La Borne. Berlaudiot prend l’autocar. | gilblog-archives. | Jean Pierre Gilbert >

Berlaudiot prend l’autocar.


Les nouvelles histoires de Berlaudiot.


Berlaudiot-autocar-poules copie


C't’histouére là, à s’passe dans l’autocar parce que Berlaudiot doit aller de La Charnivolle au marché de Mareuil sur Clavière anc’ deux casiers d’poules, mais sa deudeuche al’ est cheu l’garagis’ pour y nettoyer l’carburateur…. 

Alors y dit à la Huguette : ça fait rin, j’vas prend’ eul' car ! Voila pourquoi c’t’histouére là, à s’passe dans l’autocar. Mais p’têt’ bin que Berlaudiot n’aura pas l’dernier mot c’te foué là…. va savouér.

Notre héros se rend chez la Zézette pour attendre eul’ car et raconter ce changement de programme. “Aller à Mareuil pour vend’ quat’poul’ c’est ti qu’tu veux tuer le loup à coups d’chapiau, Berlaudiot !” s’exclame la Zézette qu’a toujours un proverb sul’coin du feu…

Bon, ça y est, c’est l’heure. Berlaudiot prend ses deux casiers d’poules et y monte dans l’autocar.
Dame, c’est qu’ça roule encore ceux machins là.
Y les ont minme peinturlurés anc’ des noms qu’on donne d’habitud’ à des monde. Cheu nous y les ont baptisé Rémi, c’est ti pas une affée c’t’idée là tout d’même !

Et v’la qu’en montant l’escalier du car, Berlaudiot se tord la cheville !
Y fait quieuques pas coum’ s’il avait des calons sous les artous et se laisse tomber sur un siège.
Berlaudiot fait une grimace en massant sa cheville endolorie, pousse un grand soupir et commence une longue plainte.

Et là, y fait :  Ah, j'en ai ti marre, j'en ai ti marre ! C'est pas possib’, y a pas moyen ! On paye pour eul’ garagis’, on paye la tévéa, on paye minme des impôts, on s’fait mal en montant dans yeu autocars. Tout ça pour des poules ! Et pi quoué ? alors ... Oh, bin, ça va ti mal quand ça va pas bien !... 

Sur le siège de l’autre côté de l’allée y a un gars qui le regarde et puis qui lui fait: 

~ Ça va aller, monsieur vous n’avez pas trop mal ? 

Bin alors non, ça va pas. Arreuille toué bin mon gars, tu voué ti, je sons poulailleux ... 

Le gars répond : Pardon monsieur ? 

Poulailleux ! 

- Poul’ ? 

- Oui, poulailles... poulailleux... j’vends des poules. 

Le gars, habillé comme un gros pésant d’Septaine, la chaîne de montre  su’ l’estouma’ (il est sans doute pas du coin…), comprend enfin : Ah oui ! qu'y dit, des poules, des poules, poulailleux, c’est ça, vous vendez des poules. 

Berlaudiot pousse un grand soupir.

Eh bin, pens’ don ! À quoué don qu’ça sert d’aller fée l’marché, j’vous d’mande un peu ! C’est coum’ ça la vie : l’un a la peine, et l’aut’ a pas l’profit !… Avant, les clients y v’naient, y regardaient, y regardaient une foué, deux foué, trois foué, y choisissaient, y z’ach’taient eun’ poule, deux poules.… Maint’nant c'est plus possib’. Y z’arrivent, y yeu tripotent les cuisses, y yeu tâtent eul’ croupion, y yeu tâtent eul' ventr’ ….Et y z'achètent rin !

- Bin, dit le gars, si ça peut vous consoler, je suis dans le même cas que vous. 

Ah ! T’es ti don poulailleux ? 

- Non, mais j’ai deux filles à marier ! 


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