Marche pour l’eau. Jean-Luc Touly : l’eau un marché juteux.

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L’eau n’est pas seulement en danger d’être encore plus polluée, elle peut être aussi vecteur de corruption… Jeudi 14 septembre, à l’auditorium du Muséum d’histoire naturelle, la “Marche pour l’eau” a démarré fort avec le film “Water makes money”, présenté par Jean-Luc Touly. “L'eau transformée en fric”, dirait-on en français, est un documentaire qui expose les trucages et la corruption dans le marché de l'eau en France, en Europe et ailleurs. Le film montre les témoignages d’élus, d’experts et de représentants des géants français de l'eau, Veolia (ex-Générale des eaux) et Suez environnement (ex-Lyonnaise des eaux), qui approvisionnent près de 80% de la population en France. 

Jean-Luc Touly, sympathique électron libre, ancien cadre de la Compagnie générale des eaux Veolia, président de l'Association pour le contrat mondial de l’eau, membre d'Anticor (association de lutte contre la corruption) et élu régional écologiste, a révélé dans un livre (“L'eau des multinationales : Les vérités inavouables”), les dessous du marché de l’eau. Un marché qui se traite dans l’opacité, une opacité souvent liée à de la corruption.

Le principe de l’entourloupe est simple : l’entreprise candidate à la délégation de gestion de l’eau d’une collectivité propose au maire le marché suivant : “si nous remportons l’appel d’offres de la distribution de l’eau, nous verserons à la commune un droit d’entrée d’un montant de X millions qui vous permettra de réaliser le gymnase dont vous rêvez, ou d’annoncer une baisse d’impôts”. Une fois la décision votée, l’entreprise se rembourse du capital, plus de confortables intérêts, en quelques années, au moyen de la facture d’eau payée par les habitants. Une facture qui augmente, comme on peut s’en douter. Et voila comment Veolia et Suez environnement accroissent leurs profits et financent leur développement. Et voila comment des réalisations “qui ne coûtent rien aux contribuables” sont payées au prix fort par les mêmes contribuables !

Conséquences : absence de transparence, hausse vertigineuse des prix à la consommation, baisse de la qualité de l’eau, dégradation des matériels de distribution. Même s'il ne s'agit plus de privatisation à proprement parler, mais de partenariat public-privé (selon la formule en langue de bois), le résultat est le même : les multinationales s’approprient un service public et saignent les usagers pour engraisser leurs actionnaires. Abusant de la naïveté, de l’incompétence, ou avec la complicité, de certains élus des collectivités locales. 

L’eau est un marché juteux pour Veolia et Suez. Et comme ils excellent dans ce métier, ils y ont adjoint celui de la dépollution de l’eau et une large gamme de services aux collectivités locales : transports collectifs, restauration, traitement des déchets ..etc.

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Au delà des manipulations de l’information du public et des élus, il y a parfois (souvent ?) la corruption. L’affaire Carignon en est un exemple. En 1998, l’ancien maire de Grenoble, Alain Carignon a été condamné à cinq ans de prison pour corruption, subornation de témoins et autres méfaits. En 1989, il avait cédé le service de l’eau de Grenoble à une société privée, la COGESE, filiale de la Lyonnaise des eaux, en contrepartie d’avantages personnels lui permettant de mener grand train et de s’enrichir : voyages en avion, croisière en bateau, et un appartement de sept pièces principales de deux cents quatre vingt mètres carrés à Paris, 286 boulevard Saint-Germain. Un cadeau de 5 millions de francs de l’époque en 1986 !
Un exemple qui illustre bien le commentaire ironique de Jean-Luc Touly : “Le marché de l’eau c’est souvent la lutte du pot de terre contre le pot de vin” !

Le débat qui s’est instauré après la projection du film qui a rassemblé une assistance nombreuse et attentive, a eu pour thème principal : municipalisation ou privatisation de la distribution de l’eau ?
En France, où de nombreuses villes ont cédé à la tentation du douteux partenariat public-privé, la tendance est désormais à la re-municipalisation de le distribution de l’eau. C’est notamment le cas à Paris depuis quelques années. Mais tout n’est pas gagné…
Des participants à la discussion ont interrogé Jean-Luc Touly, sur ses démêlés avec Veolia et la succession d’actions en diffamation menées à son encontre devant les tribunaux. Mais la justice a chaque fois débouté Veolia, les pratiques dénoncées par le cadre lanceur d’alerte sont avérées, l’entreprise est donc reconnue coupable de corruption d’agents publics !

Vous voici prévenus : si un projet de partenariat public-privé est évoqué dans votre commune, méfiance, il y a peut-être anguille sous roche !


> “L'eau des multinationales : Les vérités inavouables” par Jean-Luc Touly et Roger Lenglet. Préface de Danielle Mitterrand. Éditions Fayard. 244 pages. 20 euros.
> Lire dans gilblog : Forum de l'eau. Serge Lepeltier est il candide ou politicien ? >>> Lien.



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