Guerre de l'ortie. Et maintenant, la résistance !

Mercredi 8 décembre est la date choisie par l'association Aspro-Pnpp pour une action de "Désobéissance Civique"  à la mairie de Montreuil avec le soutien de la municipalité, la présence d'élus : Maires, Conseillers Généraux, Conseillers Régionaux, Députés et Sénateurs ainsi que Gilles Clément, architecte paysagiste et créateur d'un jardin de résistance composé d'orties à Melle, ou il doit y avoir l’épandage sur espace public de préparations naturelles non autorisées par la législation française, notamment le purin d'ortie. 

Cette décoction connue des paysans et jardiniers depuis qu'ils cultivent, est devenue l'enjeu d'un conflit entre firmes phytosanitaires soutenus de façon scandaleuse par le Ministère de l'agriculture, et les défenseurs de l'ortie libre. Gilblog a rendu compte à plusieurs reprises de cette affaire, où le ridicule du Ministère de l'agriculture le dispute à sa servilité envers l'agro business.

Des produits naturels alternatifs aux pesticides chimiques existent, on les appelle les Préparations naturelles peu préoccupantes (Pnpp). Ce sont notamment le purin d'ortie, le vinaigre blanc, le petit lait... Mais ils ne peuvent pas être utilisés car ils ne disposent pas d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) en France, bien qu'ils soient autorisés par le règlement européen de l'agriculture biologique et utilisés dans les  autres pays européens !

Les Préparations Naturelles Peu Préoccupantes sont utilisées depuis des siècles par jardiniers, agriculteurs et arboriculteurs pour lutter contre les attaques de parasites. Elles peuvent être à base d'ortie, de prêle ou encore de fougère, sous forme d'extrait fermenté (ou purin), de décoction, d'infusion ou de macération. Mais depuis quelques années, ces PNPP font l'objet d'une nouvelle loi qui, indirectement, interdit leur commercialisation.

L'histoire avait commencé fin 2005, avec la loi d'orientation agricole (LOA), qui interdisait pratiquement la commercialisation des produits naturels pour le traitement des cultures. Cette loi prévoyait en effet que les préparations naturelles devaient désormais être homologuées pour bénéficier d'une autorisation de mise en marché (AMM), comme tous les autres produits phytopharmaceutiques dont font partie les pesticides de synthèse. Devant la levée de boucliers engendrée par cette loi, un amendement avait été voté en décembre 2006 dans le cadre de la loi sur l’eau, baptisé "PNPP", qui demandait que ces préparations naturelles bénéficient d'une procédure simplifiée. Ce décret, proposé en 2007 et entériné en juin 2009, est pourtant en contradiction avec l'amendement voté par les députés.

Le décret exige en effet que les substances naturelles "fassent l'objet d'une procédure d'inscription sur la liste communautaire des substances actives en application des articles R.2253-5 et suivants et ne pas avoir fait l'objet d'une décision de refus d'inscription". Cette exigence d'homologation est inadaptée et injustifiée pour les préparations naturelles, qui appartiennent au domaine public ! En effet, sans même parler de la complexité de la procédure, le coût du dossier est beaucoup trop élevé pour des produits ne pouvant pas faire l'objet d'un brevet, seul moyen d'amortir la dépense. Autant dire que dans ces conditions, les PNPP ne sont pas près d'obtenir l'homologation désormais indispensable à leur commercialisation.

Mais comment un décret pourrait-il amputer les citoyens de leur mémoire collective et du droit démocratique le plus élémentaire, celui de cultiver son jardin comme ils l’entendent ? Qui a pu initier une telle ineptie législative qui prétend confisquer le savoir des anciens et prône l’inquisition contre les techniques alternatives et naturelles de production. Jusqu’à preuve du contraire elles ne se sont montrées que bénéfiques pour la santé publique, ce qui n'est pas le cas du "Roundup", par exemple. 

Cette position du Ministère de l'Agriculture français est difficilement conciliable avec la volonté du gouvernement, exprimée lors du Grenelle de l'Environnement, de réduire de 50% l'utilisation des pesticides... Soulignons aussi que dans d'autres pays européens (Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni, Pays-Bas...), de nombreuses PNPP non homologuées sont commercialisées.

On ne pourra pas réduire l'usage des pesticides si les alternatives naturelles sont considérées comme.... des pesticides (!), et ne sont pas autorisées à cause de contraintes administratives stupides.


> Aspro-Pnpp demande la reconnaissance effective des Pnpp, le droit à leur utilisation et à leur commercialisation. En partenariat avec : la Confédération paysanne, Nature & progrès, Les Amis de la Terre, Les Amis de l’Ortie, L’Ortie, Mouvement Cultures Biodynamiques, Déméter, Syndicat des Simples, Kokopelli, Agro bio-Périgord …


> On peut signer la pétition et trouver la lettre type destinée au Ministre de l'agriculture sur le site de cyberaction :

http://www.cyberacteurs.org/actions/presentation.php?id=207


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