Après Fukushima, l’ancien premier ministre japonais est devenu anti nucléaire.

Naoto-Kan-No!

Naoto Kan l'ancien Premier ministre du Japon au moment de la catastrophe nucléaire de Fukushima, était en France le 12 mars. Il commençait une série de visites à l'Assemblée nationale, à Flamanville, à La Hague et au Parlement européen. Depuis la catastrophe, l’ancien chef du gouvernement japonais est devenu un fervent militant anti-nucléaire, il s’est exprimé sur France info et Médiapart. Extraits.

J'avais confiance en la technologie japonaise.

Jusqu'au 11 mars 2011, j'avais confiance en la technologie japonaise. Je pensais qu'il n'arriverait jamais au Japon une catastrophe comme Tchernobyl, que nos ingénieurs étaient tout à fait compétents et que la technologie était au point. Avec Fukushima, j'ai vu qu'une catastrophe nucléaire pouvait créer l'apocalypse dans la moitié d'un pays. Le jeu n'en vaut pas la chandelle. 

Il faut absolument changer notre politique énergétique, faire une transition énergétique, du jour au lendemain comme certains pays d'Europe. J'essaye de faire en sorte que le Japon change de voie. Des pays comme la France doivent également changer. Même d'un point de vue économique, la transition énergétique peut créer de l'emploi et de la richesse. C'est le moment ou jamais. Le risque est beaucoup trop grand, on ne peut plus prendre ce risque. Ce n'est pas possible.

Le nucléaire aux mains de faux experts.

Antinucleaire-Japon

Au moment où l’accident de Fukushima s’est produit, Naoto Kan interroge le responsable de l’Agence de sûreté nucléaire (dépendante du ministère de l’Économie et de l’Industrie) : “Quelle est la situation actuelle ? Comment ça va évoluer ? Quelles mesures pouvons-nous prendre pour remédier à cette situation ? Mais les réponses étaient tellement confuses et absconses que je me suis dit : “Qu’est-ce que ça veut dire ? Soit c’est moi qui ne comprends pas. Soit c’est lui qui n’est pas tout à fait compétent et ne me donne pas les explications qu’il faut.” Je lui ai donc demandé : “Pourquoi je ne comprends pas vos explications ?” Il a été obligé de me dire qu’il ne connaissait rien au nucléaire et qu’il était diplômé de l’université de Tokyo en sciences économiques. C’est normal que le ministère de l’économie nomme un économiste pour s’occuper d’industrie nucléaire. Mais c’était très gênant qu’il soit à la direction d’une agence, en principe formée d’experts, qui devaient m’aider à prendre des décisions. 

Cela montre que tout l’organigramme du gouvernement japonais était fondé sur la supposition qu’il n’y aurait pas d’accident majeur dans l’industrie nucléaire. Ils n’avaient jamais pensé à la possibilité d’un accident majeur. Il est normal qu’un ministre ne soit pas au courant, mais que le responsable de la sécurité, chargé d’édicter les règles, ne le soit pas, là ça pose un gros problème. 
Quelques mois plus tard, une commission parlementaire lance une enquête sur la conduite des autorités pendant la catastrophe. “On a compris à ce moment-là, et c’est écrit dans le rapport de la commission, qu’au lieu de servir de soutien aux politiques qui, par définition, ne connaissent pas bien le nucléaire, l’Agence de sûreté nucléaire avait été en fait la courroie de transmission des opérateurs “ conclut Naoto Kan.

Le Japon est-passé près du pire.

Natao-Kan-mains

Si la radioactivité avait continué à s'étendre, si on n'avait pas pu contrôler certains éléments, on aurait dû évacuer une zone de deux cents cinquante kilomètres autour de Fukushima. La population de Tokyo aurait dû être évacuée pendant une période de trente à cinquante ans. Si ce scénario du pire avait été réalisé, il aurait fallu évacuer cinquante millions d'habitants, soit 40% de la population japonaise ! 

Cela aurait été pire qu'en cas de défaite dans une grande guerre. L'apocalypse du Japon. Dans la mesure où on a évité cela, on peut dire qu’on a eu de la chance.
Quand une centrale explose, c'est trop tard, trop grand. On a les énergies renouvelables pour remplacer le nucléaire. On va dans le sens de l'histoire en les adoptant.

Pourtant des réacteurs nucléaires ont redémarré.

Actuellement il n'y a que cinq réacteurs sur cinquante quatre, qui fonctionnent au Japon. La population japonaise est vraiment contre les centrales, il y a des mouvements, des procès, des collectivités locales qui freinent par tous les moyens possibles. Dans les sept ans suivant l'accident de Fukushima, peu de centrales ont fonctionné et pourtant l'économie est prospère. C'est la preuve qu'on n'a pas besoin des centrales. Un pays peut se porter très bien sans nucléaire. Le Premier ministre Shinzo Abe n'en a relancé que cinq, il a du mal à en relancer plus, et il n'y arrivera pas.

Ce que Naoto Kan veut dire aux Français.

Ce que je veux dire aux Français, c’est que le risque est énorme, a-t-il déclaré à Mediapart. S’il y a un accident dans une centrale nucléaire, vous risquez d’avoir un tiers de votre territoire, ou peut-être la moitié, qui devienne inutilisable, invivable pendant des dizaines d’années. Je crois que vous devez être conscients de cela, que vous devez sortir du nucléaire, consommer moins d’électricité et, surtout, faire confiance aux énergies renouvelables. Prenez conscience de ce risque, il est énorme.


> Sources : France info. "Une catastrophe nucléaire peut créer l’apocalypse dans la moitié d'un pays", prévient l'ex-Premier ministre japonais. >>> Lien.
Mediapart. Les imparables leçons de la catastrophe de Fukushima.  >>> Lien. 

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