Maison de la Culture de Bourges. La même, mais toute neuve en 2013.

Photos, de haut en bas :

Deux vues en coupe de la MCB.

Un public  nombreux attaché à "sa" MCB,

350 personnes environ.

Philippe Gitton et Serge Lepeltier.

Serge Lepeltier, maire de Bourges.


L'idée des Maisons de la Culture date des années trente, on la doit à à André Malraux et Gaétan Picon, militants de la Ligue des intellectuels contre le fascisme, et à la politique de décentralisation culturelle lancée par le gouvernement de Front populaire. La Maison de la Culture de Bourges fut (longtemps après tout ça), la première Maison de la Culture de France. Elle a la particularité d'avoir été inaugurée trois fois : première inauguration le 12 octobre 1963, puis deuxième inauguration le 18 avril 1964 en présence d'André Malraux, enfin troisième et dernière inauguration en 1965, en présence du général de Gaulle ! Pour Malraux, une Maison de la Culture par département devait voir le jour afin que "n'importe quel enfant de seize ans, si pauvre soit-il, puisse avoir un véritable contact avec son patrimoine national et avec la gloire de l'esprit de l'humanité" et de "rendre accessible les œuvres capitales de l'humanité au plus grand nombre de Français". 


La Maison de la Culture de Bourges occupe l'ancienne Salle des fêtes, construite en 1938 (d'une architecture très conventionnelle style années 30), une frise du sculpteur berruyer Émile Popineau orne le haut de la façade. La salle des fêtes est restée inachevée jusqu'au milieu des années cinquante. Au début des années soixante, la municipalité fait d'importants travaux à l'intérieur du bâtiment, avec la grande salle et la petite salle qui préfigurent celles que l'on connaît actuellement. Depuis, les berruyers se sont appropriés cette construction un peu banale mais qui a le mérite de ne pas détonner dans la ville, et puis la patine du temps a fait son oeuvre, on l'aime bien comme elle est, la MCB. 

Les années passent. Elles sont plutôt glorieuses, créations théâtrales avec Gabriel Monnet, lancement du Printemps de Bourges avec Alain Meilland et Daniel Colling, et passage de nombreux autres talents dans la MCB. Un public nombreux et fidèle apprécie la qualité des spectacles et l'exigence artistique qui sous tend les choix des directeurs successifs.

Mais avec le temps, les locaux, la toiture, l'installation électrique, se  dégradent tandis que les normes de sécurité évoluent. L'accueil, les surfaces utiles et de circulation, méritent un rééxamen, le mobilier vieillit. La maison ne peut plus accueillir le public, la saison 2009/2010 se déroule "hors les murs" dans les salles de la ville (prêtées gracieusement), pendant que la municipalité et ses partenaires élaborent des projets... et des budgets. La même année, la structure associative qui administrait la MCB est remplacée (non sans heurts) par un EPCC (Établissement public de coopération culturelle).


> 7 février 2011 à la mairie de Bourges, réunion publique avec Serge Lepeltier pour la présentation du projet. Première information, la maison de la Culture poursuivra sa vie dans ses locaux, mais des locaux entièrement rénovés, au coeur de la ville. Le projet consiste en une réfection complète et une augmentation des surfaces. 

Les éléments emblématiques sont conservés : la façade (classée), le stabile de Calder à l'accueil, le grand théâtre (760 places, plus 19 pour les handicapés) et le petit théâtre (291 places, plus 6 pour les handicapés). Des transformations importantes mais invisibles (ou presque), auront lieu : récupération des locaux de l'ancienne école de musique pour les services administratifs et les artistes, reconstruction des toitures, élévation de la tour des décors à l'arrière scène, régie lumière placée hors de la salle, chauffage au sol du hall d'accueil, remplacement du vitrage du hall, rénovation thermique et acoustique, nouveau plan de circulation. Un premier projet marqué par sa hauteur, jugée excessive à cause de la proximité de la cathédrale, a été refusé (un bon point pour Serge Lepeltier). 

Somme toute un projet qui ne manque pas de bon sens ni de réalisme, mais qui pourrait être qualifié de trop sage ou consensuel, c'est à l'appréciation de chacun.

Durant les travaux, les saisons 2011/2012 et 2012/2013 auront encore lieu "hors les murs". Le cinéma poursuivra ses séances dans une nouvelle salle au Foyer Saint François. Il n'y aura pas une deuxième salle de projection dans la Maison de la Culture, sauf, peut être plus tard, lors d'une lointaine deuxième tranche budgétaire...

Les expositions devraient se tenir au premier étage et le futur restaurant, ou une cafeteria, occuperait le local du rez-de-chaussée à gauche de l'accueil.

Le processus des dossiers et des consultations des entreprises se déroulera de mai à août 2011. Les travaux débuteront en octobre, ils dureront vingt trois mois, et si tout va bien, la MCB refaite ouvrira à la rentrée de 2013. 

Le budget initial était d'environ quinze millions d'euros, il est actualisé à dix neuf millions d'euros environ. L'Europe apportera deux millions d'euros, l'État français apportera trois millions, la Région centre donnera trois millions aussi, le Conseil Général du Cher trois millions et demi, la ville de Bourges financera à hauteur de quatre millions. Ne me demandez pas pourquoi le budget est présenté en sommes avec TVA et les subventions en "hors taxes".


> Signe des temps, à Bourges comme ailleurs, on ne parle plus de programme, de projet artistique ou d'ambition culturelle, c'est la calculette qui commande. C'est certainement là que le consensuel trouve ses limites. Malraux où es tu ?

Et comme dans notre beau pays, tout est coupé en tranches, il y a d'un côté les équipements collectifs et de l'autre la politique artistique. Le projet culturel et les programmes (les contenus comme on dit en sabir technocratique), sont décidés ailleurs. C'est ainsi que le nouveau Directeur de l'Établissement public de coopération culturelle (EPCC) est en cours de recrutement, l'appel à candidatures a eu lieu en décembre 2010. On connaîtra son nom en mai ou juin. 


Le public attend que le nouveau directeur prenne rapidement ses fonctions. Il devra faire face à d'importants enjeux : concevoir et mettre en oeuvre un projet  culturel et artistique digne de notre époque, et obtenir des moyens à la hauteur de cette ambition (ce qui sera sans doute le plus difficile). 

Le nouveau directeur devra aussi pratiquer un dialogue constructif avec le public et ses représentants, très attachés à "leur" MCB .


En tous cas, souhaitons un bel avenir à la nouvelle Maison de la culture de Bourges et à son public, et rendez vous en 2013 !


> Le site web de l'association des amis de la Maison de la culture de Bourges. >>> Lien.