La Loire est-elle devenue radioactive ?

Nouvel épisode d’une action commencée en 2015 contre la direction de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire, responsable d'infractions multiples “aux règles des installations nucléaires de base”, et au code de l’environnement, une nouvelle audience devant la cour d’appel de Bourges a eu lieu le 6 novembre 2019. 
Cette citation en justice par les associations
Réseau sortir du nucléaire (RSN) et Sortir du nucléaire Berry-Giennois-Puisaye, est la conséquence des incidents et anomalies dangereuses relevées par l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) en avril 2017. Ce qui a entraîné le placement de la centrale nucléaire en surveillance renforcée depuis septembre 2017. Les associations attendent de la cour d'appel de Bourges qu'elle juge enfin ce dossier sur le fond. En effet, les deux plaintes déposées en 2015 et 2017 devant le procureur de la République de Bourges ont été classées sans suite. Puis la justice a frappé de nullité une citation directe contre EDF (exploitant de la centrale de Belleville). Les associations espèrent être enfin entendues. Le tribunal a mis la décision en délibéré au 18 décembre 2019.

Ça fuit

Mais Belleville n’est pas la seule centrale préoccupante. Sur les rives de la Loire, cinq sites nucléaires exploitant quatorze réacteurs nucléaires sont en activité : Belleville, Dampierre, Saint-Laurent, Chinon et Civaux. Cinq réacteurs sont à l’arrêt mais émettent encore des rejets. La Loire et son bassin versant sont “nucléarisés” depuis plus de quarante ans. Le fleuve héberge, sur ses rives, des d’installations nucléaires qui rejettent dans les eaux des radionucléides, des métaux lourds, des substances chimiques. Ces rejets sont soit accidentels, soit “autorisés”e(en fonction de normes établies par notre administration qui sait tout et a tout prévu).

C’est l’état des lieux des installations nucléaires de la Loire exposé dans un dossier établi par le Collectif Sortir Du Nucléaire Loire et Vienne, qu’on peut lire sur le site “La rotative” et dans les pages de “Presse Océan”.

La Loire a avalé des rejets de plutonium suite à deux accidents nucléaires (fusion partielle des cœurs de réacteurs) sur le site de Saint-Laurent-des-Eaux en 1969 et en 1980. Le plutonium est extrêmement toxique s’il est inhalé, avalé ou s’il traverse la peau en cas de blessure. En 1969, il n’y avait pas de réglementation sur les rejets. En 1980, l’accident a été classé de niveau 4 sur l’échelle de l’INES. On sait maintenant que du plutonium a été relâché dans la Loire suite à ces accidents, mais rien n’a été fait pour préserver les riverains, ni ensuite pour en évaluer les effets.

Tritium

Les installations nucléaires rejettent des substances radioactives “autorisées”, de manière continuelle. Ces rejets se font directement dans l’atmosphère (tritium, carbone 14, iodes...) ou bien dans la Loire. Le tritium (un isotope radio-actif de l’hydrogène), est le plus massivement rejeté (il arrive aussi qu’il y ait des “fuites”). Il peut s’ intégrer à la chaîne du vivant : il se substitue à l’hydrogène dans n’importe quelle molécule ou cellule, et ce jusqu’à l’ADN.

L'association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest (ACRO) a annoncé en 2019 une contamination radioactive “anormalement élevée” de la Loire à Saumur (Maine-et-Loire), en aval de cinq centrales nucléaires. 

La présence de tritium y “est quasi systématique aussi bien dans le fleuve que dans les eaux de consommation. En janvier 2019, la concentration dans l'eau de la Loire a atteint 310 Bq/L”, alerte le laboratoire basé à Hérouville-Saint-Clair, alors que “le code de la santé publique fixe une référence de qualité de 100 Bq/L pour le tritium, qui ne représente pas une limite sanitaire mais un seuil qui, lorsqu'il est dépassé, entraîne une investigation complémentaire pour caractériser la radioactivité de l’eau”.

À Nantes, d’après une information de “Nantes révoltée” parue en juin dernier, “le tritium est présent sur près de quatre cents kilomètres à des doses au dessus des normales” entre Dampierre-en-Burly et Nantes (pourtant située à plus de 150 kilomètres de la dernière centrale).

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La communication de l’industrie nucléaire minimise, voire occulte, tous ces faits qui se cumulent depuis quarante ans sur certains sites (Dampierre, Saint-Laurent, Chinon), trente ans ou un peu moins sur d’autres.

Aucune enquête épidémiologique sur les conséquences de cette production d’électricité nucléaire sur les populations riveraines, la faune et la flore, n’a été faite.

De plus, ces centrales vieillissent... Tandis que, pour un certain nombre, de graves défauts de maintenance sont connus, comme à Civaux ou à Belleville, qui a été placé en surveillance renforcée par l’Autorité de Sûreté Nucléaire.

La Loire a ainsi été transformée en grand collecteur de déchets nucléaires. Quelles en sont les conséquences sur les humains, la faune et la flore ? Combien de temps cela durera-t-il ?

De l’autre côté du pays, à Lyon (la troisième ville de France), située à quarante kilomètres de réacteurs nucléaires, des scientifiques ont réalisé une enquête sur les conséquences d’un accident nucléaire. Près de deux millions de personnes seraient touchées par des radiations extrêmement fortes, ce qui veut dire qu’il faudrait en quelques heures évacuer plus d’un million d’habitants. Alors que les autorités font la sourde oreille, que toutes les centrales nucléaires de France vieillissent, et que les incidents se multiplient, ces spécialistes du nucléaire ajoutent “on sait qu’un accident arrivera, on a les éléments, on ne sait pas où ni quand, mais il en arrivera un dans les prochaines années. Donc on se retrouvera dans une situation similaire à Fukushima où Tchernobyl avec une zone évacuée ou les gens ne vont pas revivre, ni retourner”.

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> Sources. La rotative. La Loire nucléaire, état des lieux.  >>> Lien. 
Presse Océan. Concentration d’hydrogène radioactif dans la Loire.   
>>> Lien.
Nantes révoltée. Centrales nucléaires, Loire radioactive.    >>> Lien.

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