Un audit de la dette... en Berry ?

Décidément, l'actualité de notre coin de Berry nous place à l'avant-garde du progrès et très en avance sur l'horaire de notre époque moderne ! Voila-ty-pas qu'on inaugure le 9 décembre l'électrification de la ligne Bourges Saincaize (attendue depuis des décennies), que le TGV pourrait passer à Bourges, que Serge Lepeltier s'efforce d'oxygéner la conférence de Durban, et que le Conseil municipal de Saint Germain du Puy demande un audit de la dette publique de la France (voila des berrichons qui n'ont pas froid aux yeux) ! 

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En effet, ces berrichons ont de l'audace à revendre, demander un audit de la dette publique de la France, quel culot ! Incroyable ! C'est encore plus que moderne, c'est de la science fiction ! Mais, qu'on se rassure, si le Conseil municipal de Saint Germain du Puy est le premier en France à le demander, il n'est pas seul à le faire, car des personnalités comme Stéphane Hessel et Susan George, des économistes (Philippe Askenazy, André Orléan, Henri Sterdyniak, Frédéric Lordon...), des associations comme Attac, le syndicat des impôts Snui, Solidaires, la Confédération générale du travail, soutiennent le Collectif pour un audit citoyen de la dette publique. Ce Collectif veut associer le maximum d'organisations syndicales, associatives et politiques, mais aussi de citoyens dans des groupes locaux, à un travail d'analyse des causes de l'endettement public. Son ambition est de permettre une "réappropriation démocratique et collective de ce qui nous concerne", et ouvrir les livres des comptes publics (encore de l'audace...). Des groupes locaux sont en voie de constitution et un "Tribunal de la dette " pourrait être constitué en 2012. Les partisans d’un examen critique de la dette française identifient deux zones d'ombre à examiner de près : les plans de sauvetage des banques en 2008 et les avantages fiscaux accordés aux entreprises et aux ménages les plus aisés.

Lors du Congrès des Maires de France de 2010, Maxime Camuzat (le Maire de Saint Germain du Puy), déclarait à propos des déficits publics: "je crois que nous l’avons tous et toutes remarqué : on ne peut pas lever le doigt en demandant un peu plus de moyens pour nos retraites, la sécurité sociale, les budgets des communes, des départements ou des hôpitaux, sans qu’à un moment ne survienne l’argument suivant : vous n’y pensez pas : vous savez bien qu’il n’y a plus d’argent". Et cette année Maxime Camuzat ajoute : "Un an après, le discours de culpabilisation a pris une nouvelle dimension: maintenant  il faut rembourser la dette, nous répète-t-on matin et soir. On n’a pas le choix, il faut rassurer les marchés financiers, sauver la bonne réputation, le triple A de la France. Nous vivons au-dessus de nos moyens, telle est la rengaine que l'on nous ressasse dans les grands médias".

Pour quelle mauvaise raison les États sont-il obligés de s'endetter auprès des marchés financiers et des banques, alors que celles-ci empruntent directement et pour moins cher à la Banque centrale européenne ? Le Conseil Municipal de Saint Germain du Puy, dans une motion du 8 décembre, s'associe à ceux qui "refusent que ces questions soient évacuées ou traitées dans notre dos par les experts officiels sous influence des lobbies économiques et financiers. Comme eux, nous voulons y répondre nous-mêmes dans le cadre d'un vaste débat démocratique qui décidera de notre avenir commun. En fin de compte, ne sommes-nous plus que des jouets entre les mains des actionnaires, des spéculateurs et des créanciers, ou bien encore des citoyens, capables de délibérer ensemble de notre avenir ?" concluent les élus municipaux.

Mais à propos, de quoi est fait le fameux déficit, interroge le Collectif pour un audit citoyen de la dette ? Et il donne des chiffres. Voyons un peu...

> Déficit de l’état 2011 : 92 milliards + déficit de la Sécurité Sociale : 18 milliards = Total du déficit public prévu pour 2011 : 110 milliards.

> Il faut savoir que chaque année, le gouvernement actuel prive l'État d'une partie de ses recettes, en voici la liste.

Niches fiscales (66 milliards) + Fraude fiscale (45 milliards perdus chaque année) + Impôt sur le revenu (15 milliards perdus chaque année depuis 2000) + Impôt sur la fortune (2 milliards perdus depuis la dernière réforme) + Exonération de charges sociales au profit du patronat (30 milliards perdus chaque année) = Total des recettes perdues : 158 milliards !

> Soit non seulement de quoi combler le déficit mais un solde positif de 48 milliards d’euros qui pourrait être affecté à l'enseignement, aux hôpitaux, à la culture…

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Les médias de la propagande sarkozienne attribuent le déficit et la dette à une mauvaise gestion de l’État (vous savez, nous vivons au dessus de nos moyens) : mais cet argument ne résiste pas à l'examen, car les dépenses publiques restent assez stables en France depuis des dizaines d'années. En réalité, c’est une espèce de racket de la richesse publique qui est à l'origine de la dette. En effet, l’article 104 du traité de Maastricht interdit à la France et aux autres États européens d’emprunter auprès de leurs banques centrales, c’est-à-dire qu’il interdit aux États de créer eux-mêmes leur propre monnaie (chose qu'ils faisaient depuis des siècles). Mais un pays dont l’État a perdu le droit de battre monnaie a perdu sa liberté, et sa dette ne peut que s’envoler à l’infini, puisqu'elle sert uniquement à enrichir les banquiers. Elle est donc artificielle. 

Un chef d'État français qualifiait de "patrons voyous" ceux qui organisent le déficit des entreprises pour justifier leur vente ou leur délocalisation. Et comment appeler les chefs d'État et de gouvernement qui ont creusé le déficit public et augmenté la dette au profit des banques ?

Et si le peuple refusait de rembourser cette dette absurde ? Et si on transférait les banques privées au secteur public ? Et si on interdisait les transactions avec les paradis fiscaux ? Et si on arrêtait la fraude fiscale des grandes entreprises et des grandes fortunes ? Et si on remettait au pas les spéculateurs (que certains appellent joliment "marchés financiers") ? Et si on instaurait une véritable justice fiscale et une redistribution de la richesse ? Et si la Justice interrogeait ceux qui ont mis la France dans le pétrin ?

Décidément, ça serait plus que moderne, alors, de la science fiction ?  Va don savouèr...?


> Motion du Conseil municipal de Saint Germain du Puy (en PDF) : http://www.elunet.org/IMG/pdf/CM_Saint_Germain_du_Puy_-_CM_du_08-12-2011_-_MOTION_dette.pdf

Sites à visiter. Collectif pour un audit citoyen de la dette publique : http://www.audit-citoyen.org/

Évolution de la dette de la France : http://france-inflation.com/dette_publique_france_1950.php

Lire aussi dans gilblog : les peuples européens trahis par leurs élus ? http://www.gilblog.fr/vu_sur_le_web/les-peuples-trahis.html

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