Nouvelles de Fukushima (16). Sept ans après : les esclaves.

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Des dizaines de milliers d'employés chargés de nettoyer la centrale nucléaire endommagée de Fukushima seraient exploités et exposés à des radiations toxiques, rapportent jeudi des observateurs de l'ONU chargés des droits de l'Homme. Cette information vient d’être publiée par “La libre Belgique” le 16 août 2018. "Des migrants, des demandeurs d'asile et des sans-abri feraient partie des employés engagés pour décontaminer le site de Fukushima", ont indiqué les rapporteurs sur les déchets dangereux, l'esclavage moderne et la santé auprès de l'Organisation des Nations Unies.

Dans une déclaration commune faite à Genève, les trois experts déclarent être très inquiets à propos de cette possible exploitation résultant de la duperie”, au regard des risques, de la potentielle contrainte et de la sécurité au travail. Une enquête menée par le ministère de la Justice japonais avait démontré en juillet que quatre entreprises de construction avaient engagé des stagiaires étrangers pour les travaux de décontamination de la centrale, endommagée en 2011 par un tremblement de terre et un tsunami.

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Ces employés étrangers avaient suivi un programme controversé destiné aux stagiaires, que le Japon a introduit en 1993. Ce programme fait l’objet de vives critiques car il couvrirait les entreprises japonaises désireuses d’importer de la main-d'œuvre bon marché. 
L'une de ces compagnies ne payait ses stagiaires que 2.000 yen (16 euros) la journée, alors que le gouvernement fournissait une indemnité spéciale de 6.600 yen (52 euros) pour ce type de travaux ! Les esclavagistes modernes font de la marge !

> Cécile Asanuma-Brice, chercheuse au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et au centre de recherche de la Maison franco-japonaise, parcourt la région et réagit dans “le Monde Diplomatique” en avril dernier (extrait).

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Le taux officiel de radiations admissible pour la population est passé de 1 millisievert (mSv) à 20 millisievert soit celui acceptable en temps normal pour les travailleurs du nucléaire, tandis que le taux pour les employés de la centrale était relevé dans un premier temps à 100, puis à 250 millisievert en fonction de l’urgence de la situation.
Pourra-t-on renouveler cette main-d’œuvre corvéable à merci alors que le démantèlement devrait prendre encore quarante ans ? Si la recherche en robotique marche à plein régime, les tâches colossales demeurent actuellement des plus rudimentaires. Trois cents tonnes d’eau sont déversées et contaminées chaque jour pour refroidir les cœurs fondus des réacteurs. Plusieurs milliers de tonnes d’eau en partie traitées, mais toujours chargées de tritium, ont été rejetées dans le Pacifique. Et plus d’un million de mètres cubes d’eau sont à ce jour stockés, dans l’attente d’une autorisation de rejet dans la mer, à laquelle s’opposent pêcheurs et villageois.

Mais les réfugiés de la zone sinistrée ne connaissent pas un sort plus enviable…

Pour convaincre les réfugiés encore réfractaires à l’idée d’un retour (environ un tiers des 160 000 personnes évacuées), le 31 mars 2017, l’État a supprimé les aides inconditionnelles au relogement qui leur permettaient de vivre en dehors des zones irradiées. Conséquence : près de 27 000 hommes, femmes et enfants n’ont d’autre choix que de revenir.
D’autres stratégies sont plus sournoises. En témoigne cet appel à la résilience adressé aux victimes. Le programme Ethos apprend aux habitants à vivre dans un milieu contaminé : des manuels scolaires ont été distribués à cet effet ; des campagnes télévisuelles ont été lancées pour promouvoir des produits frais en provenance de la zone contaminée et vanter l’efficacité de la décontamination, qui n’a toujours pas été prouvée. À en croire les promoteurs de cette campagne, l’environnement contaminé serait moins nocif pour les populations que la “radiophobie” ou le stress provoqué par un douloureux déracinement. Un habitant de la ville d’Iitate témoigne : “
On nous dit qu’il n’y a pas de problème. Qu’il suffit de ne pas aller dans les zones à risque ! On ne peut ni aller en montagne ni s’approcher des rivières, ne pas aller à droite ni à gauche... Comment voulez-vous que l’on vive ici ?”

Des conditions de vie épouvantables, dont le Fukushima Minpo se faisait l’écho en rappelant dans son édition du 3 mars 2018 que, depuis la tragédie, 2 211 personnes se sont suicidées ou se sont laissées mourir par manque de soins ou de médicaments.

> Carte : Le Monde Diplomatique. Cliquez sur l’image pour l’agrandir.

> Sources : La Libre Belgique. >>> Lien.
Le Monde Diplomatique.
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