La Borne. 1960. Le Festival des Grandes Poteries à Neuvy deux Clochers. | gilblog-archives. | Jean Pierre Gilbert >

1960. Le Festival des Grandes Poteries à Neuvy deux Clochers. 

"Centre image" Région Centre  à Issoudun restaure, archive et met à la disposition du public depuis le 4 novembre 2010 les documents vidéo qui lui sont confiés. Sur son site web dénommé "ciclic", le public peut consulter gratuitement des dizaines d'archives en video, comme la Libération de Bourges, la fête de la Rosière de Mehun et d'autres fêtes locales, un véhicule à gazogène, une chasse à courre, des films d'amateur...etc. 


Parmi tous ces documents, il en est un plus étonnant que les autres, c'est le film du Festival des Grandes poteries à Neuvy deux Clochers. On y voit la vie quotidienne au hameau : un laboureur, le maréchal ferrand, le coiffeur, et aussi la préparation du festival (avec André Rozay entres autres personnages). On y voit aussi les spectacles avec une troupe hongroise (d'après les costumes ?), et des groupes berrichons, bien sûr.

Le film a été tourné en seize millimètres et dure vingt-cinq minutes. Il est en noir et blanc jusqu'à la dix septième minute, puis en couleurs jusqu'à la fin. André Rozay apparaît à la neuvième minute, il regarde les préparatifs en tirant sur sa cigarette. Si vous reconnaissez d'autres personnes, n'hésitez pas à me le dire - on peut voir le détail du film en photogrammes (des images fixes avec le minutage), c'est pratique !


> Et maintenant venons en à l'histoire du Festival des Grandes poteries créé par Pierre Panis. Dans une longue interview, Nénette Panis, son épouse raconte l'histoire du groupe "Le Berry" et celle de Pierre Panis. Voici un extrait très résumé de l'histoire du festival.


"Après la guerre, en 1945, Pierre Panis (récemment nommé instructeur spécialisé auprès du Ministère de la Jeunesse et des Sports), collecte chants, danses et costumes, et tout ce qui relève des arts et culture populaire, dans le haut Berry.

Il adresse, par l’intermédiaire de la Fédération des Oeuvres Laïques, des lettres aux instituteurs du Cher pour savoir si leurs élèves ont un grand-père ou une grand’mère qui danse la bourrée, ou qui possède de vieux costumes.

Il reçoit une réponse d’un hameau : Les Grandes Poteries (commune de Neuvy deux Clochers). C'est le début d'une épopée extraordinaire ! 

Pierre Panis, Madeleine Surnom, Roger Pearron, (fondateur du groupe Les Thiaulins de Lignières) Paul Chauvin, et d'autres gars, se réunissent pour aller dans ce village. Chacun prend le train, l'autobus, ou son vélo. Cela se passait en 1947 ou 1948, et pour se rendre dans ce hameau de vingt neuf habitants, il n’y avait d'autocar que tous les cinq jours. 

Ils arrivent aux Grandes Poteries et font une réunion dans un des trois cafés. Parmi les gars qui sont présents, il y en a un du nom de Fernand Pesard qui sait danser et qui dit “vous êtes venus pour nous voir danser, et bien on va danser”. Ils quittent les bottes, les chaussures et se mettent à danser en chaussettes. Roger, Pierre et Madeleine n’en croyaient pas leurs yeux. Pas de logement, ils ont couché dans le foin. Tous les soirs ils faisaient une veillée. Les gars avaient l’habitude de danser à l’harmonica et là, ils dansaient à la vielle (Pierre en jouait). 

La première année s’est passée comme cela. Puis on a trouvé des maisons avec des lits. Pierre a décidé d’y aller en vacances en été. Pierre, Nénette et leur fille Françoise (agée de quatre ans) y sont allés. Pierre faisait danser et apprenait toujours quelque chose de nouveau. Il apprenait tout comme il avait fait en 1937 en Bas-Berry. Les gars retrouvaient des danses, des airs. On y est retourné en vacances en 1948. Quand les gens savaient que Pierre allait venir, ça se disait un peu partout, c’était la fête.

En 1951, Pierre est allé en Ecosse pour son boulot, il a rencontré un groupe écossais qui voulait venir en France. Pierre a fait venir ce groupe écossais aux Poteries. Tous, Berrichons et Ecossais se sont bien amusés. 

Puis les activités ont repris en 1954 pour le 150 ème anniversaire de la naissance de George Sand avec le grand spectacle "Les Maîtres sonneurs".

En 1958, Pierre Panis est retourné aux Poteries, pour y organiser des stages. Cela a été le premier stage et Festival Berry-Irlande. Il n’a pas pu s’empêcher de refaire des spectacles, il y avait trop de raisons pour ça, d’abord les costumes des Maîtres Sonneurs qui ne servaient plus, et l’envie de montrer aux gens des Poteries que l’on pouvait faire quelque chose chez eux. Il y avait quarante stagiaires venus de France, d’Algérie, de Tunisie, d’Egypte, de tous les pays où Pierre était allé. Le premier groupe reçu était un groupe Irlandais qui se rendait à Lourdes et cherchait une escale. Avec ce groupe Pierre a préparé un spectacle. Tout le monde a été mobilisé : décoration, billets, chaises, les stagiaires allaient en forêt chercher les fougères pour décorer le podium, etc... Ce fut un bon spectacle, tout le monde était content. L’année suivante, nouveau spectacle, avec un groupe yougoslave qui logeait à Sancerre. On a préparé quarante sandwiches, et quatre mille personnes sont venues ! Les gens n’avaient jamais vu çà, un tel spectacle dans un hameau de vingt-neuf habitants ! 

Le festival des Grandes poteries a duré de 1958 à 1962. 

Puis, il y a eu une inspection. Les conditions d’hébergement, d’hygiène etc... n’étant pas remplies il fallait envisager autre chose, ou que la commune fasse les frais au moins d’un camping. La commune n’avait pas d’argent. Le festival a du quitter les Grandes poteries et s'est installé en 1963 au Pont Chrétien".


> Extrait librement résumé d'une interview de Nénette Panis enregistrée le cinq mars 1999. On peut lire le texte original complet sur le site de Chants et danses du Berry.

http://www.chants-danses-berry.org/index.html


> Festival des grandes poteries Dimanche 14 août 1960. 

Pour voir le film sur gilblog : Cliquez sur ce lien

Chants et danses du Berry. Pierre Panis. >>> Lien.

> Photos de haut en bas : Danseuses hongroises. Le maréchal ferrant. Danses berrichonnes. Un public nombreux. Pierre Panis en costume ancien. André Rozay. Danseuses hongroises. 

Ces photos (sauf le portrat de Pierre Panis), sont extraites du film.

> Un grand merci à Michel Boureux qui m'a signalé ce document video.