Nouvelles de Fukushima (12).

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Helen Caldicott médecin australienne, professeur en pédiatrie, universitaire renommée, pressentie pour un Prix Nobel et militante anti-nucléaire s’est particulièrement intéressée aux conséquences de la catastrophe nucléaire de Fukushima pour la santé. Elle vient de s’exprimer le 13 février dans “Independant Australia” (traduit dans AgoraVox) en commentant les récentes photos prises par les robots à l’intérieur des réacteurs nucléaires détruits de la centrale. La page du tremblement de terre et du tsunami est maintenant tournée, mais selon Helen Caldicott, le pire est peut-être à venir…

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Le récent rapport indique que pour la première fois, les Japonais ont été capables de mesurer l’intensité des radiations produites par le combustible en fusion. Les tentatives précédentes avaient échoué parce que la radiation est tellement intense que les composants du robot avaient été détruits.

Il est fort probable que si le robot avait pu pénétrer plus profondément à l’intérieur de la cavité, les mesures enregistrées auraient été bien plus élevées.

La mesure est de 530 sieverts, soit 53 000 rems (Roentgen Equivalent for Man). La dose à laquelle la moitié de la population exposée mourrait, est de 250 à 500 rems, donc c’est une mesure massive.

Ces chiffres illustrent pourquoi il sera à peu près impossible de "démanteler" les unités 1, 2, 3 car nul humain ne pourra jamais être exposé à une radiation aussi intense. Cela signifie que Fukushima Daichi demeure une tache diabolique sur le Japon et sur le monde pour le reste de l’histoire de l’humanité. La fusion se poursuit et l’eau contaminée ne cesse de se répandre chaque jour dans la mer. Et n’oublions pas que la centrale en ruines et les cuves de combustible sont situées sur des zones actives de tremblements de terre.

Les structures des quatre bâtiments avaient été endommagées par le tremblement de terre initial il y a plus de cinq ans et par les explosions d’hydrogène qui avaient suivi. Ce que les photos prises par le robot révèlent, c’est que quelques-uns des soutiens de l’Unité 2 ont été endommagés eux aussi. S’il y avait un tremblement de terre supérieur à 7 sur l’échelle de Richter, il est très possible que les structures endommagées s’effondrent, conduisant à une émission massive de radiations du coeur en fusion situé en dessous.

Le combustible de l’Unité 4 et des piscines de refroidissement a été retiré. Mais les Unités 1, 2 et 3 et leurs piscines de refroidissement contiennent des barres de combustible extrêmement radioactif (392 dans l’Unité 1615 dans l’Unité 2, 566 dans l’Unité 3). Si un tremblement de terre causait une brèche dans une piscine, le rayonnement gamma serait tellement intense que le site devrait être évacué définitivement !

Mais il y a plus à craindre, ajoute Helen Caldicott…

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Le complexe de Fukushima a été construit au bord d’une chaine de montagnes, et des millions de litres s’écoulent quotidiennement en dessous, provoquant une liquéfaction partielle du sol. Comme cette eau coule sur les réacteurs endommagés, elle est en contact avec les trois coeurs en fusion et devient extrêmement radioactive avant de poursuivre son écoulement vers l’Océan Pacifique.

Chaque jour depuis le début de l’accident, trois cents à quatre cents tonnes d’eau s’écoulent dans le Pacifique, où de nombreux isotopes (cesium 137, 134, strontium 90, tritium, plutonium, americium, et plus de 100 autres) se concentrent dans la chaine biologique. Cette concentration augmente à chaque étape de la chaine alimentaire : algues, crustacés, petits poissons, gros poissons, puis les humains.

Les poissons parcourent des milliers de kilomètres, et les thons, les saumons, et d’autres espèces trouvées sur la côte ouest américaine contiennent maintenant certains de ces éléments radioactifs invisibles, sans goût et sans odeur. Entrant dans le corps humain par ingestion, ils se concentrent dans différents organes, irradiant les cellules voisines pour de nombreuses années (le cycle du cancer est lancé par une seule mutation d’un seul gène dans une seule cellule, et la durée d’incubation pour le cancer va de deux à quatre vingt dix ans).

On peut pêcher du poisson radioactif en Australie, et le poisson importé pourrait contenir des isotopes radioactifs, mais à moins qu’ils ne soient soigneusement testés, nous ne le saurons jamais.

