Louis Lecoin, berrichon et  pacifiste intransigeant.

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À l’heure où la France est engagée dans plusieurs guerres (dont celles du Proche Orient qui déclenchent des attentats sur notre sol en représailles), il est réconfortant de se souvenir qu’un berrichon a consacré sa vie à la cause de la paix. Louis Lecoin, un grand homme, un grand berrichon, un grand pacifiste. Pourtant, "le p’tit Louis" (comme le surnommaient affectueusement ses amis), ne mesurait qu’un mètre cinquante et un… mais la force de ses convictions a soulevé des montagnes.

Louis Lecoin naît à Saint-Amand-Montrond, le 30 septembre 1888. Il connait une enfance malheureuse. Son père est journalier. Sa mère peine à trouver de quoi élever sept enfants. La famille est régulièrement secourue par le bureau de bienfaisance. "Un peu de mendicité par-ci, par-là, nous empêchait de trop sentir la faim, et d’aller le cul nu."  Après trois années d’apprentissage dans une ferme-école qui le place un an comme domestique chez un châtelain qui ne supporte pas son absence à l'église, Lecoin prend la route pour Paris en 1905. Là, il est tour à tour jardinier, manœuvre dans le bâtiment, ou cimentier. Plus tard il exerce le métier de correcteur typographe.

Un jour, au cours d’une manifestation de grévistes, Lecoin est inculpé à tort de coups à agents. "Le juge d’instruction me rudoya...déclarant que puisque j’étais anarchiste la Société se défendrait. Etais-je anarchiste ? En train de le devenir, oui ! ". Il est condamné à trois mois de prison. Cette condamnation injuste marque le début d’une vie au service du syndicalisme, des idées antimilitaristes, pacifistes et anarchistes, un engagement qui ne faiblira jamais, souvent marqué par des actions d'éclat. Son courage exceptionnel lui vaudra, au cours de sa vie, un total de douze années d’emprisonnement par des tribunaux civils et militaires (dont huit ans et demi, entre 1910 et 1920)

La publication d'une affiche antimilitariste entraîne sa condamnation à 5 ans de prison. Libéré, il est incorporé dans l'armée en 1907 mais refuse de marcher contre les cheminots en grève. Le Conseil de Guerre de Bourges le condamne à 6 mois de prison.

Entre 1921 et 1927, il est secrétaire du comité qui défend en France la cause des anarchistes Sacco et Vanzetti, condamnés à mort aux USA lors d'un procès truqué. 

Durant la guerre d'Espagne, il anime le comité qui défend les militants espagnols de la CNT menacés d’extradition.

Pour s’être battu en 1939, avec d'autres personnalités contre la perspective d’une deuxième guerre mondiale, et pour la publication d'un tract contre la guerre intitulé "Paix immédiate", Louis Lecoin est emprisonné jusqu’en 1943.

Après la guerre il fonde le comité de soutien à Garry Davis pour créer une Citoyenneté mondiale.

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Début 1958, il lance son journal “Liberté”, crée le premier Comité de soutien aux objecteurs de conscience, et propose en accord avec le Service Civil International, de désigner cette association comme alternative au service militaire. “Liberté” est aussitôt interdit en Algérie par Robert Lacoste.

En mai 1959, un jeune appelé de 20 ans, habitant près de Nîmes tente de fuir pour échapper à la guerre d’Algérie. Il est abattu par un gendarme. Pour avoir traité ce meurtre d’ "odieux assassinat", Louis Lecoin est encore condamné .

Le projet de Statut des objecteurs initié en 1958 est freiné par la guerre d’Algérie. Cette cause devient une affaire nationale quand Louis Lecoin, à 74 ans, le 1er juin 1962, commence une grève de la faim qui durera un mois.

Le journal "Le canard enchaîné" mène campagne en sa faveur et donne un grand retentissement à son action. Il est soutenu par des personnes aussi diverses que Yves Montand, Lanza del Vasto, Robert Buron, le Président de la République italienne, ou l’Abbé Pierre qui lui écrit : ”je suis sûr que Dieu existe et qu’il vous aime....”

Il obtient la promesse d’un statut des objecteurs de conscience qui n’aboutira qu’en décembre 1963, après de nombreuses péripéties. Quelques temps plus tard, une autre loi interdit à quiconque de faire la réclame du nouveau statut et de le divulguer !

Parallèlement, Louis Lecoin reprend son combat contre le franquisme en recréant le Comité pour l’Espagne libre et anime d'autres comités :  contre l'esclavagisme, et pour le désarmement unilatéral... En 1964, il est proposé pour le prix Nobel de la Paix, mais il insiste pour se retirer devant le pasteur Martin Luther King.
Il meurt en 1971 sans avoir vu la chute du dictateur Franco. Il est enterré à Paris, au cimetière du Père Lachaise.

Le buste de Louis Lecoin, par Fabien Latorré, est érigé dans le jardin du musée Saint Vicq à Saint Amand Montrond.

> Photo du bas : une marcheuse de la Paix salue le buste de Louis Lecoin lors de la marche d’août 2017.

Citations de Louis Lecoin.
> Je pense fermement qu'un homme peut et doit se refuser à en assassiner d'autres ...
> Je suis logique avec mes idées et reste d’accord avec mon cœur qui souffre au spectacle de ces laideurs, et avec ma conscience qui s'indigne que des individus accumulent tant de misères.
> Combattre, c’est toute ma vie. Et toute ma vie, je la trouve belle.
> Enfin la France doit prendre cette décision de déclarer la paix au monde.
> Croyez-en mon expérience : l’anarchie embellit la vie ; elle a embelli la mienne.


Oeuvres de Louis Lecoin.

> De prison en prison. Paris, 1946 
>
Le cours d’une vie. Paris, 1965 
> La Nation face à l’armée. 
> Écrits de Louis Lecoin. Éditions Union pacifiste, Paris, 1974.
Bibliographie
> Sylvain Garel, Louis Lecoin et le mouvement anarchiste (Volonté anarchiste, Fresnes), 1982.
> Jean-Claude Lemonnier, Louis Lecoin combattant de la Paix (Anima, Saint-Amand-Montrond), 1991.
Lire sur wikipedia : 
http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Lecoin


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