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Blancafort, licenciements chez Doux. Le changement c'est pareil qu'avant.

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Blancafort, un village de mille cent trente six habitants où une cinquantaine de familles vivaient grâce à l’usine Doux qui employait cent quatre vingt deux salariés en contrat à durée indéterminée et soixante et un en contrat à durée déterminée.… "Cent trente emplois sauvés, c’est une demi-bonne nouvelle pour le village" peut on lire dans Le Berry républicain du 3 septembre. Mais il en reste cent vingt-trois sur le carreau. "Ça sera dramatique pour certaines familles, car chez Doux il y a des couples de Blancafort", mais aussi des habitants d’Argent-sur-Sauldre, de Barlieu, de La Chapelle-d’Angillon, de Coullons et de Gien…

Le groupe Glon Sanders (Sofiproteol) ne gardera que cent trente personnes à l'abattoir de Blancafort et son offre de location gérance ne l'engage que pour deux ans. Au bout de ces deux ans, l’offre de reprise de Glon Sanders ne garantit qu’une soixantaine d’emplois. Un sceptique de Blancafort se demande même s’il n’y a pas eu un accord tacite entre Glon Sanders et Doux pour poursuivre l’activité jusqu’à ce que les stocks de trois cent cinquante mille bêtes soient écoulés, ce qui ne donnerait de travail que jusqu’à décembre 2012. Si le "repreneur à durée déterminée" n'obtient pas la licence des marques Père Dodu ou Le choix du chef, il aurait là un motif commode pour retirer sa proposition...   

Des organisations syndicales avaient demandé que le groupe soit mis sous tutelle de l'État le temps de construire un projet économique viable, et revendiquaient une reprise globale. Les syndicats avaient également demandé le dessaisissement du tribunal de Quimper, soupçonné de complaisance vis-à-vis de Charles Doux qui faisait le projet de "restructurer" ses activités. D'ailleurs une moitié des travailleurs de Doux, ceux du pôle "export et produits élaborés", devront encore attendre un jugement qui doit intervenir en novembre prochain pour savoir quel avenir on leur réserve. 

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Le nouveau Président et Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, ont demandé la vérité sur tout ce qui s'est produit depuis des années dans le groupe Doux. Selon François Hollande, l'administration et la justice devront faire toute la lumière sur les responsabilités des dirigeants. "Il ne fait pas de doute qu'il y a eu plus que des négligences, des abandons de sites qui auraient dû être modernisés, un dialogue social qui n'a jamais eu lieu, des formations qui n'ont pas été dispensées".

Mais ces bonnes paroles n'ont pas suffi à stopper le couperet ! Un millier de licenciés dans le pôle frais du groupe Doux (sur mille sept cents emplois) et des sites de production fermés. D’autres sites sont amputés de la moitié de leurs emplois. Le pôle frais est partagé entre les groupes de volaillers LDC, DUC ...et Charles Doux lui-même !
Cette vague de licenciements pourrait être suivie par d’autres, puisque Charles Doux  et la banque Barclays restent aux commandes de l’entreprise c'est-à-dire des pôles "élaborés et surgelés grand export" et doivent présenter un plan de relance au plus tard le 1er Décembre 2012 ! 

"Personne ne sera laissé sur le bord de la route" promettent les bonnes âmes du gouvernement, qui annoncent des "suivis personnalisés" et se préparent à faire entrer les nouveaux chômeurs dans des stages parking, pour les sortir des statistiques du chômage à l'instar de leurs prédécesseurs (on parie ?).

Bref, le gouvernement "de gauche" ne s'est pas montré efficace alors qu'il pouvait exercer des pressions et montrer des exigences : le groupe Doux a encaissé cinquante cinq millions d'euros en 2011, un milliard en quinze ans ; des aides publiques financées par les impôts des européens, dont les nôtres.

Bien que l'élection du nouveau Président de la République n'y soit pour rien, depuis cette date les annonces de fermetures d'entreprises se succèdent : Fralib (ex-Unilever), le groupe Doux, la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, et surtout PSA avec la fermeture annoncée du site d’Aulnay-sous-Bois. François Hollande et Arnaud Montebourg déclaraient en juillet que la plan de PSA était "inacceptable". En septembre, le plan de redressement devenait "inévitable" (selon les mots du rapport Sertorius), et sa nécessité n’est plus remise en cause par le gouvernement. Arnaud Montebourg avait sévèrement critiqué la famille Peugeot, principal actionnaire, mettant en doute l’ampleur des difficultés du groupe. Mais depuis, "Montebourg a fait un virage à cent quatre vingt degrés", lui a reproché Franck Don un syndicaliste de PSA, élu CFTC.

Le "redressement productif" a déjà du plomb dans l'aile. Que peuvent les postures de matamore d’Arnaud Montebourg face au choix de la haute finance de liquider les secteurs de l’industrie qui ne lui rapportent plus assez ? Sans doute pas plus que les belles phrases du président d'avant disant qu'il irait "chercher la croissance avec les dents", on connaît le résultat.

Quand verrons nous un programme ambitieux de création d'emplois par la réindustrialisation de la France ? Quand verrons nous une loi qui interdira les licenciements collectifs pour préserver les emplois, et qui garantira le maintien des salaires en prenant l'argent sur les profits accumulés ou dans une caisse alimentée par les entreprises (à l'image du Garp) ? Le Medef crierait au viol, les médias en feraient des gorges chaudes et tous les acarnifleux*  non élus de Bruxelles en seraient dervirés*. 

Mais ça, ça serait de la politique, de la vraie.

En attendant pour le Cher c'est un crèvecoeur, et pour les Doux, c'est la galère...

> Photo du bas : Charles Doux se rend au Tribunal de commerce de Quimper, les salariés aussi.

> *Acarnifleux : parasites.  *Dervirés : retournés.


> Lire dans gilblog Comment Doux a plumé ses employés, les consommateurs et les contribuables.