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Oui, le Front National est un parti d'extrême droite.

Marine-LePen-extreme-droite

Le député PS Jean-Christophe Cambadélis vient de jeter un pavé dans la mare à propos du Front National. Heureusement, il n'est pas le seul à s'indigner de l'attitude des dirigeants du FN qui prétendent interdire par voie de justice qu'on qualifie le Front National de parti d'extrême droite, ou fasciste ou neo fasciste. Venant d'un groupe qui a en quelque sorte usurpé le nom du vrai Front National (qui regroupait les organisations de la Résistance), cette prétention est un peu cocasse et entièrement sans vergogne. Dommage que les journalistes des grands médias se montrent aussi complaisants à l'égard du FN et aussi peu soucieux de faire leur métier et d'informer les français (par souci de "neutralité" ?)...

Pour Cambadélis, Marine Le Pen "est d’extrême droite parce qu’elle estime qu’il y a des français qui par leur culture et leur histoire ne sont que des français de papier.
Elle est d’extrême droite parce qu’elle ne respecte pas le principe d’égalité.
Elle est d’extrême droite parce qu’elle veut porter atteinte à la liberté en faisant interdire de penser différemment.
Elle est d’extrême droite parce qu’elle remet en cause la fraternité en pratiquant l’islamophobie.
Elle est d’extrême droite parce qu’elle fait des élites des ennemis du peuple.
Elle est d’extrême droite parce qu’elle s’attaque au droit des femmes par la remise en cause de l’avortement.
Elle est d’extrême droite par ses fréquentations d’extrême droite en Europe.
Toute l’idéologie Frontiste est bâtie autour du refus de l’égalité vécue comme un égalitarisme "nivélateur". Toute la politique du Front National est construite sur la hantise du métissage et la stimulation de la xénophobie".
Et Jean-Christophe Cambadélis appelle à résister en dressant un mur citoyen : "j
’appelle tous les parlementaires, tous les démocrates à mettre sur leur blog ou site, statut Facebook, sur twitter, poster partout le Front National, Marine Le Pen est d’extrême droite"

De son côté, Jean-Luc Mélenchon n'est pas moin clair : pour lui le FN est "ce vieux parti de la haine qui, à chaque génération, a besoin de détester quelqu’un. La génération précédente ils détestaient les Juifs, la suivante ils détestent les Juifs et les Arabes, et la suivante, c’est-à-dire quand ce sera la petite-fille de Le Pen qui deviendra le président du Front national, ils détesteront les Juifs, les Arabes et les Chinois et puis je sais pas quoi, les Martiens". En 2011, la candidate du FN avait saisi le doyen des juges d'instruction de Paris d'une plainte pour "injures publiques", reprochant à Mélenchon d'avoir utilisé le terme "fasciste" pour la qualifier. Marine Le Pen "fasciste": pour Mélenchon, c'est un fait politique, pas une injure : "Fasciste n'est pas une injure, c'est une caractérisation politique (...) qui est une description d'un processus, d'une identité politique caractérisée par des faits extrêmement précis." Et Mélenchon expose le raisonnement qui lui permet de qualifier Marine Le Pen de "fasciste". "C'est très typique de l'attitude du Front national qui ne cesse de dénoncer les syndicats comme corrompus, comme vendus au patronat. Deuxièmement, c'est une vision de l'organisation de la société par corporation. Voilà ce qu'est le fascisme historiquement".

La présidente du Front national s'en défend : son parti n'est "ni antisémite, ni raciste, ni xénophobe". Pourtant certains de ses fondateurs et anciens membres éminents étaient bel et bien des fascistes, des collaborationnistes et des négationistes, comme le relève l'Express.
A l’origine, en 1973, le Front National s’est créé sur une idéologie nationaliste et discriminatoire. Parmi les fondateurs et membres de sa direction de l'époque on trouve de nombreux hommes de la collaboration, du vichysme, du pétainisme, de la Milice, de la waffen SS, catholique sintégristes, anticommunistes, fervents du colonialisme, de l'OAS… Exemples.
François Brigneau, co-fondateur et vice-président du Front national de 1972 à 1973, était collaborationniste pendant la Seconde guerre mondiale et engagé dans la Milice. Journaliste, notamment au journal d'extrême droite Minute, il a été plusieurs fois condamné pour des écrits et des propos antisémites.
Autre collaborationniste, Léon Gaultier était un proche de Paul Marion, secrétaire général à l'Information du gouvernement Pétain et chroniqueur sur Radio Vichy. Léon Gaultier a combattu sous l'uniforme Waffen-SS sur le front de l'est en 1944. Il crée la société d'édition SERP avec Jean-Marie Le Pen.
André Dufraisse lui aussi ancien du front de l'est sous l'uniforme allemand (ce qui lui valut le surnom de "Tonton Panzer"), entre au bureau politique du FN en 1972, puis est nommé responsable de la fédération de Paris en 1983. 
Roland Gaucher est un compagnon de route de Jean-Marie Le Pen. Ce très proche de Marcel Déat cofonda le FN.
Citons encore Victor Barthélémy, l'ancien secrétaire de Jacques Doriot, devenu secrétaire général du FN de 1973 à 1978. 
François Duprat était enfant pendant l'Occupation allemande. Ce qui ne l'empêche pas de militer ensuite dans l'extrême droite et d'oeuvrer au rapprochement du groupuscule Ordre nouveau et du FN, dont il devient le numéro deux. Ce militant national-révolutionnaire avait auparavant collaboré avec le journal Défense de l'Occident, de Maurice Bardèche, considéré comme l'un des fondateurs du courant négationniste. 

