1907/2007. Centenaire de la "boisson hygiénique" de Morogues.

Fraternisation17e-1907

> Le 23 janvier 1873 le parlement vote une loi tendant à réprimer l’ivresse publique et à combattre les ravages de l’alcoolisme. Quelques années plus tard, la crise du phylloxera (qui va durer trente ans), cause la ruine de nombreux vignerons ;  elle atteint le Sancerrois et les coteaux du Menetou-Salon vers 1890. Les vignes détruites, la mévente, les importations en excès, la fabrication de vins de repasse, la reconstitution du vignoble, appellent des mesures du gouvernement pour développer la production française, mais elles arrivent trop tard. C’est la colère et la révolte chez les vignerons, notamment dans le midi (20 juin 1907, fusillade meurtrière de Narbonne). 1907, déjà en avance pour être en retard d'un train, le gouvernement veut faire appliquer une loi vieille de plus de trente ans sur l'ivresse publique, alors que nos campagnes viennent de subir la crise du phylloxera qui a pratiquement détruit le vignoble français. À Morogues, on ne manque pas de combativité ni d'humour… et on se souvient de la définition de Pasteur. Mais lisez plutôt.  

> Le 7 novembre 1907 le Maire, François Dupuis, réunit le conseil municipal de Morogues :

"Lecture d'une lettre de M. le Préfet du Cher du 24 octobre 1907, rappelant que l'assemblée générale aurait du prendre une délibération au vu de la circulaire ministérielle et relative à l'application de la loi du 23 janvier 1873 et de l'article 9 de la loi du 17 juillet 1880 sur les débits de boisson. Il prie le conseil de vouloir bien donner son avis.

Le conseil, après avoir délibéré, après avoir pris connaissance de la circulaire précitée, des instructions relatives à l'application de la loi du 23 janvier 1873, et de l'article 9 de la loi du 17 juillet 1880, déclare à l'unanimité des membres présents; que l'alcoolisme n'existe pas dans la commune de Morogues; que dans les débits, il ne se consomme qu'une boisson hygiénique : le vin récolté dans le pays; que la consommation de l'alcool et des liqueurs alcooliques est à peu près nulle; qu'il n'y a pas lieu de prendre des mesures coercitives pour réprimer un vice qui n'existe pas. Néanmoins il est d'avis que le garde champêtre s'assure au moins chaque dimanche de la fermeture des débits à l'heure réglementaire.

En ce qui concerne l'arrêté de la loi du 17 juillet 1880;

vu la topographie du bourg et son exiguïté; vu les emplacements de l'édifice du culte, du cimetière et des écoles publiques, le conseil décide qu'à l'avenir, il ne pourra s'ouvrir aucun débit à moins de vingt mètres des établissements désignés ci-dessus.

Fait et délibéré les jour, mois et an que dessus. Étant signé au registre tous les membres présents, les conseillers municipaux, le Maire".

Souvenons nous du nom du Maire de Morogues en 1907, il se nommait François Dupuis.

grappe

Tout ça méritait bien une célébration ! Ce qui fut fait, et comme il faut, par la municipalité de Morogues qui organisait :

> Le 5 novembre 2007, un débat sur l'avenir du monde viticole, avec Benoît Roumet, Directeur du Bureau interprofessionnel des vins du centre (BIVC), Maxime Camuzat (vice président du Conseil général), Luc Doumas (Maire de Morogues), les maires des communes voisines…etc.

> Le 7 novembre  un "Conseil Municipal extraordinaire", sous la forme de cabaret avec musique et chansons.

> Une exposition de pichets en grès, de La Borne bien sur.

Tous les détails, le fac-similé de la délibération du Conseil municipal de 1907, les photos,  sur le site de la municipalité :

http://www.morogues.fr/

mutins1907
Cette photo fut éditée à l'époque en carte postale. Elle a été prise le 21 juin 1907.  On y voit un groupe de mutins du 17ème de ligne sur les Allées Paul Riquet à Béziers, ils avaient refusé de tirer sur les manifestants vignerons. Le chromo en couleurs  en haut de page, illustre une scène de fraternisation des mutins avec la population.