
En parler berrichon, un berlaudiot est un niais. Mais on dit aussi : abernanciau, baziot, berlin, berlaud, berda, berdin, bigorniau, bordin. bordiniau, bazagna, maca, maugin.... La quantité de noms donne une idée de l'importance du personnage...
Le mot berlaudiot fait partie du langage populaire du Berry, à tel point qu'on l'emploie encore parfois aujourd'hui car la signification du mot est souvent connue de nos contemporains.
Au siècle dernier entre les deux guerres, le chansonnier berrichon Jacques Martel en avait fait le personnage d'un de ses poèmes drolatiques ; le berlaudiot était devenu Berlaudiot. Le vierzonnais Patrick Raynal, dans les années 50 et 60 a médiatisé son Berlaudiot, au music-hall, à la radio, au disque et à la télévision.

Mais depuis le sixième siècle, la déberdinoire de l'abbaye, puis de l'église de Saint-Menoux avait donné une stature patrimoniale au berlaudiot. Car s'il existait une déberdinoire, ce n'était pas sans raison, on y venait en pélerinage pour déberdiner les berlaudiots !
Niais du Berry ne se trompe qu’à son profit, dit un proverbe. Le personnage du niais, qui sait tromper son monde en se faisant passer pour plus bête qu'il n'est, a de nombreux cousins dans l'humour populaire de toutes les provinces et de tous les pays. Il s'inscrit dans la tradition universelle des personnages dont on ne peut dire s'il sont fous ou malins. Il a des parents dans les contes et dans la littérature, par exemple : Jean le sot en Vendée, le brave soldat Chveik de Jaroslav Hajek (puis Bertold Brecht), Nasdine Hodja (connu de l'Asie centrale au proche orient et jusqu'au Magreb), et combien d'autres....

Le succès des lectures publiques des nouvelles histoires de Berlaudiot atteste que les ruses candides du personnage, font encore mouche de nos jours.
Et maintenant, le livre donne un nouvel élan à la carrière de Berlaudiot avec d'autres histoires originales, contes ou pastiches romancés.
Longue vie à Berlaudiot !
> L'église romane de Saint-Menoux dans l'Allier, ancienne province du bourbonnais (10e siècle) faisait partie d'un couvent de bénédictines construit pour accueillir les pèlerins venus se recueillir sur la tombe de Saint Menoux et se déberdiner.
> La carte linguistique du berrichon est très étendue et déborde largement de l’ancienne province historique, bien au delà de l’Indre et du Cher. C'est la raison pour laquelle Hippolyte-François Jaubert a intitulé son dictionnaire : Glossaire du centre de la France, et dont une précédente version avait pour titre : Vocabulaire du Berry et des provinces voisines. Le parler berrichon était celui de la moitié de l’Allier, de la moitié de la Nièvre, d’un tiers du Loir-et-Cher et d’un bout du Loiret, sans oublier le lochois où l’on parlait aussi berrichon. Dans le Bourbonnais, on parlait le “bourbonnais d’oïl” qui est le berrichon de l’Allier.