La Borne. Le livre du diable était caché dans les bois de La Borne ! | gilblog-archives. | Jean Pierre Gilbert >

Le livre du diable était caché dans les bois de La Borne !

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Il y a très longtemps, des sorciers ont écrit sur des tablettes et des parchemins  les mots secrets du diable, On en a même fait des livres aux premiers temps de l’imprimerie. Ces gros bouquins sont très rares, et ceux qui les conservent ne les montrent à personne. D'ailleurs, ils ne peuvent pas le faire car c’est interdit et puni de mort et d’une ferlampée de malédictions jusqu’à la treizième génération. C’est pourquoi ces livres maudits restent soigneusement cachés. 

Les livres du diable sont très complets, on y trouve le texte de tous les maléfices, de A à Z (et même au delà, car l’alphabet du diable compte trente lettres). Il y a les maléfices pour jeter des sorts, allumer des incendies, transformer les gens en poussière, changer les princes en grenouilles, comment glisser une épluchure de pomme sous les pieds de quelqu’un pour le faire tomber, et même la poussière d’allergie que si tu la respire une fois, t’es condamné à éternuer jusqu’au jour de ta mort. Tout ça pour dire qu’on y trouve absolument tout jusqu’au moindre détail.

L’innocent qui par miracle aurait découvert un livre du diable ne pourrait pas le lire et ne verrait que des pages noires. Heureusement, le diable a bien fait les choses (pour une fois), sinon ses secrets appartiendraient à tout le monde et la terre entière serait à feu et à sang. Pour faire apparaître les mots et les déchiffrer, le possesseur d'un de ces livres doit connaître la formule secrète. S’il s’obstine à feuilleter sans connaître cette formule, il se brûle les yeux. C’est dire si le livre du diable est bien protégé.

Justement, une des histoires que je raconte dans un prochain bouquin c’est une histoire du livre du diable qui se déroule à La Borne (enfin, juste à côté). 

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Sachez d’abord qu’il y a auterfoués bien, bien longtemps, vivaient à La Borne les membres d’une famille de camus et de caillebottiers. On pourrait dire une dynastie, car les générations de Chaitand (c’était leur nom) furent nombreuses à se succéder.
Les uns étaient paysans, les autres étaient potiers, d’autres encore travaillaient dans les bois comme bûcherons, écorceurs ou charbouniers. Mais plus personne ne se souvient d’eux à c’t’heure…
Les Chaitand ne vivaient pas dans le hameau, mais un peu au delà de La Borne d’en haut. Ils habitaient un endroit isolé à côté du Grand Crot, dans la forêt à l’est, à un jet de pierre du village. Et c’est là exactement que se déroule mon histoire.

Un jour, un sorcier, voulant se débarrasser du livre maudit, et cherchant un lieu désert pour le cacher, arriva dans le coin de forêt où se trouve maintenant le Grand Crot. Inutile de dire que la végétation était plus sauvage que de nos jours. Trouvant l’endroit propice, il cacha le grimoire dans un épais buisson de houx et repartit à reculons en disant des prières à l’envers, c’est à dire en commençant par le dernier mot. 

Puis les siècles passèrent.

C’est en déboisant et en débroussaillant la clairière pour construire la toute première maison que l’ancêtre des Chaitand dont on a oublié même le prénom (Maraud je crois), trouva le livre du diable. Comme il était déjà un peu instruit en diableries, il reconnut aussitôt l’objet maléfique. 

Sans hésiter et sans ouvrir le livre, il le mit dans sa musette et alla le cacher dans le terrier abandonné d’un blaireau qu’il reboucha soigneusement. Puis, satisfait de sa bonne idée et rêvant de richesses futures, il repartit en en disant des prières à l’envers et en faisant sept signes de croix en commençant par la gauche.

Mais, de retour chez lui, il se trouva nez à nez avec le diable. 

“Maraud, lui dit le diable en brandissant le livre, tu sais qu’il est mortel de me voler…. “

Pétrifié par ces paroles, Maraud Chaitand, ne trouvait pas de mots pour se défendre. Il était muet de peur.

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“Pour te punir, dit le diable avec un rire cruel, tu reboucheras le trou que j’ai débouché pour reprendre mon livre. Si ce soir à minuit tout n’est pas en ordre, tu brûleras comme une torche...

Heureux de s'en tirer à si bon compte, et pensant se libérer avec quelques coups de pelle, Maraud retourna au nid de blaireau où il avait caché le livre. 

Et là, que vit-il... ?  Un trou plus profond qu’un puits. 

Il chercha à le combler en y jetant des pierres, du bois mort, des broussailles et des pelletées et des pelletées de terre. Peine perdue. Plus il en jetait, plus le trou semblait en demander, il avait beau boucher, le trou demeurait obstinément vide. 

Épuisé, Maraud Chaitand n’entendit même pas la cloche de minuit, ni arriver le diable et son odeur de soufre. Au douzième coup de minuit, son corps prit feu d’un seul coup et ses cendres tombèrent dans le trou. Et depuis, le trou est bouché.

C’est à cet endroit précis que se trouve le Grand Crot.

Moi, je fais un détour quand j’approche de ce coin là… Et d’ailleurs la randonnée pédestre annuelle de La Borne n’y passe jamais non plus. C’est dire…