La Borne. Les cèpes à Berlaudiot. | gilblog-archives. | Jean Pierre Gilbert >

Les cèpes à Berlaudiot.

Les nouvelles histoires de Berlaudiot.


Berlaudiot-la-cueillette

Un beau matin, revenant d'un tour dans la forêt de La Charnivolle avec un panier rempli de champignons, Berlaudiot passe devant le magasin d'Antoine Massicot, le quincailler du village. Vous savez bin, l'Antoine Massicot : çui qu'est plus ch'tit qu'tous les cancres, tellement qu'il est avare.

Massicot, qui prend l'air sur le pas de la porte du magasin pendant que sa femme sert les clients, renifle le parfum des cèpes. Pensant qu'il a trouvé  une occasion de se régaler à bon compte, il appelle Berlaudiot.

"Eh Berlaudiot fais donc voir qui qu'y a dans ton panier ! Bin, vieux gars, t'en connais ti des bons coins pour trouver autant d'cèpes ! Ça t'en fait bin trop bin pour toi et la Huguette ! Tu m'en doun'rais bin queuq'zuns... Vins donc, vins donc, tu voudras bin bouére un verre ed' goutte en pour. 

Massicot espère bien que Berlaudiot va refuser de boire. Mais Berlaudiot accepte le verre de goutte et entre en montrant fièrement son panier à la ronde.

Alors, pour faire croire aux clients qui les observent qu’il est un gars bin dounnant, Antoine Massicot pose sur la table un très grand verre devant Berlaudiot, mais il n'y verse qu’un fond de goutte.

Antoine, doune moué don eun' corde, pour que j'attache ç'verre à ma ceinture ! s’écrie Berlaudiot  assez fort pour tous puissent l’entendre.

Une corde, t'es ty pas fou, Berlaudiot, dit Antoine Massicot, et pi caus' moins fort, j'sons point sourd !

Bin non j'sons point fou, dit Berlaudiot à la cantonnade, pasque si j'tombe au fond du verre pour aller charcher ta goutte, comment qu'tu pourras m’en sortir sans eun' corde ?

Un peu honteux, Antoine Massicot reprend le verre et le remplace par un dé à coudre qu’il remplit à ras bord.

Alors Berlaudiot s'écrie bien fort : Antoine, doune-moué don eun' ficelle pour que j'l’attache à ç'verre ! 

C'te foué t'es complètement fou, Berlaudiot ! Et pourquoué don eun'ficelle ? répond Antoine Massicot.

Bin dame, si j’avale el' verre, dit Berlaudiot, comment qu'c'est ty que j'le sortirai d'mon estoumac ?



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