Paul Verlaine et sa rue. Les communards des rues de Bourges (11)

Paul Verlaine

Paul Verlaine est un célèbre poète et écrivain français (Metz mars 1843/Paris janvier 1896). Son œuvre et son existence étant bien connues, cette page traitera d’un épisode moins notoire : sa vie pendant la Commune de Paris.
La rue Paul Verlaine dans le quartier des Gibjoncs au nord de Bourges a été dénommée au conseil municipal du 21 juin 1969 au moment où se construisent les rues et les immeubles de ce nouveau quartier. Ainsi Paul Verlaine voisine avec Pierre Corneille et François Villon ; mais sa rue n'est pas très éloignée de la rue Arthur Rimbaud, située elle aussi dans les quartiers nord. 

Après des études de droit avortées, Verlaine travaille un temps au sein d'une compagnie d'assurances, puis entre à la mairie de Paris. À l'âge de 22 ans paraît son premier recueil de poésies, intitulé Poèmes saturniens. L’œuvre poétique de Verlaine est écrite pour l'essentiel avant 1880, c'est-à-dire quand il a entre 22 et 35 ans. Il entre en mars 1864 au bureau des mariages à la mairie du IXe arrondissement de Paris, puis dans les services de l’ordonnancement à l’Hôtel de Ville. 

La guerre de 1870 éclate au moment où le jeune poète vit dans la capitale avec Mathilde Maute de Fleurville qu’il épousera en août 1870 en présence de Louise Michel, l'ancienne institutrice de sa conjointe. Quand vient l’hiver, Verlaine et sa femme subissent la rigueur et les privations du siège par l’armée Prussienne. Comme de nombreux parisiens, il s’enrôle  dans la Garde Nationale (au 160e bataillon); il est affecté sur les remparts de Paris. Partisan de la Commune comme beaucoup d’artistes, il reste à Paris en mars 1871. Car Verlaine n’est pas seulement un ”poète maudit” et un révolté, il refuse d’obéir à l’appel de Thiers qui demande aux fonctionnaires de rejoindre Versailles en emportant leurs dossiers. Il reste un employé de la ville et travaille au service de la presse où il constitue les dossiers destinés aux élus de la Commune. 

1-Plan Bourges-Communards

Ce sont bien ses convictions qui le poussent à rester : ”J’avais dès l’abord aimé, compris [...] cette révolution à la fois pacifique et redoutablement conforme au si vrai ”Si vis pacem para bellum”; il apprécie le Comité central de la Garde Nationale qui ”avait tout bonnement posé, d’aplomb et net et bien, la question politique intérieure et indiqué d’un trait parfait le futur problème social à résoudre illico, fut-ce par les armes”.

Bien qu’il ne soit pas un militant politique, Verlaine participe à la vie citoyenne de la Commune. Il assiste aux réunions des clubs. Il fréquente Louis Xavier de Ricard, le futur poète du Midi rouge, Jules Andrieu (son collègue à l’Hôtel de Ville) et Raoul Rigault, chef de la Police, qui est un ami et dont il raconte la mort, fusillé sans procès par les versaillais, rue Gay-Lussac le 24 mai.

L’invasion de Paris par les versaillais lors de la semaine sanglante de mai 1871 le contraint à fuir pour échapper à la répression. L’historien Maxime Jourdan souligne que Versailles, pour qui les communards étaient ”un ramassis de voleurs et d’assassins”, avait la volonté ”de dénier tout caractère politique aux actes de la Commune, en les criminalisant”. Quant aux fonctionnaires qui avaient servi la Commune en effectuant des tâches administratives subalternes : ils étaient jugés pour usurpation de fonctions publiques. ”Quant à ceux qui auront montré dans l’exercice de leurs fonctions une adhésion politique au régime nouveau, ils seront jugés par un conseil de guerre et encourront la déportation ou les travaux forcés”. 

Verlaine est condamné, par contumace, en août 1872, à la déportation en enceinte fortifiée sous le nom (heureusement pour lui erroné) de Paul Merlaine. Sa fuite hors de France en 1871 avec Rimbaud, lui aussi partisan de la Commune, si elle est d’abord une aventure poétique et amoureuse, est liée aussi avec l’inquiétude sur le sort qui le menace. Il ne reviendra en France qu’en 1880 avec l’amnistie.

En 1883 miné par l’alcool et la maladie Verlaine tente vainement de retrouver un poste à l’Hôtel de Ville. Il écrit de nombreuses pages de souvenirs ou de confessions où il évoque la Commune. Il compose pour une conférence de Vermersch un Poème des Morts inspiré par l’amitié : ”La République, ils la voulaient terrible et belle, Rouge et non tricolore / Ils gisent, vos vengeurs, à Montmartre, à Clamart / Ou sont devenus fous au soleil de Cayenne / Ou vivent affamés et pauvres, à l’écart ”.


> Lire dans gilblog : Parcours des communards de Bourges. 150e anniversaire de la Commune de Paris.  >>> Lien.

> Sources. 
Histoire des noms des rues de Bourges, par Roland Narboux. Éditions CPE.
Bourges pas à pas, par Georges Richet. Éditions Horvath.
La Commune et les communards du Cher, par Jean-Pierre Gilbert. L’Alandier.
Wikipedia. Paul Verlaine. >>> Lien.


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