Un million de chômeurs en fin de droits en 2010. Combien dans le Cher ?

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Un million de demandeurs d’emploi vont perdre leurs droits à l’assurance-chômage en 2010, prévoit la Direction des statistiques enquêtes et prévisions de Pôle emploi, dans un document remis aux partenaires sociaux. Les médias sont très discrets, comme s’il s’agissait d’une information sans importance. Pourtant, un million de chômeurs en fin de droits, c'est un chiffre qui fait froid dans le dos ! 

> Seuls 38 % de ces "fins de droits" devraient bénéficier de la solidarité nationale : "Sur la période de juillet 2008 à juin 2009, 16 % des chômeurs en fin de droits pouvaient avoir droit à l'allocation spécifique de solidarité (ASS), et 22 % au revenu minimum d'insertion (RMI), remplacé depuis par le revenu de solidarité active (RSA)". Le droit à l'ASS comme au RSA est en effet soumis aux conditions de ressources du foyer et non celles du chômeur. Ce sont donc plus de 600 000 chômeurs qui n'auront plus que le soutien de leur famille, entraînant un accroissement supplémentaire du nombre de pauvres en France et du cortège de douleurs qui l'accompagne.

> 3 700 emplois en moins dans le Cher. Selon les derniers chiffres recensés par l'Ursaaf, le nombre d'emplois perdus dans le département depuis le début de la crise économique se solde à 3.700. Une perte qui représente 5 % de l'emploi total du Cher, tandis que sur le plan national, cette baisse s'établit à 3,5 %. À la fin septembre 2009, le Cher ne compte plus que 68.800 salariés dans le secteur privé. "Un niveau d'emploi historiquement bas", notent les services départementaux de l'Ursaaf. Le niveau baisse encore avec l'annonce de plus de cent licenciements à l'imprimerie Bussière à Saint Amand, le 21 janvier.

> Dans un récent discours, Yves Fromion (député UMP d'Aubigny), appelait son auditoire à l'optimisme et l'exhortait à se retrousser les manches "l'année 2009 a été dure, disait-il, mais tous ensemble on peut améliorer les choses". Et de vanter les mille emplois que l'industrie de l'armement aurait créés dans le Cher (grâce à quelques mutations ajoutait-il avec prudence...). De son côté le Préfet du Cher, Catherine Delmas Comolli, avait cette phrase mémorable : grâce au plan de relance gouvernemental "les choses sont beaucoup moins pires que si l'État n'avait rien fait". On se sent mieux tout de suite.

> Et si l'État n'avait rien fait ? Après tout c'est une bonne question. Car le chômage est le problème majeur en France, qui compte environ cinq millions de chômeurs, travailleurs précaires,  Rmistes et chômeurs non indemnisés ! 

Voilà le vrai niveau de responsabilités : ceux qui gouvernent, ceux qui font les lois, qui décident des règles, et les font appliquer. Ceux qui nous ont conduit dans le mur à toute vitesse, en disant que nous devions nous adapter à la mondialisation (nous, pas eux). Nicolas Sarkozy et nos autres hommes d’État, aux commandes depuis trente ans, doivent maintenant assumer la débâcle. Ce sont eux les serviteurs zélés du dogme de l'économie libérale qui ont confectionné ce "meilleur des mondes". On connaît le résultat: la mondialisation ou la mise en concurrence du travailleur chinois (deux dollars par jour et sept jours sur sept) avec le travailleur occidental ; le libre marché sans entraves et sans frontière ; la libre concurrence non faussée par l’intervention de l’Etat (oui !) ; les délocalisations et la désindustrialisation de la France; la libre circulation des capitaux et la spéculation effrénée ; la privatisation de tout ce qui pourrait générer de l'argent notamment les biens collectifs et sociaux.... Autant de "progrès" qu’ils ont décrété d’utilité mondiale, persuadés qu'ils étaient les seuls sur cette terre à détenir la vérité.

> "Tout libéraliser amène les pires désordres", constate Maurice Allais (prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel), préoccupé à la fois par "l’efficacité de la production" et par "l’équité de la redistribution des richesses". Il est "fou d’avoir supprimé les protections douanières aux frontières", car le commerce international est un moyen et non une fin en soi : le "chômage résulte des délocalisations, elles-mêmes dues aux trop grandes différences de salaires... À partir de ce constat, ce qu’il faut entreprendre en devient tellement évident ! Il est indispensable de rétablir une légitime protection." Déplorant la quasi unanimité en faveur de la mondialisation qui prévalait avant la crise, Maurice Allais dénonce "un pourrissement du débat et de l’intelligence, par le fait d’intérêts particuliers souvent liés à l’argent". Le dogme libéral "a été littéralement imposé aux gouvernements américains successifs, puis au monde entier, par les multinationales américaines, et à leur suite par les multinationales dans toutes les parties du monde, qui en fait détiennent partout (en raison de leur considérable pouvoir financier et par personnes interposées), la plus grande partie du pouvoir politique", déclare-t-il encore.

> Décidément, le petit théâtre de l'UMP au gouvernement, et dans le Cher au moment des élections régionales, semble bien dérisoire. En tous cas, ces gens là ne sont pas qualifiés pour limiter le pouvoir des multinationales, pour créer des emplois et pour reconstruire !


> Sources :

http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/18/un-million-de-chomeurs-en-fin-de-droits-en-2010_1293051_3234.html

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2956

http://www.leberry.fr/editions_locales/bourges/la_crise_a_coute_3_700_emplois@CARGNjFdJSsGFhkABxs-.html

http://www.betapolitique.fr/5-millions-de-chomeurs-27508.html


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