8 mars, Journée internationale pour les droits des femmes.
Valérie en France, Sofía en Argentine.

Affiche 8mars

Le 8 mars est la Journée internationale de lutte pour les droits de femmes (et non ”la journée de la Femme”). Quand les médias parlent des luttes des femmes (lorsqu’ils en parlent), c’est pour traiter des inégalités au travail, des salaires, de ségrégation… Voici deux actualités qui illustrent la lutte pour les droits; cette fois c’est dans le domaine de la santé que ces deux femmes agissent.

Valérie-Murat

   Ça se passe tout près de chez nous, à Libourne dans le vignoble bordelais. On pourrait donner comme titre à l’histoire : Valérie Murat et le procès bâillon. Fille de viticulteur, Valérie Murat s’est engagée dans la lutte contre les pesticides après la mort de son père, par un cancer du poumon reconnu comme maladie professionnelle. Elle crée l’association Alerte aux toxiques. En 2020, elle réalise une campagne d’analyse sur 22 bouteilles de vins, issues pour la plupart de domaines bordelais. Elle cible des vins affichant la certification HVE (Haute valeur environnementale) ou se référant à une pratique vertueuse. Les résultats des analyses, publiés en septembre dernier, montrent que toutes les bouteilles contiennent des molécules (sept en moyenne) considérées comme des perturbateurs endocriniens potentiels. Dans onze bouteilles, des traces de substances classées CMR probables (c’est à dire cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques) sont mises en évidence. Neuf bouteilles renferment au moins un des fongicides dits SDHI. ”Ces résultats montrent des écarts importants entre le marketing, les promesses et la réalité des pratiques professionnelles”, commente alors Valérie Murat.

Réponse des ”professionnels” Valérie Murat est poursuivie en justice pour avoir, sur la base d’analyses, accusé des vins certifiés ”haute valeur environnementale” de contenir des molécules toxiques.

Le tribunal donne raison à l’omerta”. Valérie Murat, et la petite association Alerte aux toxiques dont elle est porte-parole, viennent d’être condamnées en première instance ce 25 février 2021 par le tribunal de Libourne pour ”dénigrement collectif à l’égard de la filière” des vins de Bordeaux. Le tribunal leur ordonne de payer 100 000 euros de dommages et intérêts au conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), ainsi que 25 000 euros à d’autres plaignants du monde du vin. Pour son avocat, Eric Morain, contacté par le journal web Basta !, ”le tribunal a ordonné l’exécution sociale de Valérie Murat dans une décision éminemment contestable et orientée”, soulignant que sa cliente ne dispose pas d’une telle somme. ”Le seul droit dont on n’a pas encore privé ma cliente est celui de faire appel, elle le fera sans délai et ira jusqu’au bout. Jamais une procédure bâillon n’aura si bien porté son nom”. (Extraits d’un article de Basta.mag).

Sofia Gatica

   Autre femme exemplaire : Sofía Gatica. Il y a vingt ans, à Ituzaingo Anexo, une banlieue de la ville de Cordoba (à 700 km au nord-ouest de Buenos Aires) nait une petite fille. Mais, victime d’une malformation aux intestins elle décède deux mois plus tard. La cause de sa mort : un empoisonnement par les pesticides. En effet, la localité est entourée de champs de soja traités au glyphosate, le pesticide de Monsanto. La mère du bébé, Sofía Gatica, décide de se battre pour obtenir justice et s'attaque à la multinationale Monsanto (rachetée depuis par Bayer), déclenchant une longue bataille pour l'interdiction du glyphosate en Argentine. Sofía savait que son bébé ne serait ni le premier ni le dernier à être victime des pesticides. Une étude a révélé plus tard que 80 % des enfants du village étaient contaminés.

En 2002 Sofía Gatica crée l’association Mères d’Ituzaingo Anexo. En 2006, la direction de l’environnement de la ville de Cordoba analyse le sang de trente enfants : tous ont des traces de pesticides, vingt-trois d’entre eux au-dessus des normes autorisées. Dans le village, une rue seulement sépare les premières habitations des champs de soja, et l’épandage de pesticides se fait par avion.

Au bout de dix ans, un procureur donne raison aux Mères d’Ituzaingo. De nouvelles analyses de sang confirment la présence d’endosulfan et de glyphosate. Ce dernier élément constitue le principe actif du Roundup, l’herbicide total de  Monsanto/Bayer. Puis, le procureur met en examen des producteurs de soja, le propriétaire de l’avion et le pilote, et interdit l’épandage par avion à moins de 1 500 mètres des habitations.

Mais les Mères d’Ituzaingo font face à la puissante multinationale, Monsanto/Bayer, qui n'abandonne pas facilement. Elles sont à la recherche de soutiens et de financements pour continuer la lutte. Contacter Sum of us.org. >>> Lien.

> Sources : Basta.mag. Condamnée à 125 000 euros pour avoir dénoncé la présence de pesticides dans du vin. >>> Lien.

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