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Le fascisme va-t-il un jour gouverner en France ?

Abstention

Après ces élections, et comme d’habitude, les médias n’accordent que peu d’attention à la signification politique du nombre élevé d’abstentionnistes. Cette vérité dérange et dément toutes les "analyses”, pourtant, il s’agit bien de l’expression d’un refus du choix des politiques proposées aux citoyens ! Et 22 689 039 d’abstentions en France c’est la majorité, puisque les suffrages exprimés ne sont que 21 708 031 ! Rappelons qu’il y a en France 5,7 millions de chômeurs, dont 3 millions reçoivent des indemnisations. Plus de 2,4 millions de personnes touchent le RSA, 1,3 millions sont sans travail et sans aide sociale. Plus de 9,4 millions sont victimes du sous-emploi. La misère sociale s’est progressivement installée dans notre pays pendant quarante années d’un chômage de masse qui ronge la société, et les gouvernements de droite et de “gauche" n’y ont apporté aucun remède. Pas étonnant que l’abstention soit le parti du refus et le véritable premier parti de France. Les politiciens professionnels devraient s’en souvenir et faire preuve d’humilité : au lendemain du deuxième tour, ils seront tous des mal élus et ne représenteront que les votants d’une minorité d’électeurs. 

Pas étonnant non plus que le Front National bénéficie de cette crise désastreuse et que ses listes soient en tête dans six régions sur treize. Mais, n’en déplaise aux commentateurs, avec six millions de voix le FN n’est pas le premier parti de France, il arrive loin derrière les abstentionnistes. Maigre consolation.

Face à la grave situation résumée plus haut, on s’attendrait à voir la mise en œuvre d’une politique de redressement. Mais la hausse du chômage et la dégradation de notre économie sont systématiquement minimisées et maquillées par les gouvernements successifs de droite et de “gauche”. Les politiciens professionnels préfèrent concentrer leur énergie sur les stratégies électorales et sur les astuces en communication. À force de dire tout et son contraire, de détourner l'attention sur des problèmes secondaires, à force de trahir les électeurs dès qu'ils arrivent aux responsabilités, les politiciens ont perdu la confiance des citoyens. Pas étonnant que déçus et en colère, certains s’abstiennent tandis que d’autres se tournent vers le vote Front National, ignorant que c’est un parti fasciste. Mais à force de pratiquer un jeu de dupes, à force de faire semblant d'être contre l'austérité tout en l'imposant, les hommes qui gouvernent ne sont-ils pas entrain de préparer lâchement et hypocritement la venue au pouvoir du Front National ?  

Marine-Le-Pen-front-N

Après tout ce ne serait pas nouveau, la France a connu de pareilles trahisons dans son histoire. Quand les députés ont voté les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, préférant Hitler au Front populaire. Quand Guy Mollet a relancé la guerre en Algérie alors qu’il avait promis à ses électeurs de faire la paix. Quand Chirac a prétendu s’attaquer à la “fracture sociale” pour être élu, et a conduit une politique antisociale. Quand François Hollande a désigné son adversaire : la finance pour être élu, et a fait ensuite cadeau sur cadeau au patronat.

Dire que le FN est xénophobe et qu’il rejette l’Autre ne sert pas à grand chose puisque que c’est précisément pourquoi nombre de ses électeurs votent pour lui. Dire l’irréalisme et la dangerosité de son programme économique n’est pas mieux : beaucoup de ses électeurs ne souhaitent pas véritablement son arrivée au pouvoir, ils votent FN comme ils pousseraient un cri d’alarme et de ras-le-bol. 

Les médias ont manqué à leur mission en n’expliquant pas ce qu’est le FN. Ils présentent le FN comme un parti protestataire sans dire le danger qu’il constitue, ils relayent ses arguments sans jamais dire ni expliquer que c’est un parti fasciste ….ce faisant, ils renforcent le courant en sa faveur. Les politiciens PS et UMP ont laissé faire cette normalisation hypocrite du FN, ils n’ont jamais mis les choses au point en appelant un chat un chat. La pire des “critiques” adressée au Front national est l’emploi de l’adjectif “populiste” à son égard ! Tout cela signifie que les politiciens approuvent les médias et leur fournissent probablement les “éléments de langage”.

