La Borne. Contre-Grenelle 2011, mais qui don qu'cé don ? | gilblog-archives. | Jean Pierre Gilbert >

Contre-Grenelle 2011, mais qui don qu'cé don ?

En haut, un livre de Paul Ariès.

Le troisième "Contre-Grenelle" s’est tenu le 2 avril 2011 à Vaulx-en-Velin, rassemblant près de huit cents personnes. Le thème "décroissance ou barbarie" signifiait selon les mots de Paul Ariès (un des organisateurs), "Rompre avec la domination continue des uns sur les autres et de tous sur la planète. La survie ne nous intéresse pas : nous voulons la joie de vivre et le partage d’autres richesses. Notre décroissance en effet n’est pas une décroissance 'faute de mieux' comme commencent à le développer ceux qui hier ont promu la croissance".

En fait derrière le mot la croissance (les mots au sens vague, c'est pratique), on trouve quelque chose que tout le monde est à même de constater : la croissance c'est la croissance ...des profits. Quels bénéfices les peuples tirent-ils de cette fameuse croissance ? Aucun. Pour résumer au lance pierre : les peuples du tiers monde sont affamés, les peuples du monde industrialisé sont victimes du chômage. Tous les peuples (et la vie sur terre) sont menacés par la dispersion des substances mortelles de Fukushima, la pollution du golfe du Mexique, celle du pétrole du Nigéria, l'utilisation des OGM sans études préalables, la pollution et la raréfaction de l'eau, l'épuisement des ressources naturelles (minerais, pétrole), et la liste est interminable.

En somme (si j'ai bien compris), la décroissance c'est l'inverse. La décroissance c'est d'abord la décroissance des injustices, qu'elles soient écologiques, économiques ou sociales. Elle s'oppose à la marchandisation du monde, au productivisme, au consumérisme qui montrent leur échec. 

Les partisans de la décroissance (ils s'intitulent eux mêmes "objecteurs de croissance"), soulignent que 20 % des humains consomment 80 % des ressources, la question du partage et de la répartition des richesses est donc essentielle à leurs yeux. Pour eux, il est temps d’en finir avec le culte de la toute-puissance et de la vitesse.

Les gouvernements essayent de nous faire avaler que "nous sommes tous responsables". Mais, selon l'avis de nombreux citoyens, il y en a qui sont plus responsables que les autres ! Trions nos déchets, changeons les ampoules, utilisons nos voitures de façon plus raisonnable, oui. Mais on a envie de dire aux politiciens donneurs de leçons : commencez par faire votre travail, faites stopper les pollutions, arrêtez de légiférer en faveur de multinationales, n'écoutez plus les lobbies de la chimie et de l'agro business, encadrez l'activité des industries polluantes, arrêtez la privatisation de l'eau, interdisez l'extraction des gaz de schiste, sortez nous du nucléaire, recréez les emplois que vous avez laissés détruire, "relocalisez" les entreprises ! Travaillez pour les humains, ce sont eux qui vous ont élus !

Les "objecteurs de croissance" sont très critiques envers le Grenelle de l'environnement. Selon eux, il a été rapidement vidé d'une grande partie de son contenu par les politiciens qui l'avaient organisé. Le Grenelle de Sarkozy-Borloo-Hulot n’a satisfait que les productivistes et les tenants de l’écologie libérale (vous savez, le greenwashing). Les Verts n'échappent pas à la critique, il semble qu'ils essayent une mutation politique dont la principale ambition serait de passer devant le Parti socialiste dans les élections des années à venir. Mais, pas plus que Dominique Srauss-Kahn, le banquier du FMI ne peut être un symbole de la gauche, ni "l’hélicologiste" Hulot (salarié de TF, financé par EDF et l'Oréal ), ne peut être un symbole de l'écologie véritable.

Le troisième contre-Grenelle du 2 avril 2011et les événements récents témoigneraient-ils que "nous allons vraiment dans le mur" ? Le libéralisme économique échevelé qui domine actuellement est-il sur le point de dévorer à la fois la Terre et l’humain ? Pour les "objecteurs de croissance", l'effondrement qui nous menace n'est pas seulement énergétique ou environnemental, il est aussi social, culturel, politique, moral. Nous sommes sur le point de dépasser une série de seuils irréversibles dans l'ensemble de ces domaines, car nous sommes entrés dans une ère de véritable chaos.

Toujours selon les objecteurs de croissance, l’humanité va connaître le plus important changement global de toute son histoire, et en quelques décennies. Le choix de la stratégie du chaos est ouvertement assumé par les puissances de l’argent. Elles y voient la condition pour imposer l’adaptation de la terre et de l’humanité elle-même aux besoins du productivisme et aux nécessités du capitalisme triomphant (oh le gros mot !). Car le capitalisme vert veut adapter la planète aux besoins du productivisme avec la géo-ingéniérie, et aussi adapter l’humanité plus encore à la croissance... de ses profits.  

Mais, selon Paul Ariès, l’effondrement est aussi politique avec la crise de la démocratie et la montée de l’abstentionnisme et de l’indifférence, mais aussi l’inanité des projets politiques et leur décalage total par rapport aux attentes des français et à l’urgence de la situation.

Nous voilà dans de beaux draps !

Quelques lecteurs de gilblog pourraient trouver intéressant de connaître les travaux du Contre-Grenelle 3. Sans adhérer à toutes les thèses des intervenants, on pourrait y puiser des réflexions nouvelles et peut être quelques raisons d'agir et d'espérer.

Alors, cliquez sur ce lien, choisissez parmi les vidéos et faites votre programme....

http://www.contre-grenelle.org/?chemin=videos