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> TEPCO a déversé quotidiennement plus de trois cents tonnes d’eau de mer sur les réacteurs endommagés pour les refroidir. Elle est extrêmement radioactive et est re-pompée puis stockée dans mille deux cents énormes réservoirs éparpillés sur le site de Daichi. Ces réservoirs ne pourraient supporter un gros tremblement de terre et pourraient se briser, répandant leur contenu dans l’océan.

TEPCO va bientôt être à court d’espace de stockage et est en train d’essayer de convaincre les pêcheurs locaux qu’on pourrait déverser l’eau dans l’océan ! Le RCF comme les rayons X délivré par ces réservoirs est très élevé - dix millirems - et présente un danger pour les travailleurs. Et ils sont plus de quatre mille ouvriers chaque jour sur site.

> De vastes surfaces au Japon sont maintenant contaminées. Certaines parties de Tokyo sont si radioactives que la poussière des rues (mesurant 7 000 becquerels par kilo) serait considérée comme bonne à enterrer comme déchet radioactif aux USA !

> Les éléments radioactifs se concentrent dans la chaine alimentaire. La région de Fukushima a toujours été considérée comme un grenier alimentaire pour le Japon et bien que grande partie du riz, des légumes et des fruits cultivés ici soit radioactive, il y a une grosse pression pour vendre cette nourriture à la fois sur le marché japonais et à l’étranger. Taiwan a banni la vente de nourriture japonaise, mais pas l’Australie ni les USA.

> Le Premier Ministre Abe a fait récemment adopter une loi selon laquelle tout journaliste disant la vérité sur la situation à Fukushima est passible de dix ans de prison. De plus les médecins informant leurs patients que leur maladie pourrait être due aux radiations, ne seront plus payés. Ainsi il règne un immense silence médiatique tant au Japon que dans les médias internationaux.

> Le Comité Préfectoral de Santé de Fukushima surveille seulement les cancers de la thyroïde dans la population et en juin 2016, 172 cas de personnes de moins de 18 ans au moment de l’accident ont développé ou sont suspectes de cancer de la thyroïde (l’incidence normale dans cette population est de 1 ou 2 cas par million). Cependant, d’autres cancers et leucémies causés par les radiations ainsi que les malformations congénitales, ne sont pas documentés de façon courante.

> Enfin, il faut savoir que les réacteurs de la centrale de Fukushima ne seront jamais nettoyés ni démantelés car une telle tâche est humainement impossible. Donc ils continueront à déverser de l’eau dans le Pacifique jusqu’à la fin des temps et menaceront le Japon et l’hémisphère Nord d’émissions massives de radiations si un nouveau tremblement de terre important se produisait.

> Sources: Independant Australia. >>> Lien 
AgoraVox. Helen Caldicott : à Fukushima la fusion continue. >>> Lien.
L’interview d’Helen Caldicott sur YouTube (en anglais). >>> Lien.

> Photos de haut en bas. 1/Centrale de Fukushima : au premier plan les réservoirs d’eau radioactive (cliquer pour agrandir). 2/ Contamination des eaux de l’océan pacifique (cliquer pour agrandir). 3/ Le professeur Helen Caldicott. 4-5/ Dessins de presse.

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> Passée inaperçue chez nous, une information de novembre dans La Libre Belgique confirme l’alerte de Helen Caldicott. “Un fort séisme s'est produit mardi matin (22 novembre 2016) dans le nord-est du Japon, au large de Fukushima, déclenchant un tsunami près de la centrale nucléaire accidentée en mars 2011, mais aucun dégât n'a été rapporté dans l’immédiat. La secousse de magnitude de 7,4 s’est produite à 5H59 locales à une profondeur d'une dizaine de kilomètres, selon l'Agence météorologique nationale".
Peu après, "à 6H38, un tsunami de un mètre a été mesuré" au niveau des centrales Fukushima Daiichi, touchée en 2011, et Fukushima Daini, a indiqué la compagnie Tepco (Tokyo Electric Power) qui gère le site en ruines. Aucun problème n'a été détecté à ce stade, a cependant précisé à l'AFP un porte-parole. Tepco a par ailleurs fait savoir qu'un système de refroidissement de la piscine de combustible usé du réacteur 3 de Fukushima Daini avait été stoppé, mais son fonctionnement a été rétabli peu après”.  (La Libre Belgique 22 novembre 2016)

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