Édouard André. La forêt Saint Martin et ses écossais - 4.

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Voici le quatrième extrait de l’étude du grand paysagiste berrichon Édouard André sur les Écossais et les poumes de la Forêt Saint-Martin (1863). Ce texte sur les forêtains m’a été communiqué par Jean-Claude Bourdin (de la société pomologique du Berry). Je vous en livre de larges extraits qu’il est intéressant de comparer avec le Saint-Martin que nous connaissons aujourd’hui…

Leur industrie est si développée, et si grande leur soif du négoce, que la vente du bois, de la paille, des balais, des foins, des javelles, des gros légumes, à la criée, dans les rues de Bourges, appartient en grande majorité aux forêtains. Ils ont ce qu'on appelle le cri de Paris : une sorte de chanson à eux particulière ; nos fiers et paisibles paysans berrichons l'ignorent ou la dédaignent. 

Une partie essentielle de la population est consacrée à l'agriculture, et ils sont vraiment des maîtres, comparés à ceux qui les entourent. La plus grande partie de leurs cultures se fait à bras, les arbres fruitiers, plantés à chaque pas, rendant souvent impossible l'emploi de la charrue ; mais ils ne reculent jamais sur ce surcroît de besogne, que la terre leur rend au centuple. Dans ces terres privilégiées, malgré l'ombrage épais des arbres semés partout, le blé croît aussi beau, aussi fourni, aussi complet que dans le champ le mieux aéré.
Depuis quelques années, de riches gisements de marne ont ouvert aux habitants de Saint-Martin une source nouvelle de richesse agricole dont ils commencent à tirer un grand parti. 

Ils ont peu de prairies naturelles, excepté celles de la vallée du Moulon. Les premiers, dans les environs de Bourges, ils ont pratiqué les prairies artificielles ; leur fourrage le plus abondant est le trèfle, qui constitue la nourriture presque exclusive de leurs bestiaux. Ils tirent aussi grand parti de leurs légumes. 

Camille Pissarro - La récolte des pommes à Éragny

Mais leur vraie richesse leur vient des fruits. Leurs arbres sont plantés à plein champ, à 10 ou 15 mètres les uns des autres, croissant en toute liberté. La récolte des fruits vient apporter chez eux une pluie d'or qui dure toute l'année. Aussi bien il est rare de rencontrer un de ces Écossais mendiant son pain. Le malheur est qu'ils s'en rapportent un peu trop à la Providence pour l'entretien de leurs arbres, une fois plantés et greffés. Ils en mettent partout, il est vrai : dans les champs, sur les bords des chemins ; ils greffent toutes les épines dans les haies ; mais voilà tout. Point de taillis, d'émondage, d'échenillage ; des arbres couverts de bois mort, de mousse, de gui, etc ... Il faut que cette terre promise obvie à toute incurie et conserve les arbres en dépit d'eux-mêmes. C'est pourquoi leurs fruits sont généralement pierreux, petits et mal formés. La quantité d'abord ; pourvu que l'arbre ploie sous le faix, ils sont contents. 

Tous les cantons de la forêt Saint-Martin ne sont pas également fertiles ; et même, parmi les privilégiés, on distingue encore des clos bien supérieurs à d'autres.
Dans la commune de Saint-Martin, les petits villages, hameaux ou clos suivants sont les plus renommés par l'abondance de leurs fruits : le Carroy-de-la-Jaunée, le Chêne, la Tuilerie, les Hermites, Beffiou, la Fanchonnerie, les Ducloux, les Reddes, les Rauches, la Salle, les Boulins, les Goyoux, etc. 

Dans Saint-Palais : Mauveron, Maltaverne, les Constants-Fèves, les Girards, les Bouquets, les Ecrains, la Farnauderie, le Colombier, le Chêne, Combe, la Manœvrerie, les Affouards, les Chagnoux, les Bruyères, les Abbés, etc.
Dans Menetou : les Gobieux, les D'Choux, les Molons, les Montourennes, les Faucards, Derrière-la-Forêt, la Tremblade, les Rousseaux, les Louis, etc. 

Dans Quantilly : les Bardis, les Cros-de-Vaux, les Biaunes, les Giermaisons, la Rablette, les Migeons, les Joris, les Glandons, Champgrand, les Marchands, Chaudé, etc.
…Lire la suite dans un prochain gilblog. “La liste des espèces et variétés cultivées le plus en grand dans le pays”.


> Lire les épisodes précédents dans gilblog.`
Les écossais et les pommes de Saint-Martin-d’Auxigny, de la légende à l’Histoire. >>> Lien.
 
Saint-Martin, Édouard André et les poumes -1. >>> Lien.   
Saint-Martin, Édouard André et les poumes -2. >>> Lien.  
Saint-Martin, Édouard André et les poumes -3. >>> Lien.    

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