La France en avance sur le sommet Rio+20. La preuve par la tomate.

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Un sommet de plus après de nombreux G8, G20, voici le petit dernier, le Rio+20 au Brésil. Cent dix chefs d'États ou de gouvernements, un tas de ministres et trois jours de discussions pour sauver la planète une fois encore. Développement durable, protection des océans, gouvernance mondiale de l'environnement, rien que ça. Beaucoup de formules, dont la plus belle est sans doute "l'économie verte". Et dès l'ouverture, déception, la montagne accouche d'une souris et le texte d'accord rédigé dès avant la conclusion des travaux ne change rien car dans chaque domaine, des états poussés par les lobbies ont émis tant de restrictions que le projet est coulé. Mais dans les passages portant sur la mise en oeuvre de l'économie verte ou du développement durable, tout est en faveur des pratiques néolibérales : partenariats public-privé, financements innovants (mais sans taxe sur les transactions financières), défense du libre-échange, promotion des investissements privés... Tout y est basé sur le pouvoir de la finance et la privatisation des biens communs. Pour François Hollande, c'est "une étape, mais insuffisante". De leur côté, Nicolas Hulot, les ONG et associations environnementales dans le monde, tous expriment leur déception.

Ce qu'en dit France Libertés. 

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Pour France Libertés (l'association fondée par Danièle Mitterrand), les gouvernements, chefs d’Etat et multinationales présents à Rio ont présenté une nouvelle idée, celle de "l’économie verte" qui serait la solution miracle à la crise économique, écologique, climatique et sociale que nous traversons. Que signifie l’économie verte, ce dernier avorton de la langue de bois ? L’économie verte revient à considérer la nature et les services qu’elle nous rend comme des marchandises, comme si le bien-être humain pouvait être géré comme un simple capital. C’est prétendre que donner un prix à la biodiversité, à l’eau et à la forêt, serait le seul moyen de leur redonner une valeur et de les protéger.

En somme c'est une vente aux enchères du lot exceptionnel composé de la planète Terre, ses ressources fossiles, ses forêts et sa biodiversité aux entreprises qui en ont les moyens. L’économie verte, c’est une fois de plus l'économie des lobbies industriels et financiers qui veulent aller toujours plus loin dans la recherche du profit. Cette fausse solution perpétue un système où les états n'agissent pas au bénéfice de leurs citoyens, mais au profit des multinationales, un système où l’économie d'entreprise passe avant la protection des biens communs et des droits humains.

Le sommet des peuples.

Un sommet des peuples pour des solutions alternatives s'est déroulé en même temps que le sommet officiel à Rio. À l'initiative de deux cents organisations écologistes et mouvements sociaux du monde, de Attac, Via Campesina (mouvement paysan international) aux mouvements indigènes, en passant par les ONG Greenpeace et Oxfam, ce forum a réuni plus de quinze mille participants chaque jour. En point d'orgue une marche dans Rio avec plus de cinquante mille participants. Les mots d'ordre prenaient comme cible principale la fameuse "économie verte".

La preuve par la tomate.

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Beaucoup plus près de chez nous que Rio+, voici un exemple (tiré d'AgoraVox) qui fait comprendre les enjeux du sommet du Brésil... et sans gaspiller du kérosène. En route Simone, nous allons voir que l'économie verte est déjà au travail en France ! La majorité des fruits, légumes, légumineuses et céréales que nous consommons actuellement (agriculture bio ou agriculture conventionnelle), sont issues à 85 % de semences hybrides F1, c’est à dire des semences modifiées génétiquement pour, non pas être stériles, mais pour être dégénérescentes (ça fait penser à l'obsolescence programmée des appareils électro-ménagers). Si vous essayez de planter des graines issues des tomates ’’Roma’’ ou ’’Monfavet’’ que vous avez achetées au marché ou au supermarché, elles ne produiront quasiment rien de mangeable. Au contraire des fruits, légumes, légumineuses et céréales issues des variétés anciennes de nos grand-pères, qui elles, n’ont subi aucune modification (donc pas des clones F1). Malheureusement ces graines naturelles sont interdites à la vente ! En effet elles ne sont pas inscrites au répertoire du GNIS (Groupement national interprofessionnel des semences), qui est en réalité le catalogue des entreprises des semenciers officialisé par l’administration française ! En France la scandaleuse loi du 11 novembre 2011 sur les certificats d’obtention végétale signifie le vol d’un droit démocratique fondamental aussi vieux que l'humanité. Ce que la nature produit gratuitement et naturellement depuis des millions d’années est désormais privatisé pour servir les intérêts d’une poignée d'entreprises de l'agro business au détriment des citoyens. En somme du totalitarisme, mais vert !

