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Une seule journée pour les droits des femmes, est-ce suffisant ?

Les droits des femmes méritent mieux qu’une journée qui donne bonne conscience ...et permet d'évacuer le sujet pendant les trois cents soixante quatre autres jours de l’année… 

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Pour le Collectif national pour les droits des femmes l’égalité, pourtant inscrite dans la Constitution de 1946, n’est toujours pas au rendez-vous. L’égalité salariale, l’égalité professionnelle et l’égalité politique, ont donné lieu à des lois qui ne sont toujours pas appliquées. Et les écarts de salaires, le temps partiel subi, les petits boulots médiocres, les difficultés d’accès aux postes à responsabilité (alors que les femmes sont plus diplômées que les hommes), ça dure toute l'année. 

Les femmes sont les premières victimes des mesures d’austérité. Elles sont très majoritairement touchées par le travail à temps partiel, les bas salaires, elles subissent toujours un taux de chômage supérieur à celui des hommes. Les coupes massives dans les budgets publics, la casse des services publics d’éducation, de santé, sociaux, de transport, les baisses de prestations sociales et le manque de crèches et de maisons de retraite les pénalisent en priorité. 

Et que dire de l'accord dit "de sécurisation de l'emploi" ? Déjà, ça commence bizarrement et en mots tordus : un "accord de sécurisation de l'emploi" qui facilite les licenciements ! On croirait une définition de langue de bois à la manière de Pierre Dac : "L'art de signifier le contraire de ce que l'on prétend dire, vice versa et réciproquement".

Cette semaine, l'association Femmes égalité met son grain de sel dans un communiqué qui dit à peu près ceci : l’encadrement du temps partiel est présenté comme une avancée par Laurence Parisot, les médias et le gouvernement de Jean-marc Ayrault. Il touche principalement les femmes qui représentent 80% des contrats à temps partiel. L’accord fixe la durée du temps partiel à vingt quatre heures minimum par semaine, mais pour les employeurs, les possibilités de déroger à cette durée restent nombreuses. Et la modulation du temps de travail de ces contrats est largement favorisée : par exemple, un employeur pourra modifier la durée du travail d'une salariée huit fois dans l’année, et celle-ci devra l’accepter.

Des milliers de femmes travaillent tôt le matin et tard le soir, sans possibilité de rentrer chez elles entre temps, à cause de temps de trajets trop longs. Résultat ? “Bien souvent, elles se retrouvent avec des amplitudes horaires dépassant celles de salariées à temps plein, mais elles sont payées à mi-temps !”, déclare Christiane Marty (membre d’Attac et de la fondation Copernic), et elle ajoute “ce ne sont pas les femmes qui ont demandé à travailler à temps partiel !”. Le projet de loi ne mentionne pas les petites coupures qui hachent les journée de travail de nombreuses femmes employées à temps partiel. Depuis 2000, les coupures ne doivent pas durer plus de deux heures, mais cette durée maximale n’est pas respectée.

Le texte prévoit des accords d’entreprise de "maintien de l’emploi". Mais à quel prix ! Pour garder leur emploi, les travailleuses et les travailleurs devront accepter soit une diminution de leurs salaires, soit une augmentation de leur temps de travail (sans augmentation de salaire). Au lieu de protéger les salariés, c’est la course à la baisse des payes qui est lancée par l'accord de "sécurisation de l'emploi" ! Les femmes qui, aujourd’hui, sont tout en bas de l’échelle des salaires seront les premières victimes de cette régression sociale.

Pour Femmes égalité, l’accord dit de "sécurisation de l’emploi", c’est la précarité et la flexibilité renforcées, la baisse des salaires, les licenciements facilités, pendant trois cent soixante cinq jours par an. En somme il faudrait le nommer "accord de régression de l'emploi".

Il faudra plus qu'une journée dédiée aux femmes pour se sortir de ce mauvais pas.


> Sources :  Collectif national pour le droit des femmes. >>> Lien.

Le site de Femmes égalité. >>> Lien.

> Lire dans gilblog : Droits des femmes. À temps partiel ? >>> Lien.

Clara Zetkin. Elle a inventé la journée internationale des droits des femmes. >>> Lien.