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Berlaudiot et la chasse à courre.

Les nouvelles histoires de Berlaudiot.


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À La Charnivolle y a un baron. C’est l’baron de Beaupied de La Charnivolle qu'y s’appelle, mais on dit l’baron d’Beaupied, c’est plus court. On l’voit pas souvent à son châtiau de Beaupied, pasqu’il est plus souvent à Paris ou dans son île des Caraïb’, ou dans ses champs d’pétrole a r’garder pousser les derriques. Mais il est pas chtit l’baron de Beaupied, c’est lui qu’a payé l’nouveau clocher d’l’église, et pi qu’a payé l’terrain d’foot’. T’as qu’à vouér’ !

Justement, cette année, il va organiser une grande chasse à courre avec les paltots rouges et pi les casquettes noires, les cors de chasse et pi les chiens. Ça va encore fée un sacré bouzin c’t’affée là !

Comme on s’en doute, chez la Zézette Descloux, toutes les conversations tournent autour de la chasse à courre du baron. Paulin Chigot (dit "cadet"), Hector Trémeau (dit "chicoin"), Simon Taillemitte (dit "chasse rosée"), Antoine Bedouillat (l’fils de la postière, dit "nez d'chat"), et Julien Testard, le boulanger (dit "la belette”) et pi Pierrot Chamaillard (dit “nainain”), y vont de leurs commentaires et échangent des souvenirs de chasse. 

D’un coup le Julien Testard, a une illumination. Et si on disait au baron d’inviter Berlaudiot ?

En v’la encore une idée, grommelle la Zézette (al’ a beau êt’ derrière son comptoir, al’ entend tout), et pi coum’ d’habitud’ la v’la qui débagoule un d’ses proverb’ : “Eh ! Testard, si la bêtise al’tait un péché, faurait bin agrandir l’enfer !” 

Inviter Berlaudiot ? En v’la eun boun’ idée ! Sûr qui va encore nous fée rigoler un bon coup l’Berlaudiot, s’esclaffent les gars.

Et bin, si la malice chauffait coum’ eul’ feu, le bois y s’rait pas si cher ! commente la Zézette en yeu servant eun’ tournée.

Croyez le ou pas, mais en livrant les croissants au châtiau de Beaupied, Julien Testard suggère au baron d’inviter Berlaudiot. Et ça marche, le baron répond qu’il enverra une invitation à Berlaudiot. 

Le jour de la chasse arrive. Au moment du départ, grande agitation dans la cour du châtiau, les invités en tenue font des va et vient, les chiens aboient, les joueurs de cor soufflent dans yeu trompes. Dans les écuries, il fait sombre, on se presse, on crie, on cherche son cheval. Finalement, chacun enfourche sa monture et tous sortent en bon ordre. Il ne manque que Berlaudiot.

Enfin, le v’la qui sort de l’écurie.… 

Il est accueilli par un concert de rires. Berlaudiot, assis tout dret, est monté à l’envers su’ l'cheval !

Hé ! Berlaudiot, c’est ti qu’ta têt’ al’ a changé d’côté ? dit l’un.

Bin non, dit un autre, y veut seument surveiller ses arrières !

Incrédule, Berlaudiot les regarde et ne comprend pas leur agitation.

Allons Berlaudiot, descend don d’la, tu vois don pas qu’t’es monté à l’envers ?

- J’son pas monté à l’envers, répond Berlaudiot. J’son monté du pied droit bin coum y faut ! Mais y m’ont donné un ch’val qu’est gaucher !


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