Et ce totalitarisme s'exerce au détriment des sept milliards de citoyens du monde, il détruit la biodiversité, entraîne la disparition de nombreuses espèces animales et végétales et la disparitions par la dégénérescence de centaines de milliers d’espèces. Bientôt, et si on ne les arrête pas, ce sera le tour de l’espèce humaine... En effet, la France n'est pas un cas isolé, car une dizaine de multinationales possèdent aujourd’hui 85 % de la semence mondiale, blé et riz compris. Et elles en abusent : dans tout l’hémisphère sud, Afrique, Amérique centrale et Amérique du sud, en Inde et au sud-est asiatique, il n’y a quasiment plus de semences traditionnelles non hybrides, tout dépend des industries semencières. Le contrôle sur le marché des dix plus gros semenciers est assuré notamment par les semences sous brevet. Selon Context Network, la valeur du marché des semences sous brevet était en 2006, de dix neuf milliards de dollars, et 86 % du marché total des semences.

C'est ça l'économie verte.

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L'agriculture et les humains sont en situation de dépendance totale, l'alimentation des humains dépend d’une poignée d'entreprises multinationales. Et leurs affaires marchent ! Monsanto (USA) réalise un chiffre d'affaires annuel de quatre mille milliards de dollars. Dupont (USA) chiffre d'affaires deux mille milliards sept cent millions de dollars. Syngenta (Suisse) chiffre d'affaires un milliard sept cent millions de dollars. Groupe Limagrain (France) chiffre d'affaires annuel un milliard de dollars. Land O' Lakes (USA) chiffre d'affaires annuel sept cent cinquante millions de dollars. KWS AG (Allemagne) chiffre d'affaires annuel six cent quinze millions de dollars. Bayer Crop Science (Allemagne) chiffre d'affaires annuel quatre cent trente millions de dollars. Delta & Pine Land, filiale de Monsanto (USA) chiffre d'affaires annuel quatre cent dix-huit millions de dollars.  Sakata (Japon) chiffre d'affaires annuel quatre cent millions de dollars. DLF-Trifolium (Danmark) chiffre d'affaires annuel trois cent cinquante millions de dollars.

Que pèsent les politiciens en voyage à Rio+20 à côté de ces puissances d'argent ? Ont-ils la volonté et le courage de les contraindre à l'obéissance en encadrant leur activité par des lois ? On connaît la réponse : il faudra que les citoyens s'en mêlent pour que ça bouge.

Allez, François Hollande, Jean-Marc Ayrault, il va falloir faire plus et mieux. En commençant par abroger la loi du 11 novembre 2011 sur les certificats d’obtention végétale et l'annulation des forages pétroliers en mer de Guyane. Rien qu'une étape...

> Illustrations de haut en bas. 

Le logo du Rio+20 et celui du sommet des peuples. 

Un défilé durant le sommet des peuples à Rio. 

Économie verte de la tomate.

 José reviens !

> Sources. Rio+20 : comment multinationales et marchés financiers comptent s’accaparer la nature  : http://www.bastamag.net/article2479.html

Les semences, patrimoine de l’humanité ou de l’industrie ? http://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/les-semences-patrimoine-de-l-35493

L'appel des peuples du sommet alternatif  http://cupuladospovos.org.br/fr/2012/04/sommet-des-peuples-appel-global/

Dans Basta mag : Rio+20 vers une organisation des multinationales unies ? http://www.bastamag.net/article2494.html?id_mot=84

Le Monde.fr Sommet des peuples sous pression. http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/06/19/rio-20-un-sommet-des-peuples-sous-pression_1721041_3244.html