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Communication et langue de bois (suite). Le Préfet peut mieux faire.

Opération de communication. Catherine Delmas-Comolli, Préfet du Cher, s'adresse aux lecteurs du Berry Républicain.

La rentrée n'est pas toujours drôle, elle est souvent ennuyeuse mais parfois un petit peu instructive. En effet, le Préfet du Cher se livre à une opération de communication dans les pages du Berry Républicain du mercredi 29 septembre. Elle n'a pas tort de persévérer ; un jour peut être, à force, les berrichons comprendront les tours, les détours et les non dits de la langue de bois...En effet c'est pas toujours drôle.

Ouvrons Le Berry, pages quatre et cinq.

>  Question brûlante, qui taraude l'esprit de tous les habitants du Cher et les empêche de dormir : un Préfet peut-il être de droite ou de gauche ? Le Berry introduit le sujet en ces mots : Catherine Delmas-Comolli aborde le sujet de la neutralité du préfet. "Il n'y a pas de préfet de l'opposition ou de la majorité. J'ai un rôle de stricte neutralité avec une marge de manoeuvre réelle, soumise à néanmoins à des évaluations".

Catherine Delmas-Comolli oublie (et Le Berry aussi) qu'elle est venue à Henrichemont  (et ailleurs ?) juste avant l'ouverture de la campagne électorale des élections régionales pour soutenir l'UMP. Souvenez vous c'était le 15 janvier 2010, elle accompagnait alors messieurs Serge Lepeltier et Yves Fromion et prononçait un discours. On peut faire plus neutre, voilà une évaluation ! À cette occasion, Madame la Préfète avait produit cette phrase désormais fameuse et digne de Pierre Dac : "grâce au plan de relance gouvernemental, les choses sont beaucoup moins pires que si l'État n'avait rien fait". 

> Le thème de l'emploi. Il suscite également de nombreuses questions, principalement autour de la concurrence déloyale de certaines entreprises de l'Union européenne, écrit Le Berry Républicain. Sachant que le chômage est la première préoccupation de la majorité des français (cinq millions de chômeurs, de Rmistes et de précaires), on s'attendait à apprendre quelque chose. Sauf que "c'est par dizaines de millions que l'argent frais a été injecté dans l'économie du Cher" en direction des collectivités et des entreprises. "Grâce à des efforts importants en terme de chômage partiel, ces dernières ont pu préserver des emplois". Allez, répétons avec le Préfet : "les choses sont beaucoup moins pires que si l'État n'avait rien fait".

Au fait, on aimerait savoir combien de créations d'emplois (des emplois, pas des stages) sont à l'actif de la Préfecture dans le Cher ???  Silence préfectoral.

> Zones franches. Détournement de certaines zones franches "qui accueillent aujourd'hui plus de médecins que d'entrepreneurs". La préfète acquiesce mais botte quelque peu en touche, écrit Le Berry : "Ce dispositif n'est certes pas idéal et aujourd'hui on n'en parle plus". En effet, on n'en parle pas. Et combien d'emplois créées au bout du compte ? Nouveau silence préfectoral.

> Difficultés du monde paysan. L'implication souhaitée par la Préfète du consommateur dans une nouvelle approche des prix fait réagir. "Ce n'est pas au consommateur de payer les désordres causés par la macro-économie", déclare un participant avec bon sens. Mais on aimerait connaître la déclaration du Préfet qui a déclenché cette réaction. À moins qu'elle n'ait pudiquement demandé une coupure ? Dommage, ça devait être croustillant. 

Et le prix du lait versé aux producteurs ? Et la concurrence aux pommes des vergers de Saint Martin d'Auxigny ? La fermeture des exploitations et la baisse du revenu des agriculteurs ? Rien à déclarer.

> La réforme des retraites ? Personne n'a pensé à lui poser la question ? Ouf, un sujet difficile évacué. 

> La question des Roms. Un des participants dénonce "de multiples soucis avec les gens du voyage". Le Berry écrit que la Préfète hausse les sourcils et met en garde. "Il n'est pas question de s'habituer au désordre". Scrogneugneu.

On eût préféré que la Préfète ne laisse pas faire la confusion entre Roms et gens du voyage (encore un mot en langue de bois), à moins qu'elle ne connaisse pas la différence entre les termes, ce qui ne vaut pas mieux. Et qu'elle démêle un peu cet imbroglio où l'Europe et la France ouvrent le lundi les frontières à des gens qu'on juge indésirables le mardi, et qu'on expulse le mercredi. 

On aurait aimé connaître son avis sur une autre affaire d'expulsion : celle d'une famille russe en février 2010, et du procès piteux intenté par l'ex secrétaire général de la Préfecture du Cher au journal satirique le Berry Ripou...

> Épandage des boues d'Achères. "Un dossier difficile qui a visiblement souffert d'un manque de concertation avec les élus", déclare la Préfète. 

Madame Delmas-Comolli oublie de mentionner les habitants du département (une paille), et ne mentionne pas non plus l'Enquête d'utilité publique, point de départ de l'information, des inquiétudes et du refus. Pourtant, une Enquête d'utilité publique, si ça ne fait pas partie de la communication ...

"Dans le Cher, on a pris l'habitude d'épandre, qui est la solution la plus écologique à condition que l'on soit scrupuleux. L'autorisation que j'ai donnée d'épandre les boues d'Achères dans le Cher s'accompagne de de conditions extrêmement drastiques". Madame Delmas-Comolli mélange le cas des boues des stations d'épuration locales et celles de la région parisienne, elle oublie qu'elles n'ont pas les mêmes teneurs en produits toxiques, et que le dossier préfectoral est truffé d'erreurs. 

Solution la plus écologique ? Au lieu de se décerner un certificat d'expert, la Préfète devrait s'informer des moyens modernes d'incinération mis en oeuvre ailleurs (en Suisse par exemple), et reconnaître que la station d'épuration d'Achères est hors normes et loin d'être au top malgré des mesures de modernisation ! Et puis, des boues, justement, ici nous avons les nôtres.

Une réunion en amont entre la MESE et les associations opposées à l'épandage des boues d'Achères ? La Préfète organisera cette rencontre, à condition "qu'elle n'interfère pas avec les actions en justice" en cours. 

Si c'est le cas, elle sera seule à cette réunion, car depuis longtemps les associations anti-boues ont annoncé qu'elles ne se prêteront pas au simulacre de concertation qu'est la MESE. 

On serait tenté d'ajouter ...et si l'arrêté préfectoral n'est pas retoqué par le Tribunal administratif !

> Allez, encore une perle préfectorale pour la route. "La question environnementale est un nouvel art de vivre avec cette contradiction qu'il faut lever entre activité économique et ressources en énergie". Ça m'en rappelle une autre du même genre : dans l'art de la modération il faut parfois se montrer intraitable.

> Conclusion : deux pleines pages du Berry pour nous dire ça....


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