Bien entendu, le Front National a su s'adapter au contexte au fil des années. Aujourd'hui, ce n'est pas un décalque exact du parti national socialiste, ni des collaborateurs pétainistes, ni des activistes de l'OAS. Mais le fond reste le même, comme le montrent Cambadélis et Mélenchon. Ce fond est aussi un point commun avec les autres partis d'extrême droite en europe, d'ailleurs le FN faisait partie de leur groupe au parlement européen. Le groupe s'intitulait  : Identité, Tradition, Souveraineté (ITS) et le Front National en avait pris la tête avec sept membres sur vingt. On y comptait également cinq députés du Parti de la Grande Roumanie, trois Belges du parti flamand Vlaams Belang, deux Italiens des partis néo-fascistes (dont la petite fille de Mussolini), un Autrichien du FDP, un Bulgare du parti ultranationaliste Ataka et un Britannique (depuis 2007 et suite au départ des Roumains, le groupe a cessé d’exister).

sigles MSI FN - copie

Le FN cajole les exclus, les chômeurs, les pauvres, pour avoir leurs voix (ce qu’ont fait tous les partis fascistes et néo fascistes). Il se nourrit des anxiétés et du manque d'éducation de certaines populations souvent en situation précaire, pour leur servir un discours simpliste faisant (par exemple) l'amalgame entre le chômage et l'immigration, alors qu'aucune analyse sérieuse ne le confirme. Si vous êtes au chômage, ce n'est pas la faute du patron qui vous a licencié, mais c'est parce qu'un autre a pris votre place ! Il fonde son service d'ordre et ses interventions sur des nervis issus de l’extrême droite et des mouvements néo nazis… les agressions (voire les crimes) qui ponctuent son histoire l'ont démontré.

Le fascisme est toujours né des incapacités du système marchand à résoudre ses contradictions, et de son système politique à maintenir la paix sociale. En conséquence, le Front National  prétend faire sortir la France de l'euro et de l'Europe  ...mais pas du capitalisme. Surtout pas ça !
Certaines de ses idées épousent l'opinion du moment, d'autres sont même majoritaires, ou soutenues par une partie importante de la population. Elles sont toujours reprises de façon démagogiques, souvent dangereuses et à combattre, car elles ne sont que la partie visible du projet d'extrême droite.
La sous représentation du FN en nombre d'élus arrange les affaires des deux grands partis politiques français, mais ne règle aucunement la question de l’émergence des idées d'extrême droite dans notre pays. En effet la plupart des politiciens et des médiacrates préfèrent diaboliser le FN que de produire des arguments pour le démasquer et le combattre. Ou pire encore, de faire sa propagande en dénigrant quotidiennement les syndicats de salariés.

Enfin, et pour conclure ce petit résumé d'articles de presse, les français ont-ils tous observé que le sigle du FN, la flamme, est la reproduction de celui du MSI, le parti néo fasciste italien ? Un petit détail plein de sens....


> Photos. De haut en bas : 

1/ L’ancien militant des jeunesses hitlériennes et combattant SS, Franz Schönhuber (Président du REP), aux côtés de Marine Le Pen.

2/ Les chefs des partis d’extrême-droite. Autriche  (FPÖ, Heinz-Christian Strache), France (FN, Marine Le Pen), Angleterre (BNP, Nick Griffin, Pays-Bas (PVV,  Geert Wilders), Norvège (FrP, Siv Jensen) et Allemagne (REP, Franz Schonhuber).  Et aussi en Belgique (VB, Bruno Valkeniers), et en Italie Pino rauti, absents de la photo.

3/ Ce cliché a fait le tour d’internet. On y aperçoit Marine Le Pen et son compagnon, Louis Aliot (vice-président du FN), lors d’un bal organisé par des organisations d’extrême droite autrichiennes, début 2012. 

4/ Photographie de 2006. La Présidente du Front national, Marine Le Pen, entourée de deux militants néonazis de la région lyonnaise. >>> Lien.

5/ Les sigles du MSI et du FN.

> Sources :

Le blog de Jean-Christophe Cambadélis. >>> Lien.

L'Express : Fascisme, antisémitisme, la mémoire sélective de Marine Le Pen. >>> Lien.

Front National et "démocratie", les questions qui fâchent ! Patrick Mignard. >>> Lien.

L'Extrême-droite prospère sur les angoisses des populations. Jol presse. >>> Lien.

Marine Le Pen "fasciste": pour Mélenchon, c'est un fait politique, pas une injure. >>> Lien.

> Lire dans Wikipedia : Fascisme. >>> Lien.