Pourtant, au delà des phrases provocatrices de Jean-Marie Le Pen, il faut savoir le FN a été fondé par d’anciens collabos et soutiens du régime Pétainiste de Vichy, des anciens du mouvement terroriste de l’OAS et d’autres membres de la pire extrême droite de notre pays. Des gens qui sont des admirateurs de Mussolini, Franco et Hitler (qui n’étaient pas d’innocents “populistes”) !

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Comme Mussolini et Hitler dans leur processus de prise de pouvoir, le Front National use d’arguments critiques : les politiciens professionnels sont tous pourris, l’Europe libérale nous impose de mauvaises politiques. Tout comme Mussolini, ancien socialiste, qui utilisait un vocabulaire socialisant pour séduire le peuple. Il exploite la menace du chômage, toujours en tête depuis quarante ans dans les préoccupations des Français, avec le terrorisme, l'insécurité et l’immigration (les immigrés volent le travail des Français). Faisant mine d’avoir abandonné l’antisémitisme pour l’anti islamisme, le FN prétend construire des frontières pour protéger la France : frontière intérieure entre Français et immigrés, avec la préférence nationale qui réserverait le bénéfice des aides sociales aux Français “de souche” ; frontières nationales, en réclamant la fin de l’espace Schengen et en mettant en cause l’appartenance à l’Union Européenne ; frontières économiques, avec le refus de la mondialisation ; frontières culturelles, avec une fausse laïcité qui n’est qu’anti arabe, qui veut interdire le port du voile mais affirme les racines chrétiennes de la France. Et aussi (selon une vieille méthode de ses inspirateurs), il reprend certaines des propositions de ses adversaires pour se donner un air “proche des intérêts du peuple” à des fins purement tactiques.

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Notre système politique repose sur l’idée que les différents courants d’opinion et la volonté générale s’expriment grâce aux élections et à la démocratie représentative. Mais depuis plusieurs années ce système est en crise et les règles électorales biaisées, il n’y a pas de volonté générale majoritaire car on ne propose plus aux Français de voter pour choisir des politiques, mais un vote défensif pour faire barrage à un Front National quasiment privé de députés. Pire, on constate une défiance générale à l’égard du président élu et le divorce entre le peuple et ses dirigeants, illustrés par l’abstentionnisme majoritaire et le vote FN. 

Combien de temps ce jeu malsain et pas du tout démocratique peut-il durer en France ? Quel basculement nous attend ? La crise économique, le chômage de masse, la crise de représentativité politique placent la France dans une situation qui évoque l’effondrement de la république de Weimar et l’arrivée d’Hitler à la chancellerie. On peut redouter que, par des glissements successifs, de nouvelles alliances se nouent à droite, comme ce fut le cas dans les années quatre vingt où l’entente électorale avec le FN fut pratiquée par le RPR (comme à Dreux) et par les principales personnalités de l’UDF, comme François Léotard ou Jean-Claude Gaudin. En 1986, plusieurs dirigeants de l’UDF, tels Jean-Claude Gaudin et Charles Millon, ont dirigé ensemble avec l’extrême droite.

> Ainsi commence le fascisme. Il ne dit jamais son nom, il rampe, il flotte, quand il montre le bout de son nez, on dit : c’est lui ? Vous croyez ? Il ne faut rien exagérer ! Et puis un jour, on le prend dans la gueule et il est trop tard pour l’expulser. [Françoise Giroud]


> Wikipedia. Paul von Hindenburg. >>> Lien. 

L'effondrement de la république de Weimar et l'ascension d’Hitler. >>> Lien.