La Borne. De l'uranium au Polygone. Des questions sans réponses. | gilblog-archives. | Jean Pierre Gilbert >

De l'uranium au Polygone. Des questions  sans réponses.

obus-fleche-uranium-appauvri

En décembre dernier, gilblog posait la question : le Président Hollande et le gouvernement de Jean-Marc Ayrault vont-ils décider d'un moratoire sur l’emploi d’armes contenant de l’uranium appauvri ? En effet, grâce aux informations diffusées notamment par le collectif "Alerte uranium", nous savons que les armes à l’uranium appauvri continuent à tuer longtemps après la fin des combats, en causant d'affreux ravages sur la santé des populations civiles (cancers, malformations) et dégradent durablement l’environnement....

Les berruyers et les autres riverains des communes rurales qui entourent le champ de tir sont conscients que la radioactivité et la pollution ne s’arrêtent pas aux limites du polygone de Bourges. Les vents, les pluies diffusent les particules dangereuses produites par les tirs, malgré le confinement de la cible. Ils aimeraient bien connaître la vérité sur les essais (et notamment ceux réalisés avant 1990), ainsi que sur les conditions de production de ces munitions. 

C'est la raison pour laquelle le collectif posait des questions à Jean-Yves Le Drian, Ministre de la défense, dans une lettre du 26 novembre 2012. >>> Lien.

Polygone-Bourges-plan

> Quelques temps après, le ministre chargeait un de ses collaborateurs (Marc Belleville)de répondre aux demandes du collectif "Alerte uranium". En voici l'essentiel :

"Les munitions anti-char à pénétrateur en uranium appauvri sont des armes conventionnelles, elles sont conformes au droit international humanitaire et ce type d'arme n’est interdit par aucun traité ni convention internationale.

Enfin, les nombreuses études menées jusqu'à présent, tant par des organismes français qu'internationaux comme l'OMS, l'AIEA, le PNUE (programme environnemental des nations unies), n'ont pas établi de preuves scientifiques irréfutables de dangerosité liées à l'utilisation de l'uranium appauvri pour ce type de munitions et aucun risque sanitaire n'a été établi.

En synthèse, je peux vous assurer que la sécurité des biens et des personnes (qu'il s'agisse des opérateurs de DGA Techniques terrestres à Bourges ou des riverains du polygone) et le respect de l'environnement sont une préoccupation permanente lors de l'ensemble des expérimentations effectués sur le site. Ces sujets font l'objet de recommandations, de procédures et d'un suivi particulièrement rigoureux".

Comme on peut l'imaginer, ces réponses ont été jugées insuffisantes par le collectif.

Donc, le 8 mars 2013, une nouvelle lettre a été envoyée à Jean-Yves Le Drian, Ministre de la défense.

Monsieur le Ministre,

Suite à notre courrier du 26 novembre 2012, vous avez demandé à l’Ingénieur général de l’armement Marc Belleville, directeur de DGA Techniques Terrestres, d’y apporter une réponse.

Selon sa lettre, tous les essais de munitions à l’uranium appauvri réalisés sur le polygone de tir de Bourges offriraient toutes garanties de sécurité.

Nous contestons ces affirmations, en effet :

1 – Les prélèvements et les recherches d’uranium ne sont pas effectués par un organisme indépendant.

2 – Le dossier global de demande d’autorisation d’exploiter les ICPE déposé par DGA-TT de Bourges a été établi par APSYS une filiale de EADS, entreprise fortement impliquée dans l’armement.

3 – L’entreprise BURGEAP Nucléaire & Déconstruction qui a été chargée du volet radiologique de ce dossier global :

signale qu’elle n’a pas eu connaissance de l’historique des activités,

constate la contamination à l’uranium appauvri des abords de la zone LTAC2 (utilisée depuis 1990)

recommande que des études soient réalisées pendant des périodes d’essais d’armes à uranium appauvri. Ce qui sous-entend que les études qu’elle a réalisées l’ont été en dehors de périodes d’essais.

4 – Aucune information concernant les essais effectués avant 1990. Il n’y aurait pas de preuves de la dangerosité de l’utilisation de ces munitions. Pourquoi alors avoir construit en 1990 une cible confinée ?

5 – Les munitions à uranium appauvri seraient des armes conventionnelles, ce qui est contredit par la résolution du Parlement Européen du 22 mai 2008. C’est également contredit par le corps médical, notamment par les travaux du Docteur Durakovic sur l’exposition et la contamination de soldats étatsuniens pendant la guerre du Golfe.

Dans sa réponse, l’Ingénieur général de l’armement Marc Belleville, directeur de DGA Techniques Terrestres, n’apporte aucun élément sur la position du Gouvernement Français 

Le Parlement Européen dans sa résolution du 22 mai 2008 se prononce pour un moratoire sur l’emploi de ces armes. 

Ont-elles été utilisées par l’armée française dans ses opérations en Libye et au Mali ?

Le Parlement Européen demande aux États membres de jouer un rôle moteur dans l'élaboration d'un traité international sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage, de la diffusion, des essais et de l'emploi d'armes contenant de l'uranium, ainsi que sur la destruction ou le recyclage des stocks existants.

Le Gouvernement Français est-il disposé à agir dans ce sens ?

Nous souhaitons, Monsieur le Ministre, pouvoir vous exposer nos remarques et nos questions sur les conditions des essais d’armes à uranium appauvri réalisés sur le polygone de tir de Bourges qui provoquent une légitime inquiétude chez les habitants du Cher. En conséquence nous avons l’honneur de vous demander de nous recevoir lors d’une prochaine entrevue.

En vous souhaitant bonne réception de ce courrier, nous vous prions Monsieur le Ministre, d’agréer nos salutations républicaines.

> Le groupe "Alerte Uranium" attend maintenant des réponses précises à ces questions précises.

> D'autre part, "Alerte Uranium" diffuse ce Communiqué. 

"Alerte uranium" nous informe que Joëlle Garriaud-Maylam (sénateur UMP), et André Chassaigne (député Gauche démocrate et républicaine), ont adressé le 24 janvier et le 5 mars 2013, deux questions écrites au ministre de la Défense sur l'emploi éventuel d'armes à l'uranium au Mali et sur la décision de se conformer ou non à la résolution du Parlement européen du 22 mai 2008. À Bourges, les réponses sont attendues avec un vif intérêt, comme on peut s'en douter.

Affaire à suivre....


> Lire dans gilblog :

Michelle Barillet, je veux connaître la vérité ! >>> Lien.

Les tirs à l'uranium appauvri dans le Cher. >>> Lien. 

Gérard Longuet à Bourges, le ministre a-t-il vu de l'uranium appauvri ? >>> Lien. 

Le conseil général demande la vérité. >>> Lien.