La Borne. Avec Michel Pinglaut, parlons berrichon. | gilblog-archives. | Jean Pierre Gilbert >

Avec Michel Pinglaut, parlons berrichon.

La causerie de Michel Pinglaut est une approche moderne du parler berrichon. Avec lui, pas de passéisme, mais un éclairage à partir des travaux les plus récents (sans oublier les classiques, bien entendu). Mais notre conférencier est aussi un pédagogue qui sait rendre son sujet vivant : tantôt il sort des accessoires de ses tiroirs, tantôt interroge l'auditoire, raconte une anecdote, dit des textes en précisant la prononciation, cite ses auteurs, montre son trésor de bouquins. Bref, deux heures instructives et très réjouissantes.


Souvent on connaît, mais souvent on réentend et on redécouvre des mots ou expression un peu (ou tout à fait) oubliés qu'employaient nos parents et grand parents. Certains très familiers, sont encore utilisés aujourd'hui. Michel Pinglaut fait remarquer avec malice que le vocabulaire rural du Berry est riche, et que nos grand-mères employaient pour s'exprimer bien plus de mots que les actuels présentateurs de la télévision !

Langue d'oc et langue d'oï. L'ancienne province du Berry est traversée par la frontière immatérielle qui sépare (ou qui mélange) la langue d'oc et la langue d'oï, ce qui augmente le nombre des particularités... et enrichit le vocabulaire berrichon !

Le Berry a connu au fil de l'histoire des frontières un peu élastiques, mais pour le linguiste, les limites géographiques du berrichon existent. Au nord, la limite est Saint Gaudin (nord de Gien). À l'ouest c'est Fontgombault et Tournon Saint Martin. À l'est Préveranges et Cuffy. Au sud, le village de Mouhet.

Parler berrichon, parlure, patois, dialecte ?... Foin des classifications ! Pour Michel Pinglaut, le berrichon est un parler fait de l'ensemble des parlers locaux berrichons. Les origines se trouvent dans la langue de nos ancêtres gaulois et celle des romains, dans le latin vulgaire et le latin savant. Et de nous citer nombre d'exemples parmi lesquels : cosse (souche, bûche), rabouiller (troubler l'eau), bec, qui viennent du celte. Oueille, brebis, vient du latin ovis, comme les ouailles du Seigneur.

Oui, le bon Dieu a bien fait d'inventer le berrichon !


> On ne peut citer en entier l'inventaire d'auteurs berrichons, de dictionnaires et des glossaires, dont Michel Pinglaut nous a gratifiés. Mais l'auteur le plus ancien est Rabelais, dont l'action de certains romans se situe en Berry. Pour les dictionnaires, il faut citer le plus important et le plus ancien, une bible (!), le "Vocabulaire du Berry et de quelques cantons voisins, par un amateur du vieux langage", de Hippolyte-François Jaubert (1842). Le “Dictionnaire Berrichon” de Jean Tissier  (1884). Le "Vocabulaire du patois berrichon", de L. Ruitton-Daget. (1925). “Le patois berrichon” et le "Glossaire berrichon" de Hugues Lapaire. “Patois et parlures du bas Berry”, de P. Delaigue. “À temps pardu”, de Hubert Gouvernel. “Le parler du Berry et du Bourbonnais”, de Pierrette Dubuisson et Marcel Bonin, éditions Bonneton.  Au passage, Michel Pinglaut rend hommage à Jean-Baptiste Luron et à ses livres, notamment le désormais fameux "Glossaire rural du Centre". Ces deux ouvrages sont présentés dans les pages de gilblog, "Glossaire rural du Centre", un livre au format poche, et "Comment qu'y causont", treize (savoureuses) leçons de parler rural. Ces deux ouvrages sont publiés par AàZ Patrimoine éditions, on les trouve dans toutes les bonnes librairies.

Et puis, il y a aussi le Petit dictionnaire berrichon en feuilleton de gilblog !


> Vous pouvez entendre Michel Pinglaut dans de savoureuses chroniques chaque matin à 7 heures 50 sur Radio Résonance 96.9 megaherz, bande FM. Celle sur le parler berrichon a lieu le vendredi. 

> Cette causerie était organisée par l'association "Au coeur du sujet", à Henrichemont samedi 20 novembre 2010.


Un commentaire ?