La Borne. Les nouvelles fuites de WikiLeaks. | gilblog-archives. | Jean Pierre Gilbert >

Les nouvelles fuites de WikiLeaks.

Après les vidéos de bavures US en Irak, les documents que WikiLeaks diffuse cette fois ci le 28 novembre, sont 251 287 télégrammes diplomatiques du Département d'Etat US et de toutes les ambassades américaines dans le monde. Un grand nombre sont classés "confidentiel" ou "secret".

Le quotidien Le Monde est partenaire de WikiLeaks dans cette opération de publication de documents. Quatre autres grands journaux et cent vingt journalistes y participent et travaillent depuis plusieurs semaines à lire et à analyser ces télégrammes. Ce sont : The New York Times aux Etats-Unis, The Guardian en Grande-Bretagne, Der Spiegel en Allemagne, El Pais en Espagne.

Dans The Guardian le rédacteur en chef déclare que le rôle des médias n'est pas d'épargner aux pouvoirs les situations embarrassantes. Et il ajoute que "les contribuables ont le droit de savoir comment les milliards de dollars qui arrivent en Afghanistan dans le cadre de l'aide internationale en repartent le plus simplement du monde par l'aéroport"...

> Une révélation parmi d'autres.

"Les communications des ambassades seront diffusées par étapes au cours des prochains mois. Les sujets couverts par ces câbles sont d’une importance telle, et leur couverture géographique si étendue, que procéder autrement ne rendrait pas justice à ces documents", a déclaré Julian Assange. 

On attend avec impatience les prochaines révélations qui sont annoncées pour les jours qui viennent. Toutes ne sont pas d'une même importance, mais en voici une qui vaut son pesant de pâté aux pommes de terre !

Des instructions du Département d'Etat, signées par Hillary Clinton, demandent aux diplomates en poste dans certains pays de développer leur activité de renseignement, jusqu'à se procurer l'ADN de certaines personnalités ! Commentaire du New York Times : les Etats-Unis ont "brouillé" (blurred) les limites entre la diplomatie et l'espionnage. 

Cette directive demande aux diplomates étatsuniens d'obtenir des informations peu ordinaires sur leurs interlocuteurs, comme leurs habitudes de travail, les mots de passe de leurs réseaux de communication, leur numéro de carte de crédit, leur carte de fidélité de compagnies aériennes… Et aussi leur ADN ! Les principales cibles sont les diplomates de pays dits "sensibles", mais aussi ceux des pays alliés comme la France, et même l'ONU et son Secrétaire Général Ban Ki-moon.

Les documents publiés par WikiLeaks montrent qu'une trentaine d'ambassades étatsuniennes (dont celle de Paris), ont reçu les instructions d'Hillary Clinton. Déjà connus pour être des agents de la CIA camouflés (ou soupçonnés de l'être, pour les plus innocents), les diplomates US apparaîtront désormais aux yeux de tous comme des employés des services de renseignement !

> WikiLeaks et les médias "officiels".

Des informations, des analyses et des commentaires, et tout un travail journalistique se font en dehors des rédactions des médias "officiels". Dorénavant l'événement arrive par les sites internet. Les pseudo journalistes qui recopient les dépêches des agences de presse, et qui participent au dîners du Siècle en compagnie de Bernard Arnault et Dominique Strauss-Kahn, dénigrent les journalistes du web et les révélations qu'ils publient. On peut les comprendre les pauvres, le public se détourne d'eux. 

Certains médias essayent de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Que Wikileaks révèle que Berlusconi fréquente des filles aux moeurs légères, ou que Nicolas Sarkozy est un homme autoritaire et susceptible, on le savait déjà et on s'en fiche. Que Julian Assange soit un drôle de bonhomme, qu'il tombe sous un autobus, qu'il soit demain victime d'une overdose ou d'un suicide foudroyant, qu'il soit à tort ou à raison accusé de viol, ça n'est pas impossible, mais ça ne change rien à la nature des informations révélées par WikiLeaks. 

Cependant, croire que Wikileaks peut soulever le couvercle de tous les secrets de pouvoir est sans doute un peu naïf. Car le véritable pouvoir est essentiellement caché et silencieux, il n'archive pas les notes et résumés, évolue dans des circuits peu institutionnels, il utilise les procédures et les appareils légaux, mais sans en dévoiler les véritables finalités.  Il y a encore du pain sur la planche pour WikiLeaks !

> Des commentaires qui ne font pas avancer le chmilblic.

"Dans une société libre, nous sommes censés connaître la vérité. 

Dans une société où la vérité devient une trahison, il y a un gros problème".

[Ron Paul, député US du parti Républicain]


Sur les chaînes télé, des journalistes s'interrogent gravement : "mais comment les gens de WikiLeaks ont-ils pu se procurer ces documents ?". Ils ne nous donnent aucune information sur leur contenu. Ils ne se demandent pas si ces télégrammes sont vrais, ni comment ils ont été vérifiés par leurs confrères du Monde ou du New York Times.  Pourtant, Hillary Clinton demandant à ses diplomates de faire l'espion, c'est croustillant !!!

Sur France Inter, lundi 29 novembre 2010,  Bernard Guetta dénigre l'information quand elle est diffusée sur le web : il met tout dans le même sac : journalisme d'investigation, sites d'opinion, blogs, sites porno ou de voyance ! C'est l'argument idiot et manipulateur que de trop nombreux journalistes "professionnels" emploient pour semer la méfiance envers l'investigation et tout ce qui circule sur le web. Par ce comportement, ils montrent surtout leur ignorance et une certaine incompétence.

La palme revient sans conteste à François Baroin qui déclare sur Europe1 le 29 novembre, "une société transparente est une société totalitaire". On croirait du George Orwell (vous savez, "la liberté c'est l'esclavage" comme dit Big Brother dans 1984). François Baroin (ancien journaliste et nouveau ministre), ne mesure pas l'énormité de son propos et dépasse allègrement la gaffeuse Christine Lagarde dans le style Neuilly-Auteuil-Passy, genre émigré de Coblence. 

Mais ce qui est une faute dans une démocratie c'est de déclarer que dénoncer un scandale est plus grave que le scandale lui-même. 

On attend avec curiosité les nouvelles trouvailles de WikiLeaks. 

Ce seront peut être les conciliabules entre certains journalistes et hommes de pouvoir ?


> Sources : 

Slate. Hillary Clinton et WikiLeaks : http://www.slate.fr/story/30955/wikileaks-cablegate-hillary-clinton-demission

AgoraVox : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-effet-assange-85147

Owni : http://owni.fr/2010/11/27/wikileaks-statelogs-live-application-assange-diplomatie/

WikiLeaks. Suite à de nombreuses pressions et attaques, le site WikiLeaks n'est plus disponible à l'adresse habituelle.

Mais il suffit d'aller sur un site miroir. Voici où trouver la liste :  http://wikileaksmirrors.tumblr.com/

Un commentaire ?