres du Cher qui en feraient les frais. Pourtant il serait équitable que l'amélioration du traitement des effluents des entreprises et des foyers parisiens soit financée par ceux qui les produisent. 

En somme lorsqu'elle invoque la solidarité nationale, ce que nous propose la Préfecture  c'est de la solidarité à sens unique.

> Ça c'était l'actualité du 6 Janvier. Le 7 janvier, une nouvelle association contre l'épandage des boues du Siaap était créée à Méry ès Bois. Cette nouvelle association vient s'ajouter à celle qui constituent le "Collectif anti boues". La petite nouvelle a pour nom Association de veille environnementale du Cher, ses initiales forment le joli nom de AVEC. On imagine déjà les bons mots, comme "Tous AVEC contre les boues du Siaap". Plus sérieusement, maintenant la préfecture sait AVEC qui elle peut compter, car  c'est cette association qui portera le dossier de demande d'annulation de l'arrêté préfectoral au Tribunal administratif d'Orléans. On attend la suite AVEC intérêt....

> Actualité du 8 janvier. Le Tribunal administratif d'Orléans a prononcé son jugement : après la suspension des arrêtés municipaux de Blancafort et Méry ès Bois cet été, le Tribunal a prononcé l'annulation de ces arrêtés, comme on pouvait s'y attendre.

> La souscription "Sauvons le Cher des boues du Siaap" continue ! Pour faire face aux frais et honoraires d'avocat pour l'action auprès du Tribunal administratif, le collectif doit réunir environ neuf mille euros (il y en a mille en caisse). On peut verser 20 euros pour "sauver" une parcelle de 10 hectares, 40 euros pour "sauver" une parcelle de 20 hectares... etc. La souscription a encore progressé elle atteignait 2 270 euros, soit 1 135 hectares "sauvés". Pour atteindre les 5155 hectares prévus dans le plan, il faut un total de 500 souscripteurs, ce n'est donc pas hors de portée puisque la dernière pétition en date a réuni 3500 signatures. On peut demander un formulaire de souscription par mail à Respa : respa@aliceadsl.fr

> Pour adhérer à l'Association de veille environnementale du Cher la cotisation est fixée à 10 euros par personne. AVEC donnera prochainement plus d'informations pratiques. AVEC - Le Gros Chêne - 18110 Saint Palais.


 *** À ce sujet l'excellent blog Sauldre et Sologne cite un article du Courrier Picard très instructif, que je vous engage à lire. Voici les liens :

Article de Sauldre et Sologne http://sauldreetsologne.hautetfort.com/archive/2009/12/10/boues-d-acheres-le-brevet-vbc-3000-est-l-alternative-a-l-epa.html

Article dans Le Courrier Picard  http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-locale/Beauvais-Clermont/La-fin-des-boues-immondes

Le procédé VBC 3000 http://www.vbc3000.fr/fr/index.html


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