Il y a deux cents ans à Bourges, naissait Charles Gambon..

CharlesGambon

Charles Ferdinand Gambon est né à Bourges le 19 mars 1820. Ses parents, Charles Marie Gambon et Élisabeth Victoire Borget habitaient rue Saint-Sulpice. C’était il y a deux cents ans. Une raison de célébrer ce grand berrichon, et grand bonhomme tout court, d’autant que notre unique quotidien régional Le Berry n’y a pas pensé.…

Le grand père de Charles-Ferdinand avait émigré de Comologno dans le canton suisse du Tessin au milieu dXVIIIe siècle pour s'installer à  Bourges. Le père était commissaire priseur. Orphelin trop tôt, élevé par sa grand-mère à Sully la Tour  le jeune Gambon prend conscience de la misère des campagnes.

Charles Ferdinand Gambon étudie le droit à Paris et devient avocat à 19 ans. Il se lie avec Félix Pyat (né à Vierzon en 1810), dont il partage les idées politiques. En 1846, sa famille le rappelle et le fait nommer juge suppléant au tribunal de Cosne. En 1847, il combat la candidature à la députation de Delangle, proche de Louis-Philippe, ce qui lui vaut. d’être traduit devant la Cour royale de Bourges pour son opposition.

En 1847, pendant un banquet démocratique, il refuse de porter un toast à Louis-Philippe, il écrit une protestation qui lui vaut d’être traduit devant la Cour de cassation de Paris et suspendu de ses fonctions pour cinq ans. Il retrouve Félix Pyat à Paris et fonde avec lui Le Journal des Écoles, organe de la Jeunesse Estudiantine et Républicaine des facultés et grandes écoles. Élu du peuple après la révolution de 1848, il siège à l'extrême gauche. Il vote pour la création d'un Ministère du Travail, pour le droit au travail, pour l'abolition de l'impôt du sel et contre la loi sur les attroupements. Il vote également contre le projet de Constitution soumis à l'Assemblée Nationale, et, après l'élection du Prince Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République, il s'oppose continuellement au gouvernement. Gambon est arrêté dès 1849 pour son opposition au futur empereur Napoléon III. Il est condamné le 13 novembre 1849 à 10 ans de déportation et emprisonné à Belle-Île-en-mer, puis en Corse, jusqu'en 1859. Plus tard, il adhère à l'Internationale et participe à la fédération des sociétés ouvrières.

En 1860, après ses dix ans de déportation, Gambon s’installe comme agriculteur à Sury-près-Léré, et toujours opposant au régime dictatorial du Second Empire. Le 22 juillet 1865, élu conseiller municipal de Sury, il refuse de prêter serment de fidélité à l'empereur. En 1869, après la fusillade sanglante de la grève des ouvriers de La Ricamarie à côté de Saint Étienne (faisant quatorze morts et vingt-deux blessés), il se rend célèbre par sa campagne pour le refus de payer l’impôt qui financerait une armée de répression. (La fusillade de La Ricamarie inspire à Victor Hugo deux poèmes, et à Émile Zola, l'épisode de la fusillade de Germinal). “Je ne veux payer ni casse-têtes, ni chassepots; je laisse pour le compte de votre maître, les provocations de Paris et le sang de La Ricamarie et d’Aubin. En payant, je deviendrais son complice ; je ne veux pas l’être davantage.” Il publie cette déclaration au percepteur dans le journal La Réforme du 10 septembre 1869.

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Le fisc saisit alors une partie des biens de Gambon, mais comme les Sancerrois refusent de s’en porter acquéreurs, une vache de son domaine de la Robinerie est mise en vente sur la place publique de Sancerre. Cet épisode tragi-comique fait grand bruit. L'aventure de la Vache à Gambon donne le jour à une chanson connue à Paris et popularisée par les journaux de l'opposition. Gambon est désormais désigné par le sobriquet de “l'homme à la vache”. En janvier 1870, Le journal La Marseillaise ouvre dans ses colonnes une souscription pour le rachat de la vache du citoyen Gambon et recueille de nombreux dons.

Le 26 mars 1871, il est élu membre de la Commune de Paris et donne le 5 avril 1871 sa démission de député à l’Assemblée Nationale à majorité royaliste, dominée par Thiers. Désigné par la Commune à la fonction de procureur, il refuse le poste, trop conscient des méfaits de la justice et de la prison. Il est partisan d’aider au soulèvement des villes de province, dans le but de former une grande fédération des communes. Présent sur les dernières barricades, le 28 mai, Ferdinand Gambon se bat jusqu’à la fin rue de la Fontaine-au-Roi. Il parvient à échapper au massacre versaillais et se réfugie en Suisse où il rejoint l’Internationale. 

Il est condamné à perpétuité le 23 novembre 1871 pour la destruction de l’hôtel particulier de Thiers, et à la peine capitale le 7 novembre 1872 pour “complicité de séquestration de plusieurs personnes avec tortures corporelles” .

Après l'amnistie de 1879, de retour en France, il prend part au mouvement anarchiste aux côtés de Louise Michel, sans rompre avec les socialistes révolutionnaires. 

Le 18 juin 1882, il est élu député de Cosne. Il reprend plusieurs projets de la Commune dans son programme : séparation de l’Église et de l’État, élection des juges, instruction gratuite et obligatoire, impôt basé uniquement sur le revenu. En 1884, Il présente, mais sans succès, un projet de loi pour l’abolition de l’armée permanente et son remplacement par une armée nationale et citoyenne. Il est l’auteur, dans -Le cri du peuple, du célèbre slogan pacifiste “Guerre à la guerre”. 

Charles Ferdinand Gambon meurt le 16 septembre 1887 à Cosne-sur-Loire, à l’âge de 67 ans.

> Des rues de Paris, Bourges et Vierzon, portent son nom.

> Extrait d’un livre à paraître sur les communards du Cher. Sources : Archives départementales du Cher. Cercle Généalogique du Haut Berry. La répression judiciaire de la Commune de Paris JC Farcy Université de Bourgogne. Amis de la Commune.

> Lire aussi dans gilblog : L’affaire de la vache à Gambon (avec les paroles de la chanson). >>> Lien.

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