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Urgent ! Il faut libérer l’Europe de l'ingérence des lobbies.

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Depuis des années Bruxelles est le paradis des lobbyistes. Les pouvoirs de décision réels des institutions européennes et la très faible réglementation du lobbying à Bruxelles laissent le champ libre aux grandes entreprises. On dit que Bruxelles rivalise désormais avec Washington pour le titre de capitale mondiale du lobbying. Voici quelques extraits  librement commentés d'un intéressant article paru sur "Beta politique".

Il y a plus de mille lobbies à Bruxelles, des centaines d’entreprises de relations publiques et de cabinets d’avocats, ainsi que les "bureaux des affaires européennes" de plusieurs centaines d’entreprises. La grande majorité des 15.000 professionnels du lobbying qui travaillent à Bruxelles représentent les intérêts de grandes firmes multinationales. À titre de comparaison, la fédération européenne de l’industrie chimique (CEFIC) emploie à elle seule plus de lobbyistes que toutes les organisations de défense de l’environnement réunies ! 

La complexité des procédures de prise de décision de l'administration européenne, le fait que les décideurs européens n’aient pas toujours de comptes à rendre, l'absence de débat public, l'inertie de la presse, dissimulent l'énorme influence des lobbies. Pourtant ceux ci font un travail méthodique de pression sur l'administration, appuyé sur de gros moyens, une espèce de corruption "soft". En avez vous entendu parler lors de la campagne électorale ? Nos vedettes de la politique ont-elles dit un mot ? Poser la question c'est y répondre….

L’Union Européenne intervient dans des domaines techniques de plus en plus  nombreux qui nécessitent de plus en plus d'experts. Plutôt que de construire ses propres moyens d'expertise indépendants, la Commission Européenne a laissé le champ libre aux lobbyistes qui sont devenus les interlocuteurs "naturels" des preneurs de décisions. Ils disposent d’un accès privilégié aux institutions européennes, aucune réglementation ne contrôle leurs activités, et (sauf exception) la presse n'en parle pas.

Les lobbyistes servent des intérêts privés. Il fournissent des informations, pouvant aller jusqu’à la rédaction d’amendements. Ils contribuent donc à façonner la législation européenne dans un sens favorable aux intérêts des grandes entreprises qui les rémunèrent. 

> Un exemple significatif. Le projet de règlement REACH (Registration, Evaluation and Authorisation of Chemicals) veut instaurer, sur onze ans, un système d’enregistrement, d’évaluation et d’autorisation de quelque 30 000 substances chimiques dangereuses pour la santé. Immédiatement, l’industrie chimique s'oppose au projet, et nie l’impact sanitaire des produits chimiques. Devant l’afflux de travaux prouvant le contraire, elle se ravise. Sa nouvelle tactique est d'inonder la commission en charge du dossier de prévisions dramatisant l'éventuel impact de cette réglementation sur la "compétitivité des entreprises", et ses effets désastreux sur le chômage. Et ça marche ! Finalement, la directive REACH en sort largement édulcorée : deux tiers des substances chimiques prévues ont été écartées de l’évaluation ! Le CEFIC (la fédération européenne de l’industrie chimique), son Président le baron Seillière, un ex membre de la Commission (Jean-Paul Mingasson), mais également Gerhard Schröder, convaincu par les lobbies, ont persuadé Tony Blair et Jacques Chirac de cosigner une lettre à Romano Prodi, l’invitant à ne pas mettre en péril la "compétitivité" européenne des industries chimiques.

Une polémique a opposé Greenpeace à la Commission européenne, car plusieurs membres de la Commission avaient travaillé auparavant dans l’industrie chimique !

> Deuxième exemple. Au sein du BIOFRAC (Biofuels Research Advisory Commitee - groupement chargé de conseiller la Commission Européenne sur les politiques innovantes en matière de biocarburants), l’industrie était représentée par quatre compagnies pétrolières, quatre compagnies de biocarburants, une entreprise agro-alimentaire, une entreprise forestière, une entreprise d’énergie et EuropaBio (groupe de pression des entreprises de biotechnologie en Europe). On dénombrait également un agriculteur et huit universitaires, dont certains avaient des liens étroits avec les industries du pétrole et des biotechnologies. Mais aucune organisation environnementale, aucune association de consommateurs, aucun syndicat, dans ce groupe !

> Troisième exemple. Les groupes de pression des entreprises cachent leurs véritables motivations. Les lobbyistes montent des sociétés écrans, prétendent travailler pour des organisations à but non lucratif, ou encore financent de soi-disant "experts indépendants". La presse s'en est faite l'écho récemment à propos des OGM, ou de l'industrie du médicament. En 2005, on découvrit que la "Campaign for creativity" (C4C), qui se présentait comme une organisation d’artistes, de musiciens, designers, développeurs de logiciels et autres professions de création était en réalité orchestrée par Campbell Gentry, une agence de relations publiques. Les "experts" de C4C ont été très actifs pour faire pression sur les membres du Parlement Européen afin de faire adopter des réglementations favorables aux intérêts des grandes multinationales du logiciel. Bien que leur site web mentionne le "soutien" des multinationales : telles que Microsoft, l’image présentée était celle d’une campagne menée par des individus. Lorsque l’on demanda à C4C des détails sur son financement, aucune réponse claire ne fut formulée... 

> Dernier exemple. Les aller-retour entre le service public et les intérêts privés. Jean-Paul Mingasson, ancien Directeur général de la Direction générale entreprise et industrie de la Commission Européenne entre 2002 et 2004 et du Budget (1989-2002), a quitté la Commission Européenne en 2004 pour occuper les fonctions de Conseiller général de La Confédération des industriels européens (BusinessEurope), présidée par le baron Ernest-Antoine Seillière. Dans le cadre de ses fonctions au sein de la Commission Européenne, Jean-Paul Mingasson était personnellement impliqué dans l’élaboration de la législation de révision pour la réglementation des produits chimiques en Europe : REACH, contre laquelle il commença à faire pression en tant que Conseiller Général de BusinessEurope.

> Derrière la bureaucratie opaque de l'Europe, les lobbyistes s'affairent, au détriment de la démocratie et de l'intérêt des peuples.

On le voit avec ces exemples la frontière entre vie publique et intérêts économiques est devenue tellement mince qu’une clarification du rôle de chacun et la transparence de leurs activités respectives s’imposent. 

Alors, la récente "Initiative Européenne pour la Transparence" va-t-elle faire la lumière sur cette étrange manière de gouverner, et aboutir à des résultats concrets ?

Déjà, les plus grandes organisations représentant les lobbyistes du secteur privé se sont opposées à toute mesure de communication obligatoire de leurs  pratiques,  défendant le secret au nom de "l’auto-régulation". Ils se sont également opposés à la divulgation d’informations financières vérifiables au sujet de leurs activités...

> Pour nous faire croire à  l'Europe, il faudra d'abord chasser les marchands du temple  !

Lire l'article complet sur :

http://www.betapolitique.fr/A-Bruxelles-les-lobbies-contre-la-30918.html


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