La Borne. Le visiteur à Berlaudiot. | gilblog-archives. | Jean Pierre Gilbert >

Le visiteur à Berlaudiot.

Les nouvelles histoires de Berlaudiot.


LeChat-a-Berlaudiot

Un antiquaire parisien a pour habitude de faire son marché en province pour dénicher des pièces rares. Il s’arrête dans les brocantes, les vide greniers. C’est un vrai Jean-fesse, il a un truc à lui qui consiste à faire halte dans de petites fermes isolées où, sous prétexte d’acheter une douzaine d’œufs, ou des fromages, il regarde le mobilier du coin de l’œil. Après une bonne affaire où il a désatouillé un naïf, l’emmiouleux ne revient jamais au même endroit. …C’est plus prudent.

De passage à La Charnivolle, l’antiquaire se met à feugner un peu partout. Puis il tombe en arrêt devant la maison de Berlaudiot : il vient de voir un petit chat roux en train de licher dans un vieux bol.

Un bol, oui, mais pas n’importe lequel : un bol ancien en grès de La Borne avec un personnage sur le côté. Un objet rare. Et ce vieux machin semble ne servir qu’à contenir le lait pour le chat. 

L’antiquaire retient son souffle, il regarde de plus près pour confirmer sa première impression. Oui, c’est bien un grès ancien. Alors il appelle. 

- Y a quelqu’un ?

V’la not’ Berlaudiot qui débourdoule de l’échalle du grenier à foin.

Bin l’bonjour, qui don qu’vous v’lez ?

- Il est mignon, votre petit chat. Vous en avez d’autres comme celui là ?

Bin non, répond Berlaudiot qui prend un air luniau, c’est l’dargnier d’la portée, tous les aut’ y sont partis.

- Ah, si c’est le dernier vous voudrez peut-être le garder. Dommage, je l’aurais bien acheté pour l’offrir à mon petit fils qui adore les chats roux, dit le visiteur. 

L’garder c’est pas sûr, répond Berlaudiot. Ça s’rait vingt euros si c’était l’premier d’l’a portée. Mais si j’vous cède c’tui là, la Huguette a va m’arracher les yeux !

- Alors, pour cinquante, vous seriez d’accord ? dit l’antiquaire.

Dame, faut vouér’, j’son en balan, dit Berlaudiot l’air embarrassé.

- Bon, pour cent euros, vous seriez d’accord ?

Dame, faut-ti vous l’aimiez vout’ garçon, dit Berlaudiot. D’accord pour un billet d’cent…

Alors l’antiquaire paie le chat. Puis il fait semblant de se raviser :

- Vu le prix, je vais prendre son bol avec, puisqu’il a l’habitude de boire dedans. 

Ah non, répond Berlaudiot. Le bol, vous le laissez ! À c’t’heure y m’a déjà fait vend’ deux douzaines eud’chats d’puis l’mois dernier !


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