La Borne. Prêt illicite de main d'œuvre à Belleville. Edf sera jugé plus tard. | gilblog-archives. | Jean Pierre Gilbert >

Prêt illicite de main d'œuvre à Belleville. Edf sera jugé plus tard.

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Mercredi 15 janvier 2013 au Palais de Justice de Bourges. Tandis que devant la grille, des militants de "Sortir du nucléaire" distribuent un tract de solidarité, on pénètre dans la salle d'audience du Tribunal de grande instance, après un contrôle de sécurité détaillé (poches vidées, sacs ouverts, passage au portique, fouille ...etc). 

> Ce mercredi, le Procureur de la République de Bourges poursuit EdF, et les entreprises de sous-traitance Exyris et Océ Business, pour prêt de main d’œuvre illicite sur le site de la centrale nucléaire de Belleville sur Loire. Dans la salle, les représentants de la CGT, Sud solidaires et la CFDT. 

Conversation avec Christophe Faucheux (CFDT chimie énergie) qui m'explique que son syndicat est partie civile pour avoir accès au dossier et connaître exactement la nature des infractions constatées par les Inspecteurs du Travail. Il souhaite que les salariés des entreprises prestataires ne payent pas les pots cassés à la place des employeurs. Il entend que l’emploi de ces salariés des sous traitants soit préservé et qu'ils obtiennent la réparation des préjudices. Pour conclure, Christophe Faucheux espère que cette action en justice permettra l’ouverture de réelles négociations pour une "juste sous-traitance" avec EdF. 

En effet, les syndicats veulent mettre un terme au recours abusif à la sous traitance. Il faut savoir qu'EdF confie le travail de maintenance de ses centrales nucléaires à des entreprises extérieures, ce qui représente 80% des salariés assurant ces travaux ! Ces travailleurs sont les moins protégés socialement et sont les plus exposés aux risques de cancer. Ce qu'EdF appelle "externalisation" des travaux est un moyen de détourner la réglementation du Travail. Ces personnels travaillent comme s’ils étaient des agents EdF, certains à Belleville depuis vingt deux ans ! Mais les salaires et les avantage n’ont rien à voir avec ceux des salariés EDF. Sans doute la prééminence de l'économie sur le droit ...dans l'État de droit ?! Chacun appréciera. 

L’Autorité de sûreté nucléaire d'Orléans (ASN) a transmis par le biais de l’Inspection du travail au procureur de Bourges, deux procès-verbaux relatifs à ces pratiques qui sont des infractions pénales. Le Conseil des prud’hommes de Bourges a également  été saisi. "Seules les entreprises de travail intérimaires sont autorisés à "prêter" du personnel. Pour les autres on est dans le délit de "prêt illicite de main d’oeuvre et de marchandage" a déclaré un syndicaliste de Sud à Mag' Centre.

Le 15 mai 2013, douze employés d’entreprises sous-traitantes du nucléaire à Belleville-sur-Loire s'étaient mis en grève pour être intégrés dans les effectifs d’EdF. "Ces salariés ont été isolés de leurs collègues, privés d’une partie de leur travail, il s’agit bien en l’espèce de harcèlement moral" a déclaré Sud énergie.

Dans le cas de ceux qu'on appelle "les parias du nucléaire", ces hommes de la sous-traitance qui font le sale boulot dans les centrales (lors des arrêts de tranches notamment), Belleville n'est pas un cas isolé. Il faut savoir que l’inspection du travail a dressé des constats d'infraction dans trois autres centres nucléaires de production d’électricité proches : Dampierre (Loiret), Chinon (Indre et Loire) et Saint Laurent (Loir et Cher). Ces dossiers sont encore en cours d'examen.

Sur le site "Ma zone contrôlée", des employés de la sous traitance exposent leurs griefs. Ces quarante trois mille travailleurs effectuent plus de 80% de la maintenance des installations nucléaires. Ils sont le plus souvent payés au niveau du Smic. Ils n'ont pas le même suivi médical que leurs collègues d’EdF, Areva, du Cea. Ils perdent leur emploi au gré des marchés. Ils sont victimes de la majorité des accidents de travail (souvent non déclarés). Ils subissent 80% des doses de radiations d'une industrie nucléaire, propre, verte et sans danger ! Nous sommes en France et au vingt et unième siècle....

> Le Président, le Procureur, les assesseurs entrent dans la salle. On se lève. Le Président ouvre la séance, mais on entend à peine ses paroles car le micro ne fonctionne pas. Pour une raison "technique" (EdF ayant changé d'avocat me dit-on), l'audience du Tribunal de grande instance est reportée au vendredi 11 avril à 14 heures. On appelle les autres affaires.... Il faudra revenir le 11 avril.

> Pour en savoir plus. Le site web "Ma zone contrôlée" de l'association MZC des salariés des industries à risques (Nucléaire-Chimie-Pétrochimie). >>> Lien.