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Benjamin Broglio : Obélix a existé !

Obelix-menhir

Cher gilblog, terrassé par une mauvaise grippe, me voici indisponible pour plusieurs semaines et dans l’incapacité de tenir la plume, de faire clac avec mon Leica, ou de faire clic avec la souris de mon ordinateur. Mais tout n’est pas perdu car mon petit neveu, Benjamin Broglio (celui de Bengy sur Crayon), a des choses intéressantes à nous dire. Figure toi que mon archéologue de neveu vient de faire une découverte incroyable pendant des fouilles en Bretagne. Mais, te sentant quelque peu interloqué, je te laisse à l’étonnement voire à la sidération quand tu prendra connaissance de ce scoop aussi renversant qu’historique et qui tombe à pic pour les journées du Patrimoine. 

Voici mot pour mot, le message téléphonique qu’Alain Broglio vient de m’adresser et dont je fais part immédiatement à ses groupies, aux fidèles lecteurs de ses chroniques et à ses non moins fidèles pom-pom girls. Mais à peine ai-je raccroché que le facteur tambourine à la porte et me tend un pli recommandé envoyé par Benjamin Broglio. Rapide comme l’éclair, le bougre de neveu n’a pas perdu une minute, tout le portrait de son oncle !
Dans l’enveloppe je trouve plusieurs feuillets et une clé USB qu’il me suffi de copier sans changer une seule virgule à la prose de Benjamin. Voici l’incroyable récit de ce digne neveu d’Alain Broglio.

sacados-obelix

Je reviens d’une campagne de fouilles dans la Commune littorale de Plouvern dans les Côtes du Trégor. À cette occasion j’ai fait une découverte qui va faire sensation : Obélix a vraiment existé !
Mais commençons par le commencement avec ce bref historique en forme de hors d’œuvre qui va vous tenir en haleine… 

La pointe et la vallée de Plouvern du Trégor contrôlent depuis plus de deux mille ans l’une des voies d’accès principales à l’intérieur de la Bretagne. En témoignent de nombreuses traces d’activités préhistoriques,  notamment les ornières creusées par les charrettes à bras qui servaient à transporter les menhirs, et les nombreux éclats de granit taillé qui se trouvent encore sur les bas cotés de la voie. 

Les premières fouilles opérées au début du vingtième siècle ont permis de découvrir des monnaies gauloises et carthaginoises, de nombreuses coques de moules attestant que la recette des moules marinières était déjà connue à l’époque gauloise, des tessons de pots de l'époque romaine, et des tongs phéniciennes ayant à peine servi. Le site de Plouvern du Trégor a été le lieu d'une occupation humaine depuis l'Âge du fer jusqu’à l’ère gallo-romaine. En témoignent la présence de plusieurs fours à pain, d’une forge de fourchettes à huitres et d’une fabrique artisanale de crêpes bretonnes. Les murs de pierres sèches de plusieurs maisons gauloises de cette époque, ainsi que l’atrium de la mairie et des toilettes publiques, ont été exhumés et sont accessibles au public.

Bien, me direz vous, mais va-t-on la connaître enfin ta fichue découverte, Benjamin ? Eh bien je vous réponds, patience, j’y viens. 

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Les dernières campagnes de fouilles effectuées cette année à Plouvern du Trégor ont permis de mettre au jour des fortifications celtiques élevées à la fin du troisième siècle avant notre ère, qui ont été précédées d’un rempart datant de la fin de l’Âge du fer (reconnaissable à sa porte en tôle blindée et sa serrure forgée à la main). C’est au cours de ces fouilles que, à peine revenu de ma surprise, j’ai extrait de la glaise un menhir encore muni de ses bretelles de portage en cuir, miraculeusement conservées dans l’argile (voir la photo). Juste à côté, j’ai trouvé une paire de semelles de sandales de pointure 47 soigneusement rangées, et plusieurs douzaines d’os de côtelettes de sanglier. Il y avait aussi des pièces de monnaie représentant des sangliers. Pas de doute, tout ça ne pouvait appartenir qu’à Obelix. Dans la nécropole voisine, on a trouvé le crâne et les ossements d’un homme de forte taille, également entourés d’os de côtelettes de sanglier et d’une autre paire de sandales (de pointure 47 également). Tout ça est bien la preuve qu’Obélix a existé ! D’ailleurs la reconstitution numérique faite d’après son crâne par un archéologue plasticien (voir la photo) ne fait aucun doute.

J’ai fait des relevés, pris des photos et rédigé mon rapport que j’ai envoyé illico à l’Académie Française d’Archéologie par la poste (ça m’a pris du temps car la boîte aux lettres est à Broumanach’). Bref, mon oncle Broglio peut être fier de moi.

Cher gilblog, merci de faire connaître ma découverte au grand public et passez le bonjour à Tonton de ma part dès que vous le verrez.

Benjamin Broglio.