L"écologie en voie d'être récupérée ?

Le premier contre-Grenelle a été organisé en octobre 2007 (alors que personne ne semblait voir la manoeuvre de récupération de l'écologie par Nicolas Sarkozy). Il voulait démontrer que le Grenelle de l'environnement était une opération politicienne de la droite et des milieux d’affaires destinée à préparer le passage à un capitalisme vert (terme inauguré à cette occasion), au détriment du mouvement pour l'écologie.

Il semble bien que les faits ont confirmé le bien fondé de cette critique : le Grenelle de Borloo et Sarkozy a été petit à petit vidé de son contenu et n’a satisfait que les productivistes, pour l'essentiel. 

Le deuxième contre-Grenelle s'est tenu en 2009, il voulait être un appel lancé à la mouvance écologiste en réaction aux premiers signes du basculement vers une écologie récupérée. Son slogan : "Il faut sauver l’écologie politique" était une mise en garde contre l’écologie à la sauce libérale. Pour le Contre-Grenelle 2, pas plus que le banquier du FMI ne pouvait être un symbole de la gauche, "l’hélicologiste" Nicolas Hulot, financé par Tf1 et l'Oréal ne pouvait être un symbole de l'écologie véritable. 

Le troisième contre-Grenelle du 2 avril prochain sera un ton au dessus puisque les organisateurs considèrent que notre société va vraiment dans le mur. Pour eux, la barbarie qui vient a deux visages, elle dévore à la fois la Terre et l’humain, comme l'illustre tragiquement la catastrophe de Fukuyama.


Résumé d'une déclaration de Paul Ariès (un des organisateurs) : Alors que l’humanité va connaître le plus important changement global de son histoire, le choix du chaos est assumé par les puissances de l’argent. Elles y voient la condition pour imposer l’adaptation de la terre et de l’humanité au productivisme et au capitalisme mondialisé. Le capitalisme vert veut adapter la planète aux besoins du productivisme avec notamment la géo-ingéniérie. Il veut aussi adapter l’humanité elle-même : en habituant les gens à croire que le problème serait démographique, que nous n’avons donc pas à avoir de fausse pudeur à sacrifier l’Afrique avec nos agro-carburants, nos activités trop gourmandes en eau, nos émissions de CO2. Deuxième façon d’adapter l’humanité aux fantasmes du système productiviste : la biométrie, la radio-identification (RFID), le diagnostic préimplantatoire (DPI), l’assistance médicale à la procréation (AMP). 

L'humanité se trouve dans l'impasse ; tout le monde comprend bien que la croissance infinie nous conduit dans le mur. La question n'est pas seulement écologique puisque l'humain comme la société ont besoin de limites. 

Les objecteurs de croissance entendent préserver la Terre, mais l'humanité est la première de leur préoccupation. Leur objectif est de rompre avec la domination continue des uns sur les autres et de tous sur la planète. Pour eux, la survie n'est pas un  programme, ils veulent la vie et le partage d'autres richesses. Pour eux, la décroissance  n'est pas une décroissance "faute de mieux", comme essayent de le faire croire ceux qui hier ont promu la croissance. La décroissance est un appel à la vie.


On lira avec intérêt les résumés et conclusions de cette initiative originale (dont certains seront sans doute sujets à controverses) sur le web et dans le Journal "La décroissance". "La décroissance" a choisi comme slogans "le mensuel des objecteurs de croissance, le journal de la joie de vivre". 

De la joie de vivre ? Tout le monde est preneur !


> Extraits du programme des conférences et débats du troisième Contre-Grenelle.

Que faire face à l’effondrement énergétique ? Aurélien Cohen (docteur en anthropologie des techniques), Stéphane Lhomme (militant antinucléaire). 
Que faire face à la tyrannie technologique ? Cédric Biagini (chercheur), François Jarrige (historien).
Que faire face à l’effondrement environnemental ? Philippe Bihouix (ingénieur), Véronique Gallais (Action consommation).

Que faire face à la crise alimentaire ?  Ambroise Mazal (chargé de mission), Raoul Jacquin (paysan).

Que faire face à l’effondrement social ? Geneviève Azam (économiste), Bernard Legros (enseignant)

Que faire face à l’effondrement sanitaire ? Catherine Levraud (médecin).

Que faire face à la capitulation de la gauche ? François Ruffin (Le Monde diplomatique)
Que faire face à la capitulation des médias ? Olivier Poche (Acrimed).

Que faire face à l’effondrement culturel ? Jean-Luc Coudray (écrivain), Jean-Claude Besson-Girard (peintre)
Que faire face au menaces contre la paix civile et les libertés ? Philippe Pignarre (éditeur), Fabrice Flipo (philosophe).


> Le troisième Contre-Grenelle. Samedi 2 avril 2011. Centre culturel Charlie Chaplin (salle de 900 places), Place de la Nation, Vaulx-en-Velin.

Site web : http://www.contre-grenelle.org/?chemin=accueil