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La noce à Berlaudiot.

Les nouvelles histoires de Berlaudiot.

Tracteur-mariage-Berlaudiot

C’t’histouére là, à s’passe du temps d’la jeunesse à Berlaudiot. Il’taient troué bons copains d’la Charnivolle, eud’ la même classe, partis fée yeu sarvice militaire en même temps, par le fait. Julien Têtard (le fils du boulanger) “dit la belette”, Simon Taillemitte (le fils du facteur) dit "chasse rosée”, et Berlaudiot. 

Au r’tour, après la quille, y z’avaient poussé l’amitié jusqu’à décider d’fée yeu noces eul’ même jour, (mais avec des femmes différentes - à La Charnivolle, on n’est pas des fous quand même !). 

La veille des noces, y z’avaient arrosé yeux vies d’garçons avec quieuques verres eud’ sauvignon. Enfin, plutôt quieuques chopines (Julien Têtard y croit bin qu’y z’en avaient descendu eun’ bonne douzaine). C’est justement dans ceux soirée là qu’on fait des promesses ou des paris stupid’. 

Heureus’ment, y z’ont fait qu’une promesse….  

Vous allez m’dir’ : eh bin qué don promess’ ? Bin voila, y z’ont juré d’se r’trouver deux jours plus tard, à l'apéritif et de raconter sans rin cacher, les péripéties de leur première nuit d’noces. Y z’ont même décidé que çui là qu’aurait fait la pus pauv’ et la pus court’ nuit d’noces y s’rait mis à l’amende et y payerait un bon gueul’ton pour les trois couples à La Boule d’Or à Bourges ! 

Puis y a eu les noces. J’vous raconte pas, c’est pas l’sujet et pi ça nous mén’rait trop loin.  

Le jour dit et à l’heure dite, Julien, Simon et Berlaudiot y vont dans l’arrière saIle de Chez Zézette (ça s’appelait déjà coum’ ça car la mère à Zézette à s’ap’lait aussi Zézette), pour causer coum’ conv’nu. 

Julien fiâr coum’ une paire eud’ jaux y s’dépêche d’êt’ le premier à fanfaronner : 
Moué, anc’ Lucienne, on s’est accoubinés coum’ des bêtes, et six foués d’rang !

Les parisiens y z’appelleraient ça sans doute “faire des offrandes à Cupidon”, mais là on l’tait à La Charnivolle y a bin longtemps et on l’tait pas des littéraires…

Simon à son tour de parler et fier coum’ un seul jau, annonce seulement quatre “offrandes”
C’est que Mauricette al’ est plutôt timide, mais a s’est pas archignée, du coumenç’ment jusqu’à la fin ! 

Quand à Berlaudiot, malgré la perspective de la note à payer, il déclare d’un air candide : 
Bin moué, j’ai pas encore réussi à c’t’heure ...voyez-vous, la Huguette al’ avait point l'habitude ! 

Aujourd’hui, les années ayant passé, Julien Têtard se demande encore si Berlaudiot était aussi baziot qu’il en avait l’air ou bin si y f’sait déjà semblant.  Va don savouér….


> Si le sens d’un mot vous échappe, vous le trouverez dans le Glossaire du parler berrichon. >>> Lien.