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Supplique à Daniel Colling.

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Monsieur Daniel Colling, lisez ma supplique, laissez chanter les chanteurs, laissez sonner la musique, pensez aux spectateurs qui sont la raison d'être du Printemps de Bourges (...et qui payent leurs places). 

Après une longue enquête et mûre réflexion, je suis en mesure de confirmer mes soupçons sur l'existence d'un complot dont votre festival est victime : une bande organisée d'artilleurs du polygone de tir de Bourges a noyauté le Printemps de Bourges et pris les manettes des consoles à l'insu du service d'ordre ! Et ça dure depuis des années....

Monsieur Colling, aidez nous à apprécier les artistes que nous aimons ou que nous sommes venus découvrir, chassez les imposteurs qui manipulent les commandes, donnez des ordres aux ingénieurs du son restés fidèles à l'art. Nous avons le droit d'écouter ! Car c'est une grande déception pour qui veut profiter du spectacle d'un chanteur ou d'un groupe déjà entendu au disque ou à la radio, que de ne pas pouvoir l'entendre. Réglé bien trop fort, le son devient agressif et blessant, il nous prive du bonheur d'assister aux spectacles pour lesquels nous avons acheté nos billets… 

Il est vrai qu'on a du mal à distinguer les comploteurs du polygone des autres techniciens du spectacle. Ils portent les mêmes jeans noirs, les même T shirts, les mêmes baskets rouges, autour du cou ils portent les mêmes rubans terminés par des badges officiels très bien imités. Alors, comment les reconnaître ? Je vous indique un moyen infaillible : approchez les, et vous remarquerez qu'ils ne sentent pas la sueur, la cigarette ou l'après rasage, ils sentent la poudre !

Monsieur Daniel Colling je pense que vous avez mis les pieds dans l'auditorium de Bourges, une salle à l'acoustique si bonne qu'on y entendrait voler une mouche ? Savez vous qu'il n'y a pas besoin d'amplificateur ni de baffles pour entendre une guitare ? 

Et pourtant, lors du concert de Florent Marchet en 20012 (un garçon qui offre un univers écrit tout en nuances et en fines observations) : tchim boum boum, paroles inaudibles ! La voix de Florent Marchet disparaissait dans les sons explosifs de la formation sensée l'accompagner. On ne peut croire, dans ces conditions, que les jurys qui lui ont décerné le Prix Constantin et le prix de l’académie Charles Cros ont entendu ses chansons (ou alors ils ont écouté le disque) ! Même chose avec BabX dans la même salle en 2013, les paroles étaient littéralement absentes, seuls quelques cris de l'artiste surnageaient sur un océan de bruit, heureusement, le lendemain j'ai pu lire les textes grâce à Google.

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Alex Beaupain qui succédait à BabX, n'a pas commis la même erreur, la sonorisation était correctement équilibrée et je n'ai pas perdu une miette de son spectacle, preuve que le mieux est possible (à moins que les artilleurs aient décidé de rentrer chez eux à cette heure là).

Mais le complot ne date pas seulement de cette année. En 2010 au palais d'Auron, durant leur concert les Françoises ont été plusieurs fois victimes des bombardements sonores produits par l'artillerie du Chapiteau voisin. L'année précédente, sous le même chapiteau, Amadou et Mariam étaient visés par les mêmes techniciens diaboliques venus du champ de tir. Quelques années au paravant, Tanika Tikaram avait connu le même sabotage, sa voix dynamitée par une basse envahissante, ce qui démontre l'ancienneté de la conjuration, l'opiniâtreté et la ruse de l'adversaire !

Ne croyez pas que je dis ça parce que j'enrage de n'avoir pas obtenu de billet pour écouter Patti Smith à la cathédrale. Je suis animé des meilleures intentions, j'aime la musique et la chanson, j'aime le Printemps et ses programmes éclectiques, l'ambiance et tout ça...

Monsieur Colling, les bouchons d’oreille sont-ils indispensables pour survivre à un concert du Printemps de Bourges ? Des experts avisés nous disent que certains spectacles de rock produisent une puissance sonore égale à celle d'un vaillant moteur d'Airbus, cent trente décibels. Si vous disposez d'un sonomètre (outil indispensable pour traquer les faux techniciens du son venus du Polygone de tir), vous prendrez les mesures sonores qui s'imposent. Et voilà comment étalonner votre sonomètre : cinquante décibels : musique douce. Quatre vingt décibels : rue bruyante. Quatre vingt cinq décibels : bruit d’une tondeuse  à moteur (c'est le seuil de danger pour vos petites oreilles). Cent décibels : c'est le bruit d’un marteau-piqueur ou d'un baladeur poussé au maximum.  Cent vingt décibels : bruit d’un réacteur d’avion, (c'est le seuil de la douleur pour vos chères oreilles). 

Et si, après un spectacle, retrouvant vos pantoufles et le calme douillet de votre domicile, vous entendez des bourdonnements ou des sifflements, si vous croyez avoir l’oreille bouchée ou cotonneuse, c'est que vos capacités auditives ont été atteintes ainsi que les tendres petites cellules de votre oreille interne. 

Je ne voudrais pas sembler alarmiste et gâcher votre soirée, mais ressentez vous ces symptômes monsieur Colling ? 


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La toile des batteurs. Protections auditives. >>> Lien.