Avec Double cœur sur les traces de Nazim Hikmet.

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Le sort des réfugiés du Proche Orient donne une vive actualité à la soirée consacrée à Nazim Hikmet par Double cœur, le 17 novembre. En effet, le poète a été une grande partie de sa vie un exilé. D’ailleurs, cet homme, une des grandes voix du vingtième siècle, longuement emprisonné en Turquie pour ses convictions, avait intitulé un de ses livres : “C’est un dur métier que l’exil”. En ce début de vingt et unième siècle, il est facile de deviner que Nazim Hikmet n’a pas écrit seulement pour ses contemporains, et que son œuvre s’adresse aussi aux gens d’aujourd’hui.

Hikmet, c’est une vie hors du commun, un élan passionné pour la liberté, le désir de justice pour son peuple - sans doute accentués par un séjour à Moscou en 1921 où il découvre la jeune révolution russe et l’idéal communiste. Il exprime dans ses écrits la critique sociale, l’amour et le désir d’un monde meilleur. En 1920, il obtient le premier prix de poésie du concours organisé par le journal Alemdar. Il publie son premier recueil de poèmes en turc à Bakou en 1928 : “Chanson de ceux qui boivent le soleil”, il écrit des articles pour des journaux et des périodiques, des scénarios et des pièces de théâtre. Jugé, emprisonné en Turquie pour ses poèmes, condamné à mort en 1933, puis gracié, il continue son combat. En 1938, il est condamné à vingt ans de prison. Malade, il entame une grève de la faim, soutenu par un comité international formé à Paris par Jean-Paul Sartre, Tristan Tzara, Pablo Picasso Louis Aragon et Paul Robeson. Il est libéré en 1950 après dix ans de captivité durant lesquels il a continué d’écrire. Il échappe à deux tentatives d’assassinat. Il est convoqué pour effectuer le service militaire …à l’âge de cinquante ans ! Il quitte alors clandestinement la Turquie et devient membre actif du Conseil Mondial de la Paix. Il obtient le Prix Mondial de la Paix en 1950, avec Pablo Neruda. En 1951 Nazim Hikmet est déchu de la nationalité turque et devient citoyen polonais. Il voyage pour tromper l’exil, en Europe, en Afrique et en Amérique du Sud…
Nazim Hikmet meurt à Moscou en 1963. La nationalité turque lui est rendue à titre posthume en 2009. Il est l'une des plus importantes figures de la littérature turque du XXe siècle.

Nazim Hikmet a écrit la plus grande partie de ses poèmes en prison. Sa poésie se veut essentiellement nouvelle et moderne : il bouleverse la structure traditionnelle du vers, déplace la rime, orchestre les mots, s’exprime en vers libres. Outre une vingtaine de recueils de poésies, son œuvre comprend dix pièces de théâtre, huit romans et récits, une importante correspondance. Ses oeuvres ont été traduites dans plus de cinquante langues, de nombreuses traductions et publications ont été faites en français.

En février 1970, Aristide Demonico, jeune metteur en scène avait créé le spectacle “Poète en exil /Nazim Hikmet” à la la maison de la Culture de Bourges. Invité par Double cœur” il revient cette année à Bourges nous raconter l’homme que fut Nazim Hikmet, ses poèmes et  ses engagements - un homme qu’il a eu la chance de rencontrer. Avec le concours de Yannick Thépault, clarinettiste. (Détails en bas de page après ces deux poèmes).


> Cela fait cent ans

que je n’ai pas vu ton visage

que je n’ai pas passé mon bras

autour de ta taille

que je ne vois plus mon visage dans tes yeux

cela fait cent ans que je ne pose plus de question

à la lumière de ton esprit

que je n’ai pas touché à la chaleur de ton ventre.

Cela fait cent ans

qu’une femme m’attend

dans une ville.

Nous étions penchés sur la même branche,

sur la même branche

nous en sommes tombés, nous nous sommes quittés

entre nous tout un siècle

dans le temps et dans l’espace.

Cela fait cent ans que dans la pénombre

je cours derrière toi.

Tu es mon ivresse

De toi je n’ai point dessoûlé

Je ne puis dessoûler

Je ne veux point dessoûler.

Ma tête lourde

Mes genoux écorchés

Mes vêtements crottés

Je vais vers ta lumière qui brille et qui s’éteint

en titubant, tombant, me relevant. 

[Nazim Hikmet]


> Je suis dans la clarté qui s’avance

Mes mains sont toutes pleines de désir

Le monde est beau

Mes yeux ne se lassent pas de regarder les arbres

Les arbres si verts, les arbres si pleins d'espoir

Un sentier s'en va à travers les mûriers

Je suis à la fenêtre de l'infirmerie

Je ne sens pas l'odeur des médicaments

Les oeillets ont dû s'ouvrir quelque part

Être captif, là n'est pas la question

Il s'agit de ne pas se rendre

Voilà.

[Nazim Hikmet]


> “Sur les traces de Nazim Hikmet“. Lecture / musique. Mardi 17 novembre  19h30. Palais Jacques Cœur. Entrée libre. Réservation au 02 48 24 06 87.

> Sur le web.
Bleu blanc turc. Aller à la page Les turcs connus en France /Nazim Hikmet : une légende de la littérature turque      
>>> Lien. 
Wikipedia - Nazim Hikmet.     >>> Lien.

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